Un recours retarde le début des travaux des anciens thermes
A mi-mandat, le maire d'Aix-les-Bains, Renaud Beretti, fait le point sur ses projets pour la ville avec L'Hebdo des Savoie. Le plus gros chantier de ces prochaines années sera sans conteste la transformation des anciens thermes sur la partie Pétriaux d'une part et Pellegrini d'autre part.
Le 25 août dernier, en signant le permis de construire du projet de reconversion des anciens thermes, porté par la SCCV du Sillon Alpin (détenue par Bouygues immobilier et SAS Développement), le maire d'Aix-les-Bains, Renaud Beretti, mettait fin à une phase administrative ayant duré plus de 10 ans ! A vrai dire, cela ne signe pas le début immédiat des travaux dans la mesure où le permis fait l'objet d'un recours.
Pour rappel, l'opération immobilière visée sur la partie Pétriaux mêlera logements (219 dont 55 sociaux), commerces/services et stationnement, sur 30 000 m² de surface plancher. Elle prendra la forme d'une forêt verticale à travers l'édification de deux hauts immeubles séparés par une place, imaginée par le cabinet d'architecture Vincent Callebaut.
Un recours sur le percement du parking
Si le stationnement des futurs résidents ne pose aucun problème, puisqu'il sera construit sous les anciens thermes excavés dans les années 1930, il n'en va pas de même pour celui des usagers des commerces et bureaux prévu comme une extension de 125 places du parking de l'hôtel de ville. Le recours porte précisément sur le percement de ce parking pouvant potentiellement altérer la circulation des eaux thermales. Toutes les expertises concluent à un risque faible, mais toujours possible, et pour le minimiser, le maire avait obtenu de le réaliser sur un seul niveau et non deux, «le deuxième niveau arrivant sur la partie des calcaires urgoniens, les plus sensibles par rapport à l'activité thermale».
Il s'agit maintenant de trouver des garanties sur le percement de ce parking sans dégât. «La grande crainte de certains hydrologues, c'est qu'il y ait un conduit ou un siphon karstique à ce niveau-là. S'il était endommagé, ça pourrait potentiellement altérer le débit du forage.»
«Inscrire la ville dans le XXIe siècle»
Sans ce recours, les travaux auraient commencé début 2024 par la déconstruction de la tour Mabileau, de la marquise, et de tous les éléments de jonction entre les thermes Pétriaux et Pellegrini, sous la vigilance de l'Architecte des bâtiments de France et de la direction des Monuments historiques. Le recours étant suspensif, ne reste qu'à attendre qu'une solution soit trouvée. Et cela pourrait prendre jusqu'à deux ans... «On peut imaginer qu'avant 2026, cette première phase de travaux soit effective», annonce M. Beretti.
L'élu défend ce projet qui est une «façon d'inscrire la ville dans le XXIe siècle grâce à une démarche environnementaliste conçue par un architecte de renom». Il rappelle que la Ville n'aurait pas pu assumer la transformation de cette friche en plein coeur de ville dont le coût, avant les multiples crises, était estimé à 100 M€. Et ajoute qu'il s'agit avant tout de « sauvegarder neuf séquences architecturales : thermes romains, bains privés de L'Aga Khan, éléments Art déco et néo classiques...»
Un réaménagement des places alentour
De son côté, la Ville a déboursé 3,9 M€ pour le déplombage et le désamiantage du lieu et a dû reloger tous les occupants. Un vrai jeu de chaises musicales qui a nécessité d'autres investissements. «Tout cela a été fait dans les délais impartis et en pleine crise sanitaire, faute de quoi nous aurions dû payer des pénalités à hauteur de 3 M€. N'oublions pas que nous économisons annuellement 500 000 € de charges en n'occupant plus l'endroit.»
En parallèle de ce chantier pharaonique, la Ville lance un concours architectural pour réaménager les places Carnot, du Revard et Maurice-Mollard en vue de les relier par un cheminement, d'apporter des îlots de fraîcheur, tout en respectant le caractère patrimonial des lieux. Un cabinet a été mandaté pour travailler sur la circulation, pendant et après travaux, alors «qu'elle augmente chaque année de 1,4%».
Travaux fin 2024 pour les thermes Pellegrini
Un chantier en cache un autre. La Ville est propriétaire de la partie la plus patrimoniale du site, à savoir les thermes Pellegrini, lieu d'accueil des curistes très fortunés au XIXe siècle, qui recèle des marbres d'Italie, des mosaïques, des céramiques, des piscines. «C'est aussi le patrimoine le plus fragile car l'eau continue de sortir de terre.» Cette partie deviendra un lieu culturel et patrimonial abritant une médiathèque (l'actuelle bibliothèque sera vraisemblablement vendue), un Centre d'interprétation de l'architecture et du patrimoine (Ciap), indispensable au maintien du label Ville d'art et d'histoire, et un lieu d'exposition.
Après avoir opéré des travaux de secours visant à combler les fuites, la Ville a lancé un marché de maîtrise d'oeuvre pour la mise hors d'air hors d'eau, consistant en la reprise des huisseries et du toit, restitué comme il l'était au XIXe siècle, en supprimant la toiture terrasse et en reconstituant une charpente classique en bois et en ardoise. Les premiers travaux commenceront fin 2024 et la création des espaces dans la foulée.