Sabrina Jans ou l’artisanat d’art sous toutes ses coutures

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Le concours «101 femmes de Matignon», organisé par le ministère chargé de l’Égalité entre les femmes et les hommes et de la Lutte contre les discriminations, vise à mettre en lumière une femme entrepreneure par département français. Les lauréates 2024 ont été reçues à l’Hôtel de Matignon, à l’occasion de la Journée internationale des droits des femmes le vendredi 8 mars. Parmi ces ambassadrices de l’entreprenariat au féminin, Sabrina Jans, 42 ans, originaire d’Annecy et résidant à Rumilly, a eu l’honneur de représenter la Haute- Savoie lors de la cérémonie nationale. Cette couturière de métier et artisan d’art dans l’âme, a choisi de renforcer son savoir-faire en se formant à l’ébénisterie et à la tapisserie avec pour projet d’ouvrir son magasin de tapissier d’ameublement.

«J’ai toujours été très manuelle et très créative»

L’artisanat est une histoire de famille pour Sabrina. Elle se souvient avec tendresse de sa grand-mère paternelle qui, en plus d’être mère au foyer, était couturière et de son grand-père maternel qui était ébéniste autodidacte «par passion du bois». Lorsqu’elle était au collège, Sabrina avait trois métiers en tête : couturière, ébéniste ou fleuriste, et c’est finalement vers la couture qu’elle s’est tournée. «J’ai toujours été très manuelle et très créative». Après un BEP, un Bac pro artisanat et métiers d’art, puis une licence professionnelle conception, création et développement de produits textiles et dérivés, elle a travaillé dans le domaine du textile en intégrant l’entreprise Salomon (célèbre marque spécialisée dans les articles de sports et de loisirs) où elle a évolué à travers différents postes (modéliste, recherche de concept de vêtements, conception et développement de produits pour la protection dorsale, patronnier…).

«Me consacrer à ce que j’ai toujours voulu faire : allier le textile et le bois»

En 2020, au moment de la crise Covid, après avoir entre autres accumulé surcharge puis sous-charge de travail, Sabrina s’est sentie vaciller et a fait un burn out qui l’a poussée à quitter l’entreprise pour laquelle elle travaillait depuis de nombreuses années. Ce fut une période difficile mais qui lui a permis de se recentrer sur le sens de la vie, sa vision du travail et de son rapport à l’environnement professionnel. «Un burn out peut être un tremplin pour rebondir et nous permettre de nous tourner vers un renouveau, en accord avec nos valeurs et nos envies». Véritable passionnée de couture et d’ébénisterie, Sabrina s’est lancée dans une reconversion «qui n’en est pas vraiment une. Je dirais plutôt que c’est un complément pour pouvoir me consacrer à ce que j’ai toujours voulu faire et que je fais aujourd’hui : allier le textile et le bois». Dans ses créations de meubles, Sabrina intègre systématiquement une touche de tissu, avec une apparition parfois discrète, parfois bien visible, parfois cachée d’un élément textile. «C’est ma touche personnelle, ma marque de fabrique».

«Un métier «trois en un» : tapissier, ébéniste et couturière»

C’est donc cet amour du textile et du bois qui l’ont poussée vers le métier de tapissier d’ameublement qui permet d’être au contact de ces deux matériaux. L’entrepreneure prend plaisir à dire que dans son magasin, elle fera «un métier «trois en un» : tapissier, ébéniste et couturière, qui sont complémentaires». Après une formation d’ébéniste à Estampille formation à Vallières-sur-Fier, «qui a été une véritable révélation», elle s’est formée à la tapisserie à travers des stages et se forme chaque jour avec différentes créations auxquelles elle donne naissance depuis son domicile à Rumilly (petit meuble, chaise, fauteuil, repose-pied…). «J’apprends toute seule, avec des cours que j’ai récupérés, et je me suis inscrite en candidat libre au CAP tapissier d’ameublement en siège en juin prochain. Je ne suis pas obligée de l’avoir mais j’avais envie de me mettre un but car j’aime les challenges».

Fuyant la routine, Sabrina aime par-dessus tout la recherche et la créativité qui sont ses moteurs. «Ma reconversion va me permettre de toucher à tout. J’ai soif d’apprendre et de réapprendre». Sabrina aime aussi le contact avec les gens et se réjouit à l’idée de les aider à concrétiser un projet de rénovation ou de transformation : «parfois certains viennent avec un meuble de famille auquel ils sont attachés et qu’ils veulent garder, chez eux, en lui donnant une seconde vie, en le faisant revivre mais sans idée précise ni sans se projeter vraiment». Habillage et restauration de meubles, conception de pièces d’ameublement, décoration intérieure… Sabrina se lance donc dans une nouvelle aventure, tout en poésie, en totale adéquation avec ses envies et ses valeurs, avec la reprise d’un local situé rue d’Aléry à Annecy (son magasin s’appellera «L’étoffe du confident», comme un clin d’oeil, là aussi, aux textiles et aux meubles) où elle travaillera dans les règles de l’art et pourra s’épanouir dans son métier-passion.

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Sabrina Jans à Matignon, derrière Olivia Grégoire et Gabriel Attal. (©Damien Carles)

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