Un parcours noble et hors du commun
Passionné d’histoire, de généalogie, spécialiste de l’héraldique, Thierry d’Asnières de Veigy, 61 ans, est issu d’une famille noble de Savoie ayant vécu au Château des Onges, à Hauteville-sur-Fier, de 1602 à 1911. Il est l’arrière-petit neveu du Chevalier Charles-François d’Asnières de Gantelet, personnage emblématique de l’Albanais qui fut l’un des pionniers du développement touristique en Savoie, à l’origine notamment de l’aménagement des Gorges du Fier inaugurées en 1869, l’un des fondateurs de la section savoisienne du Club Alpin Français créée en 1874 dans les salons du Casino d’Aix-les-Bains et président de la sous-section de Rumilly, également maire de la commune de Hauteville-sur-Fier durant près de 30 ans.
Passionné d’histoire
et d’héraldique
Thierry d’Asnières de Veigy, fondateur de la célèbre enseigne savoyarde «Pizza Pepone», occupe son temps libre, depuis de nombreuses années, à la recherche historique et héraldique de ses terres d’origines ainsi qu’à l’écriture. Il est l’auteur de plusieurs ouvrages et de nombreuses publications dans des revues spécialisées, dans les rubriques «histoire» de bulletins municipaux, ou encore de notices généalogiques sur diverses familles subsistantes de la noblesse de Savoie dans plusieurs volumes de l’oeuvre «Etat de la noblesse française subsistante» d’Alain Galbrun. Sa passion et son enthousiasme l’ont mené à devenir membre de nombreuses Sociétés Savantes de Savoie dont l’Académie Florimontane, l’Académie Salésienne, la Société Savoisienne d’Histoire et d’Archéologie, les Amis du Vieux Chambéry, les Amis du Vieil Annecy ou encore les Amis du Vieux Rumilly et de l’Albanais. Il est également vice-délégué des Ordres Dynastiques de la Maison de Savoie et Officier de l’Ordre des Saints Maurice et Lazare.
Le Comte Amédée de Foras, né à Gênes en 1830 et mort au Château de Thuyset à Thonon-les-Bains en 1899, est l’auteur de la collection d’ouvrages «Armorial et Nobiliaire de l’Ancien Duché de Savoie» en six volumes, une des principales sources de l’Histoire de Savoie, considérée par les spécialistes comme le plus bel armorial d’Europe. Cet ouvrage recense toutes les familles nobles et notables ayant possédé des fiefs en Savoie, leurs armoiries et leurs devises. A sa mort, après la publication du 3ème volume, le Comte Mareschal de Luciane, le Comte de Viry puis le Baron d'Yvoire ont successivement repris son travail de recherche et toute sa documentation rassemblée afin de permettre la publication des derniers volumes.
120 familles subsistantes de la noblesse savoyarde
«Suite à sa mort, aucune mise à jour n’a été faite dans les années et les décennies qui ont suivi. Dans ses 6 volumes, le Comte Amédée de Foras a traité 800 des
1 200 familles du Duché de Savoie (cette liste non exhaustive correspond aux familles que le comte a rencontrées ou découvertes durant ses recherches) et il a renvoyé les 300 autres au supplément, par ordre alphabétique, qui s’est arrêté à la famille Blanchard. Ainsi, de nombreuses familles, n’ont jamais pu être étudiées et aucune actualisation n’a pu être établie. Ayant entrepris d’importantes recherches sur ma propre famille, je me suis lancé dans la continuation de son travail car je trouvais dommage que ce supplément reste incomplet et j’ai choisi de traiter les 120 familles subsistantes» explique Thierry d’Asnières de Veigy, qui a donné naissance en novembre 2020 au premier volume de «Armorial et Nobiliaire de l'ancien Duché de Savoie ou Etat de la Noblesse Savoyarde subsistante» et se consacrera à cinq autres volumes pour un ouvrage complet. Il a décidé de traiter une vingtaine de familles par volume, de façon aléatoire en fonction des informations recueillies. Pour ce premier volume, 3 années de recherches, de travail et d’écriture lui ont été nécessaires.
«Sur ces 300 familles renvoyées au supplément et non traitées, j’ai souhaité me consacrer à celles dont au moins un membre était encore vivant en 1910, c’est-à-dire ayant mis un pied dans le 20ème siècle, en sachant que beaucoup se sont éteints entre 1900 et 1910. Là encore la liste n’est pas exhaustive car je me suis rendu compte, en feuilletant d’autres ouvrages, que parmi les 120 familles subsistantes en 1910, certaines existent encore » précise Thierry d’Asnières de Veigy, qui va devoir mettre à jour des tableaux généalogiques sur plus d’un siècle.
Dans ce premier volume, posé sur un pupitre en bois dans son bureau rempli de centaines d’ouvrages, d’armoiries et de portraits d’ancêtres, il a reconstitué certaines généalogies jusqu’au 17ème siècle et d’autres jusqu’à l’an 1000. Il présente deux types de famille : certaines sont la continuité du travail du Comte Amédée de Foras et d’autres non traitées avant son décès ont été ou devront être entièrement reconstituées.
L’une de celles encore vivante l’a invité dans son château où il a pu photographier toutes les archives familiales. «Ils m’ont complété toute la généalogie depuis la fin du volume du Comte, je n’ai plus qu’à mettre en page car même si je dois effectuer quelques vérifications, j’ai les sources de la famille elle-même et c’est précieux».
«Ce genre d’ouvrage n’est pas uniquement intéressant pour les membres de la noblesse, cela permet aussi de comprendre l’histoire locale car ce sont eux qui l’ont écrite» ajoute-t-il.
