Hydrogène : Atawey prépare sa montée en puissance
Le fabricant de stations de recharge d'hydrogène, basé à Savoie Technolac, fête ses 10 ans. S'il a déjà produit une vingtaine d'installations, il compte en livrer une soixantaine par an à horizon 2025 grâce à la construction d'une nouvelle usine en Savoie et à l'embauche de près de 100 salariés supplémentaires.
Des voitures à hydrogène, on n'en croise pas à tous les coins de rue. Celle de Françoise Cavigioli attire tous les regards en ce vendredi 7 octobre. Atawey, fabricant de stations hydrogène basé à Savoie Technolac, fête ses 10 ans en grande pompe ce jour-là et n'aurait pu trouver meilleure ambassadrice. Sur les quatre véhicules que possèdent les Taxis de Chautagne, deux roulent à l'hydrogène. Françoise Cavigioli ne regrette pas ce choix. Sa Hyundai assure une conduite silencieuse et tout en souplesse qui en fait l'outil idéal pour le transport médical. «Nous roulons environ 400 km par jour et nous cherchions une énergie moins polluante pour réduire notre impact environnemental.»
Intrigués par la Hyundai Nexo en exposition chez un concessionnaire savoyard, Françoise et son époux se lancent dans l'aventure et deviennent les pionniers du taxi hydrogène en Auvergne-Rhône-Alpes. Sur les 80.000€ que coûte la voiture, ils obtiennent 15.000€ de subvention et déboursent 850€ par véhicule et par mois pour s'approvisionner à la station hydrogène de Chambéry. «En général, on met 6 minutes pour faire le plein, qui nous garantit une autonomie d'un peu plus de 700 km», indique Françoise. La chauffeur de taxi réalise un peu moins de kilomètres avec un plein d'hydrogène qu'avec un plein de gasoil mais s'y retrouve tout de même financièrement.
Le premier yacht à propulsion hydrogène alimenté par Atawey
Le gouvernement, et la Région Auvergne-Rhône-Alpes à travers son programme Zero emission valley, poussent à se tourner massivement vers l'hydrogène pour réduire les émissions de CO2 mais ce déploiement n'en est qu'à ses balbutiements. La France compte aujourd'hui 400 véhicules fonctionnant à l'hydrogène et 60 stations de recharge, dont 40% fabriquées par Atawey, l'une des trois sociétés françaises spécialisées dans le créneau.
Fondée en 2012 par Jean-Michel Amaré et Pierre-Jean Bonnefond, Atawey vise d'abord l'alimentation énergétique des sites isolés avant de se tourner vers les mobilités et de vendre sa première station pour vélos hydrogène en 2015.
Atawey a commencé par lancer sa station compacte tout-en-un, qui tient sur une place de parking, pour les vélos d'abord puis les véhicules légers. Pas besoin de génie civil sur ce type de station, simple à mettre en œuvre, qui sert les projets pilotes, souvent conduits par les collectivités ou syndicats d'énergie.
La société conçoit aussi des stations évolutives, de grande capacité, capables de charger des véhicules lourds. Pour l'heure, trois sont en service, à Chambéry, Moûtiers et Evreux «où le premier car rétrofité (véhicule thermique converti à l'hydrogène) au monde vient se recharger», souligne Myriam Foucher, responsable marketing chez Atawey. Deux autres sont en cours de construction.
Vers une industrialisation et une internationalisation
Récemment, Atawey a fait parler d'elle à travers sa station mobile, qui a servi à alimenter le premier yacht à propulsion hydrogène, sur le port de La Ciotat. Cette solution mobile permet un usage temporaire, pour les constructeurs automobiles par exemple, afin de tester leurs véhicules hydrogène, pour les collectivités qui souhaitent expérimenter cette énergie ou dans l'attente d'une station évolutive dont l'installation peut prendre un an et demi. «A terme, elle servira à approvisionner les véhicules de chantier, remplacera les stations fixes en maintenance», ajoute Myriam Foucher.
Pour concevoir ses stations sur mesure, la société travaille autant que faire se peut avec des fournisseurs locaux pour les équipements électriques ou les châssis, et privilégie aussi l'hydrogène vert, produit à partir d'électricité renouvelable, même si la décision finale appartient à l'exploitant.
La filière se structure et les perspectives de l'hydrogène sont immenses car les avantages sont nombreux par rapport à l'alimentation électrique classique : nul besoin de batterie, ce qui fait particulièrement sens pour les véhicules lourds, un temps de charge plus rapide et davantage d'autonomie.
Alors qu'elle comptait à ses début une poignée de collaborateurs, Atawey en emploie aujourd'hui 55 et espère monter à 150 fin 2025, année qui devrait voir la construction d'une nouvelle usine en Savoie, capable d'absorber l'industrialisation, l'internationalisation, bref, la montée en puissance de l'entreprise qui se traduit par la volonté de livrer une soixantaine de stations par an. «Nous ne sommes pas juste fournisseurs. Nous accompagnons nos clients en amont dans cet univers rempli de normes, pour le dimensionnement de leur installation sur mesure, son financement, le montage du projet, et en aval pour son exploitation et sa maintenance. A l'avenir, nous souhaiterions investir dans les projets que nous installons», annonce la responsable marketing.
Marie-France Sarrazin