Les chiffres de la sécurité en 2023

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Récemment, s'est tenue en Préfecture de la Haute- Savoie une conférence de presse présentant les résultats du département en matière de chiffres relatifs à la sécurité publique pour l'année 2023. Comme précisé, ces chiffres concernant le département de la Haute-Savoie découlent de données nationales publiées mensuellement et consultables librement sur le site Internet du ministère de l'Intérieur : <https://www.interieur. gouv.fr/Interstats>. Ils incluent l'ensemble des faits commis dans le département, indépendamment du service de police qui les aurait enregistrés, en Haute-Savoie ou ailleurs.

Sécurité publique

D'une manière générale, les atteintes volontaires à l'intégrité physique (AVIP) commises dans le département ont augmenté de 9%. 7 800 actions malveillantes ont été relevées contre 7 154 en 2022. Cette progression s'explique essentiellement par la nette majoration du nombre d'actes rattachés aux violences physiques non crapuleuses (+11,3%).

Parallèlement, les atteintes aux biens ont également connu une hausse (+6,2%). Toutefois, plusieurs postes font exception et présentent des évolutions favorables. Exemples : les cambriolages de logements ont grimpé jusqu'à 3 140 cas (+14% entre 2022 et 2023) ; les vols liés aux véhicules à moteur, incluant les vols d'accessoires sur véhicules, ont atteint le nombre de 513 (-38,30% supplémentaires entre 2022 et 2023).

Force est de souligner l'engagement et la persévérance des services, compte tenu de la forte augmentation des taux de résolution des affaires par les polices et les gendarmeries : atteinte aux biens +13,3% par rapport à 2022 ; atteinte volontaire à l'intégrité physique +4,2 % par rapport à 2022.

Focus sur la lutte contre le trafic de stupéfiants

En ce qui concerne la lutte anti-stupéfiants, le rôle crucial de toutes les équipes demeure primordial. Dans la zone de police, le nombre d'interpellations relatives au trafic de stupéfiants a augmenté de 10%. De superbes opérations ont été réalisées, tout comme une stratégie de harcèlement ayant mis fin à certaines activités de revente dans des points de deal, notamment à Annecy. Concernant le trafic de stupéfiants, deux catégories de marché doivent être distinguées : le cannabis, piloté par des trafiquants traditionnels originaires du département ou de la région ; et la cocaïne et l'héroïne, dominées par des groupes criminels organisés provenant de l’étranger.

Notez qu'en 2023, le département de la Haute-Savoie a enregistré deux tentatives d'homicide et deux enlèvements, séquestrations, associés à des trafics de stupéfiants basés à Annemasse et ses environs.

La gendarmerie a observé une diminution de la majorité de ses indicateurs en 2023 comparativement à 2022, néanmoins elle maintient une grande implication dans la lutte contre le trafic de stupéfiants en privilégiant trois axes majeurs : la collecte de renseignements criminels, le contrôle des mouvements et la saisie des avoirs criminels. Quant à la douane, elle a saisi 229 kg de substances illicites dont 111,8kg d'herbe de cannabis, 37,4kg de résine de cannabis, 19,3kg de cocaïne, 15,8kg d'héroïne et 2 974 pilules d'ecstasy. De même, en février 2023, 100kg de produits de coupe ont été saisis chez un ressortissant albanais lors d'un contrôle routier. Ces produits (paracétamol et caféine) devaient être mélangés à de l'héroïne pour accroître le volume et en simplifier la consommation par les toxicomanes.

Focus sur les saisies d'armes de poing

Lorsqu'un danger sérieux guette le propriétaire d'une arme à feu ou toute autre personne, et suite à une analyse de cette menace potentielle ainsi qu'une estimation de l'imminence du danger, le représentant de l'État au sein du département peut demander à une personne de lui remettre spontanément les armes dont elle dispose. À défaut de coopération, le préfet sollicite les forces de l'ordre pour procéder à la saisie des armes au domicile de ladite personne. Une autorisation du juge des libertés et de la détention est exigée au préalable, conformément à l'article L.312-8 du Code de la sécurité intérieure. En parallèle, le procureur de la République est alerté quant à la situation. Différents scénarios peuvent déclencher la mise en oeuvre de procédures de remise ou de saisie administrative d'armes :

• Situations extrajudiciaires : vulnérabilité psychologique du détenteur (signaux alarmants, tendances suicidaires) ;

• Situations infrajudiciaires : litiges de voisinage ;

• Situations judiciarisées : violences familiales, auquel cas une procédure de saisie judiciaire des armes peut être initiée simultanément.

Les saisies d'armes possédées illégalement augmentent également dans le département : Durant la période allant du 1er janvier au 31 décembre, leur nombre n'a cessé d'augmenter, marquant une hausse de 86% comparativement à l'année 2022, en zone police. Du côté de la gendarmerie, les saisies d'armes à feu ont également bondi de manière spectaculaire, avec 213 saisies en 2023 contre 108 en 2022, soit une augmentation de +97,2%. Les saisies d'armes de poing sont également en recrudescence (61 en 2023 ; 45 en 2022 et 43 en 2021).