Une Histoire de famille
Concernant sa propre histoire, celle de la famille de Gantelet d’Asnières de Veigy», Thierry d’Asnières de Veigy est remonté jusqu’au XVIe siècle, lorsque la Gabelle du sel est introduite en Savoie, en 1560 par Emmanuel-Philibert de Savoie, Duc de Savoie et Prince de Piémont de 1553 à 1580. Ses ancêtres vivaient à Hauteville-sur-Fier, au Château des Onges, vendu en 1911 par la dernière veuve sans enfants de la branche aînée de la famille Gantelet d’Asnières de Veigy («De Gantelet» s’est peu à peu effacé du patronyme quand Anne d’Asnières de Veigy (1620-1702) épouse de Georges de Gantelet, commissaire des Guerres et trésorier du Duc, a demandé que sa descendance porte le même nom qu’elle). Thierry d’Asnières de Veigy et son frère Luc, kinésithérapeute du Prince Albert de Monaco, sont issus de la branche cadette. Le château a ensuite appartenu jusqu’en 1999 au Général Devigny, figure emblématique de la résistance pendant la Seconde Guerre Mondiale, créateur du Bataillon de Joinville et 1er Français à avoir reçu la Légion d’Honneur de cette guerre. Thierry d’Asnières de Veigy aurait voulu le racheter à la mort du Général lorsque sa veuve l’a mis en vente, mais étant en pleine construction d’un restaurant à la Motte-Servolex, il n’en avait alors pas les moyens.
La famille D’Asnières de Veigy a quitté la Savoie en 1760 et s’est installée à Paris de 1761 à 1830. Son ancêtre Claude-Aimée d’Asnières de Veigy, 4e Baron de Veigy, a perdu son père lorsqu’il avait 9 ans en 1790 et a ensuite grandi auprès du second époux de sa mère, le Marquis de Ferrieres de Sauveboeuf. Deux générations ont vécu à Paris, puis deux en Algérie Française dont son arrière-grand-père et son grand-père qui y est né en 1894 et qui est parti au front à 20 ans pendant les quatre ans de la 1ère Guerre Mondiale, puis aux Dardanelles en Turquie. Il rencontre sa future épouse à Marseille, où il se rendait de temps en temps depuis Alger. Père de six enfants, il devient veuf et demande alors à la plus jeune de ses belles-sœurs de venir s’occuper de la famille. Il aura avec elle six enfants de plus (tous n’ont pas survécu), dont son père, né en 1936. Thierry d’Asnières de Veigy né à son tour à Marseille, en 1961, est aujourd’hui père de deux garçons de 35 et 30 ans, issus d’un premier mariage.
En 2014, après huit ans de travail assidu et passionné, à travers diverses recherches, rencontres, acquisitions et découvertes, il publie «Vaubois, Général de Napoléon, Généalogie, Héraldique et Histoire», aux éditions du Gui, ouvrage consacré à Claude-Henri Belgrand de Vaubois, Général de Napoléon que la sœur de son ancêtre Claude Aimée d’Asnières de Veigy a épousé. Catherine Françoise d’Asnières de Veigy, née en 1782, épouse donc celui qui est également Comte de l'Empire, Sénateur Pair de France, Commandeur de la Couronne de fer, Grand Officier de la Légion d'Honneur, Chevalier de Saint Louis et Gouverneur de Malte. D’après une anecdote racontée par Thierry d’Asnières de Veigy, Napoléon aurait rencontré pour la première fois sa seconde épouse, Marie-Louise d’Autriche, devant le château où vivait la sœur de son ancêtre et le Comte de Vaubois.
L’empire à pizzas
Passionné de cuisine depuis ses 5 ans, âge où il avait d’ailleurs demandé une dinette, Thierry d’Asnières de Veigy intègre l’Ecole Hôtelière de Nice. Il y reste durant 3 ans et y rencontre à 16 ans sa première épouse, élève dans la même classe que lui. Il travaille ensuite durant deux années dans divers établissements de renom tels que l’Hôtel de Paris à Monaco, le Negresco à Nice, le Belles Rives à Juan-les-Pins ou encore le Cap d’Antibes. Son épouse étant originaire de Cran Gevrier, cette dernière lui permet de revenir aux sources familiales et de se rapprocher de ses origines. Après avoir exercé plusieurs années dans la gastronomie, le jeune homme alors âgé de 22 ans ouvre, en 1983, un camion à pizzas car aucune banque ne voulait lui prêter de l’argent pour un restaurant. C’est ainsi que les célèbres pizzas Pepone sont nées, au bord de l’avenue de la République à Cran Gevrier. «Je fus le premier à proposer les pizzas à emporter à Annecy. Il y avait deux pizzerias mais il fallait manger sur place. A l’époque, cela se faisait déjà dans le sud mais en Haute-Savoie, il était impossible d’acheter une pizza à emporter». Thierry d’Asnières de Veigy explique avoir marqué les esprits car durant quatre ans, son camion était ouvert tous les jours, à l’exception du soir de Noël et du Nouvel An. Son épouse et lui ont travaillé avec énergie et enthousiasme pour régaler un maximum de personnes. Leurs pizzas se sont rapidement fait connaître sur cet axe principal où 33 000 véhicules circulaient quotidiennement. Le jeune homme ouvre ensuite un premier magasin à emporter, qui remporte également un grand succès. Durant 40 ans, il sera à la tête de divers établissements en Savoie et Haute-Savoie. Ses pizzas sont devenues une institution locale. Depuis un an, il est officiellement à la retraite mais continue d’aller apporter son aide aux équipes, malgré un emploi du temps bien chargé.
Il vit aujourd’hui dans un village de l’Albanais avec sa seconde épouse, et envisage de continuer à se consacrer à l’écriture et à l’Histoire qui a donné naissance à la sienne.