«La situation s’est fortement dégradée depuis quelques semaines»

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Entre le 1er janvier et le 24 octobre 2022, 38 personnes ont perdu la vie sur les routes de la Haute-Savoie, 13 de plus que l’année dernière à la même période où 25 décès étaient à déplorer, soit une évolution de plus de 50%.  Les principales causes des accidents mortels sont la conduite sous l'emprise de l'alcool et/ou de stupéfiants, la vitesse, l’inattention avec notamment l’usage du téléphone portable au volant ou au guidon et le non respect des règles de priorité.

Le préfet de la Haute-Savoie, Yves Le Breton, a dressé ce bilan alarmant aux côtés du commissaire divisionnaire Alexandre Petit, directeur départemental de la sécurité publique, lors d’un contrôle routier effectué par un dispositif de dix policiers mercredi 26 octobre, boulevard du Fier à Annecy.

Un mort tous les trois jours en août
et septembre

«En matière de sécurité routière, la situation s’est fortement dégradée depuis quelques semaines. Les chiffres d’août et surtout de septembre-octobre ne sont pas bons du tout. Nous sommes à 13 morts de plus que l’année dernière avec un dérapage qui s’est fait sur les deux derniers mois. Nous avons  8 tués en août et 13 en septembre, soit en deux mois une mortalité supérieure à celle déjà constatée depuis le début de l’année, ce qui fait un mort tous les 3 jours» a déploré le préfet, précisant que jusqu’au milieu d’été, la moyenne était à peu près la même que les années précédentes mais que depuis, «On est franchement en train de dériver. Cette situation n’est pas acceptable car derrière chaque accident mortel il y a des drames humains et des familles en deuil».

57% des personnes tuées sont des usagers vulnérables (usagers ne possédant pas de carrosserie ou de protection suffisante pour les protéger en cas de choc) : 35% de deux-roues motorisés, 14% de cyclistes, 5%  de piétons et 3% d’utilisateurs d’engins de déplacements personnel motorisés (EDPM) telles que les trottinettes électriques.

13% des accidentés décédés sont des personnes âgées de plus de 75 ans qui ne représentent pourtant que 7% de la population haut-savoyarde.

Parmi les 38 tués depuis le début de l’année, on compte 16 automobilistes, 10 motards,  5 cyclistes, 3 cyclomotoristes, 2 piétons, 1 chauffeur de poids-lourd  et 1 conducteur de trottinette électrique.

Des contrôles routiers renforcés

Face à ces chiffres inquiétants, et à la veille d’un week-end prolongé, les contrôles de police et de gendarmerie ont été renforcés et continueront de l’être dans le département aussi bien sur les grands axes que sur les axes secondaires. Une campagne de sensibilisation et de prévention vient également d’être lancée par la coordination sécurité routière de la préfecture, afin d’interpeller les usagers de la route sur leurs comportements face aux conduites sous l’emprise de substances psychoactives. Le slogan «Au volant, cannabis ou alcool, votre permis s’envole»  sera diffusé sur les ondes radio jusqu’au 13 novembre.

Depuis le début de l’année, les forces de l’ordre contrôlent quotidiennement plus de 7 personnes sous l’emprise de l’alcool et plus de 7 personnes sous l’emprise de stupéfiants.

Sur 350 contrôles effectués chaque jour en Haute-Savoie, entre 30 et 35 infractions ont été relevées.

Une faute d’inattention peut être mortelle

«Nous allons poursuivre les efforts de communication, sur les questions d’alcool et de stupéfiants et sur le sujet des usagers vulnérables, avec notamment le développement de la pratique du vélo et des trottinettes électriques, et les efforts de contrôles car depuis sa création il y a 50 ans,  la politique de sécurité routière a porté ses fruits» a insisté le préfet, rappelant la nécessité d’une vigilance permanente des conducteurs, «une faute d’inattention, dont notamment l’utilisation  du téléphone, peut être un accident de carrosserie pour les automobilistes mais un accident mortel pour les cyclomotoristes, les cyclistes, les piétons ou encore les trottinettes». Les usagers de la route, quels qu’ils soient, doivent respecter les règles pour leur propre sécurité et celle de leurs concitoyens.

Le commissaire divisionnaire Alexandre Petit a également souligné un phénomène grandissant : les refus d’obtempérer. «Nous avons régulièrement des fonctionnaires de police qui sont blessés. Très récemment, un policier a été blessé dans le secteur d’Annemasse, où il a été traîné par un véhicule. Ces comportements dangereux sont inacceptables et mènent systématiquement à un placement en garde à vue et à des sanctions judiciaires relativement fermes».

Un appel à la vigilance est lancé pour tous les usagers de la route et particulièrement les usagers vulnérables, surtout avec le récent changement d’heure et l’extinction de l’éclairage public dans certaines zones urbaines et rurales. Des contrôles auprès des cyclistes sont régulièrement effectués et vont être renforcés, avec entre autres la mise en place d’une opération de prévention pour rappeler les principales règles à respecter en matière de circulation à deux roues et les équipements nécessaires à porter dont le gilet haute-visibilité par ailleurs obligatoire hors agglomération et qui permet aux automobilistes de voir un usager vulnérable à 30 mètres, sachant qu’il faut 26 mètres à une voiture pour s’arrêter lorsqu’elle roule à 50km.

Les effets positifs
de la sécurité routière
en 50 ans

Malgré une tendance de mortalité à la hausse ces deux derniers mois dans le département, le pays célèbre cette année les 50 ans de la sécurité routière et ses effets positifs. En 1972, face au fléau du nombre de tués sur les routes (18 034 décès au niveau national, contre 3400 en moyenne ces dernières années), le Comité interministériel de la sécurité routière (CISR) est créé. Plusieurs mesures sont ensuite mises en place :

le port de la ceinture obligatoire à l’avant hors agglomération et le port du casque obligatoire pour les vélomoteurs hors en agglomération dès 1973, ce qui sauvera des milliers de vies, le port du casque obligatoire en agglomération dès 1975, avec 4000 morts de moins qu’en 1972. En 1979, le port de la ceinture devient obligatoire à l’avant sur l’ensemble du réseau routier. En 1983 (12 726 décès), conduire avec plus de 0,8 g/l dans le sang devient un délit. Dès 1986, en cas d’ivresse au volant, le retrait du permis devient immédiat. En 1990 (11 215 décès), la limitation de vitesse passe de 60 km/h à 50 km/h en agglomération. En 1991, le port de la ceinture devient obligatoire à l’arrière des véhicules. Avec un nombre de décès passé sous le seuil des 10 000 en 1992, le permis à points est instauré pour renforcer la vigilance des conducteurs et la limite d’alcool dans le sang est abaissée à 0,5g/l. En 2003, plus d’un Français sur deux possède un téléphone portable dont l’usage devient interdit au volant et les premiers radars automatiques sont déployés au bord des routes (6058 décès). Le premier radar feu rouge est installé en 2009 (4273 décès), on en compte aujourd’hui plus de 700. En 2016 (3477 décès), les forces de l’ordre sont autorisées à effectuer un dépistage de stupéfiants au volant à tout moment. En 2019 (3244 décès), les trottinettes électriques font leur apparition dans le code de la route.

Selon le préfet, l’expression «La route tue» est à bannir du vocabulaire : «Non la route ne tue pas, ce sont les conducteurs qui peuvent tuer d’autres conducteurs ou se tuer eux-mêmes».

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