Les bus à Rumilly, c’est pour quand ?

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Il y a quelques mois, l’affaire avait fait grand bruit ! Une grande partie des entrepreneurs du territoire s’étaient élevés avec véhémence contre le projet de la Communauté de Communes Rumilly Terre de Savoie de prélever sur la masse salariale une taxe, le versement transport, afin de financer un service de transport public urbain sur la ville de Rumilly. 
Après bien des rebondissements, les déclarations péremptoires de certains, un compromis a été trouvé, même avec beaucoup de réticences, passant le taux de cette taxe de 0,45% à 0,35% de la masse salariale.
Depuis, silence radio tant du côté des chefs d’entreprises que de celui des élus de la Communauté de communes. «On est là pour travailler !», justifie Roland Lombard, vice-président de la communauté de communes en charge des transports, qui annonce cette semaine,  avec fermeté : «En mai, les bus circuleront !».

Maîtriser les déplacements
Avant de faire le point sur l’avancement du projet, petit retour en arrière pour situer les objectifs recherchés et placer le futur réseau de transport public urbain à Rumilly dans un contexte plus large, «un vaste plan qui est loin d’être achevé».
Le dossier a été engagé en 2013 avec la réalisation d’un Schéma directeur des déplacements par les services de la Communauté de communes Rumilly Terre de Savoie (alors encore Communauté de communes du canton de Rumilly). 
Un schéma dont l’ambition va plus loin qu’un seul réseau de bus, mais veut prendre en compte tous les modes de déplacement sur le territoire, et en lien avec les voisins.
«La mobilité est un des grands défis que l’on doit relever», commente Pierre Blanc, président de la communauté de communes. «On commence à avoir des problèmes pour se déplacer, qu’il est urgent de maîtriser. Il va falloir changer de modèle. Mais en attendant, il faut faire en sorte que chacun puisse se déplacer, en sachant qu’il n’existe pas de réponse unique».
Cinq minibus
«Ils sont commandés !», annonce Alexandre Laymand, responsable du Pôle Transport et déplacements de la communauté de communes. 
Cinq minibus seront livrés en avril prochain, par la Société Dietrich, une entreprise installée en Alsace. Des «City 27» carrossés sur des châssis Mercédès. 
Ils desserviront les points d’arrêt des trois circuits (deux fixes et un «à la demande») qui permettront de relier les principaux sites rumilliens. 
De la base de loisirs à l’hôpital en passant, entre autres, par la Fuly, la gare, le Pont Neuf, les Cimes. De Martenex aux Grumillons par le centre ville. De la route de Cessens à celle de Massingy, toujours par le centre (circuit «à la demande»). 
En tout 75 points d’arrêt seront équipés de «totems» : une consultation a été engagée pour la fourniture et la pose. 
Pour l’exploitation du réseau, c’est-à-dire la conduite des bus, l’entretien, la billetterie, etc., un contrat est en cours d’élaboration avec la Sibra (Société intercommunale des bus de la région annécienne), une société publique locale dont la collectivité est actionnaire depuis 2015. 
Un contrat qui exclut toute incorporation, tout «engloutissement» du service rumillien dans l’organisation du Grand Annecy.
Pour faire fonctionner tout cela, accueillir le personnel (neuf conducteurs-receveurs et un agent de maîtrise) et les véhicules, et entretenir le matériel, les locaux de ce qui est devenu le centre technique intercommunal de Broise (à la place des locaux de l’ex-SITOA) sont en cours d’aménagement. 
Sur le plan technique, le travail est engagé avec la Sibra, en particulier pour l’embauche des conducteurs, la mise en place des lignes et la création d’un site internet dédié, la réalisation de documents d’information, etc. Plus divers travaux spécifiques pour permettre le passage des bus.

Combien ça coûte ?
Evidemment, même si personne ne conteste l’utilité de ce futur réseau de bus à Rumilly, la question du coût financier est sur toutes les lèvres. Dont celles des patrons des entreprises du territoire, contraints d’accepter le versement transport (qui devrait bientôt se nommer versement mobilité). Alors combien ?
L’investissement total représente pour la Communauté de communes Rumilly Terre de Savoie un budget de 784 000 €. 
Sur cette somme, l’Etat apporte une subvention de 256 950 €, le dossier ayant été retenu par l’Etat dans l’appel à projets «Dotation de soutien à l’investissement public local». Et le département de la Haute-Savoie apporte sa participation à hauteur de 26 790 € au titre du «fond départemental pour le développement des territoires».
Les coûts de fonctionnement sont encore difficiles à établir avec précision, dans la mesure où certains éléments sont difficiles à chiffrer, le taux de remplissage par exemple. Au démarrage du projet, ils étaient estimés à environ 870 000 € par an, dont 20% seraient supportés par la collectivité sur son budget général.
Maintenant, c’est sûr, les bus vont circuler en mai 2019 à Rumilly. Une certitude qui vient après la mobilisation et l’adhésion, en-dehors de toute contestation, de l’ensemble des partenaires. 
«C’est un défi important avec un coût très élevé», commente Pierre Blanc qui veut privilégier un travail de fond sur le changement de fonctionnement dans nos déplacements quotidiens à de coûteux travaux d’infrastructures plutôt préjudiciables à l’environnement.
Et, au fait, comment s’appellera ce nouveau réseau de bus de Rumilly ? Silence des élus et responsables des services. Le nom ne sera dévoilé qu’au dernier moment… 

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