Focus sur la gestion des installations illicites de gens du voyage

En 2023, M. le préfet a émis 67 arrêtés enjoignant aux occupants de quitter les lieux parmi les 97 installations illicites répertoriées.

Les installations illégales qui n'ont pas donné lieu à un arrêté prescrivant de libérer les lieux relèvent de l'une des deux raisons suivantes :

• Départ anticipé du groupe avant l'émission de l'arrêté préfectoral ;

• Installation illicite située dans une municipalité comptant plus de 5 000 habitants, ne disposant pas d'équipements adaptés à l'accueil des gens du voyage et dont l'EPCI n'est pas aligné sur le schéma départemental d'accueil des gens du voyage.

Des expulsions massives ont été effectuées, certaines aboutissant à la saisie de caravanes ou de véhicules. Dans la zone de police, une opération a été menée le 27 décembre 2023 à Étrembières, impliquant 3 gendarmes, la police cantonale suisse ainsi qu'une unité de CR

La lutte contre les violences faites aux femmes

Le rapport a mis en évidence plusieurs indicateurs clés dans la lutte contre les violences faites aux femmes, principalement dans le domaine des violences conjugales. Dans la zone couverte par la Police Nationale, on déplore 601 femmes victimes de telles violences (sur 696 incidents déclarés), ce qui correspond à un taux de 86,35%. Bonne nouvelle toutefois, puisque ce type de violence a enregistré une diminution de 1,14% par rapport à l'année 2022.

Du côté de la Gendarmerie Nationale, le bilan fait état de 1031 femmes victimes de violences conjugales (sur 1 265 faits), soit un taux de 81,50%. Cette zone a connu une hausse significative des violences conjugales, avec une augmentation de 22,10% par rapport à l'année précédente.

Ces efforts concertés visant à protéger les femmes des violences conjugales se sont illustrés par l'intervention de quatre professionnels spécialisés - les ISPG (Intervenants Sociaux Police et Gendarmerie) – qui ont pris en charge un total de 1 437 dossiers de violences conjugales. Parmi eux, Annemasse enregistre le nombre le plus élevé de dossiers avec 486 cas, suivi de près par Annecy (419), Vallée de l'Arve (305) et le Chablais (227).

Il convient aussi de mentionner la mise en place de mesures supplémentaires destinées à assurer la protection des victimes. Ainsi, douze bracelets anti-rapprochement ont été fixés sur des auteurs de violences conjugales ayant fait l'objet de condamnations, tandis que 113 téléphones «Grave Danger» ont été fournis aux victimes, contre 106 en 2023.

Face à ces chiffres, il apparaît essentiel de poursuivre les efforts pour endiguer ce fléau sociétal, en développant davantage de stratégies novatrices et en intensifiant le soutien aux organismes chargés de venir en aide aux victimes de violences conjugales.

La sécurité routière

Dans le département de la Haute-Savoie, l'année 2023 a enregistré une baisse de 14% en matière de mortalité routière par rapport à 2021, ramenant le bilan à 38 décès, similaire aux niveaux observés en 2013 et 2015. Au cours d'une moyenne mensuelle, ce phénomène se traduit par 44 accidents corporels, entraînant 3 décès et 55 blessés.

Parmi les différentes tranches d'âge impactées, on note une surreprésentation des jeunes adultes de 18 à 24 ans ainsi que des seniors de 75 ans et plus, qui comptabilisent respectivement 16% (6 tués) et 16% (6 tués) des décès routiers, alors qu'ils ne représentent que 15% de la population locale.

Une analyse approfondie des données révèle plusieurs tendances notables relatives aux accidents mortels. Le premier constat concerne une nette augmentation de 15% des tués en milieu urbain par rapport à 2022. Pour la première fois, le nombre de décès en agglomération et hors agglomération (hors autoroutes) atteint un équilibre, rompant ainsi avec le schéma antérieur qui reflétait un ratio de 1 pour 3.

Un autre aspect saillant réside dans l'évolution de la mortalité selon le mode de transport. On relève ainsi une hausse significative de 58% (22 tués) des décès chez les automobilistes en 2023, comparativement à 43% (19 tués) en 2022. À contrario, la mortalité liée aux deux roues, qu'ils soient motorisés ou non, affiche une baisse de 24% en 2023 versus 34% en 2022. Seuls 3% (1 cycliste tué) et 21% (8 motards tués) des décès sont imputables à ces catégories de véhicules, contre respectivement 11% et 23% en 2022.

Quant aux principales causes d'accidents mortels cumulées, celles-ci demeurent inchangées, avec une vitesse excessive ou inappropriée responsable de 42% des cas (vs 31% en 2022) et la conduite sous l'influence de l'alcool et/ou de stupéfiants impliquée dans 27% des accidents (alcool, 18%; drogue, 9%), contre 46% en 2022.

Le profil de la mortalité routière en Haute-Savoie présente donc certains aspects spécifiques, comme une surmortalité persistante chez les jeunes adultes et les personnes âgées, une augmentation sensible des tués en ville, une modification de la répartition des décès selon le type de véhicule utilisé et une stabilité relative des principales raisons ayant engendré ces drames. Ces éléments permettront de guider les politiques locales et nationales en matière de sécurité routière vers des actions ciblées et adaptées aux réalités territoriales.

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