Face à la raréfaction de la ressource en eau, le Cisalb n’est pas resté les bras croisés

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Entre 2016 et 2023, le Comité intercommunautaire pour l'assainissement du lac du Bourget a piloté le Plan de gestion de la ressource en eau, une série d'actions (25 M€) pour protéger l'eau, mobiliser d'autres ressources et restaurer les équilibres naturels.

+ 2,4° dans les Alpes du Nord, + 50% de nombre de jours où la température est supérieure à 30°, - 40% de pluie efficace apte à recharger les nappes et – 30% d'eau venant alimenter les rivières. «La hausse des températures observée depuis plus de 50 ans perturbe le régime des précipitations et le cycle de l'eau. Il y a 10 ans, nous n'en étions pas forcément conscients. 2022 a été marquée par une forte sécheresse. Est arrivée la question du partage de l'eau et de la manière dont nous nous mettons en ordre de marche. Depuis 2016, le Cisalb porte le premier plan de gestion de la ressource en eau (PGRE) de Savoie. Un travail collectif pour jouer sur la sobriété, la sécurisation de la ressource, les débits réservés», introduit Marie-Claire Barbier, présidente du Cisalb.

Lundi 8 avril, il s'agissait de dresser le bilan de 8 ans d'actions menées dans le cadre du PGRE, entre 2016 et 2023, portées par les communes, intercommunalités, agriculteurs, entreprises et associations, et pilotées par le Cisalb. Soit 25 M€ d'investissements, avec le soutien financier de l'Agence de l'eau.

470 fuites réparées chaque année sur le réseau

«Sur les 16 millions de m3 d'eau que nous prélevons chaque année dans le bassin versant du lac du Bourget, 5,5 millions de m3 proviennent des sources dont la ressource va inéluctablement baisser, 9 millions de m3 des nappes dont on étudie la fiabilité à long terme et 1,7 million de m3 du lac pour lequel nous sommes moins inquiets», relate Renaud Jalinoux, directeur du Cisalb.

Moins d'eau dans l'ensemble du système génère de multiples problèmes en matière de biodiversité, de stockage du carbone, de régulation des températures, d'épuration des eaux et d'amortissement des crues et sécheresses.

Le PGRE consiste à la fois à restaurer les équilibres naturels, protéger l'eau et mobiliser d'autres ressources. Six grandes mesures ont été entreprises dans ce cadre. A commencer par la lutte contre les fuites : Grand Chambéry et Grand Lac en réparent 470 chaque année sur leur réseau, soit 2 millions de m3 non gaspillés annuellement.

Sur le périmètre couvert par le Cisalb, 13 sources bénéficient de débits réservés, ce qui nécessite d'aller puiser l'eau ailleurs. Pour ce faire, l'alimentation en eau potable est sécurisée en prélevant l'eau dans le lac du Bourget et dans la nappe de Chambéry, ce qui représente 1,5 million de m3 pris en substitution et 12 M€ de travaux.

31% de consommation d'eau en moins chez les Sirops Routin

Le Cisalb a accompagné les agriculteurs dans leur sobriété et dans le stockage des eaux de pluie, en suivant un projet collectif et sept projets individuels, représentant 2 620 m3 d'eau économisés et 32 020 m3 substitués chaque année pour 1,6 M€ d'investissement. Depuis 2016, le Gaec de Grand Maison, à La Motte-Servolex, a développé tout un réseau pour alimenter ses parcelles d'arbres fruitiers, installé deux citernes, une station de pompage, une station météo et des sondes tensiométriques pour mesurer l'humidité du sol. Le tout pour 85 000€. «Nous aimerions tendre vers davantage de programmation car tout cela est lourd à gérer», admet l'agriculteur, Michel Sulpice.

Les entreprises aussi font leur part. Le service des eaux a soutenu trois projets de stockage des eaux pluviales et de changement de process. Sans compter les autres menés indépendamment qui n'ont pas pu bénéficier de subventions. «Beaucoup de projets sont sortis des radars. Sur Grand Chambéry, entre 2017 et 2023, 1,2 M€ ont été investis et 209 000 m3 économisés. Il faut un accompagnement plus fin», admet Florent Bérard, chargé de mission ressource en eau au Cisalb. A La Motte-Servolex, les Sirops Routin ont entièrement révisé leur process et économisé 31% de consommation d'eau entre 2017 et 2023. «70% de l'eau part dans le nettoyage de nos équipements et produire 1 litre de sirop nécessite 2 litres d'eau», indique Marine Temporal, directrice R&D, qualité et RSE. L'entreprise a donc changé les équipements de production (- 6 000 m3), optimisé ses nettoyages (- 3 000 m3) et les enchaînements de production des sirops (- 2 000 m3) et sensibilisé ses collaborateurs (- 1 000 m3).

La désimperméabilisation des sols est aussi fortement encouragée par le plan : 15,8 ha (l'équivalent de 16 terrains de rugby) ont été rendus perméables pour 5,74 M€ : 9 cours d'école, 1 écoquartier, 1 complexe sportif, 1 centre hospitalier, 3 parkings et 4 entreprises.

Un deuxième plan validé fin 2025

Enfin, 35 communes se sont engagées dans la démarche «Eau, climat, on agit !» Le Bourget-du-Lac s'illustre en la matière : mise en circuit fermé des fontaines, fiches de suivi pour les compteurs les plus consommateurs, étude pour la mise en place de systèmes hydroéconomes au camping municipal, suppression progressive des jardinières pour privilégier les plantations en pleine terre, sensibilisation des élèves, formation de la police municipale au contrôle de l'eau chez les particuliers en sont quelques exemples. Le maire, Nicolas Mercat, ne compte pas en rester là. «Nous voulons expérimenter l'arrosage du terrain de foot par les eaux usées, désimperméabiliser la cour de l'école de la Cascade et découvrir des réseaux d'eaux pluviales à la Croix verte. » La commune a même déclassé des terrains constructibles, une OAP (orientation d'aménagement et de programmation) de 7 000 m² située dans le périmètre d'une zone humide.

Tous ces efforts seront poursuivis dans le cadre d'un autre plan sur lequel travaille le Cisalb qui devrait être validé fin 2025. Démarche saluée par Florence Evra, de l'Agence de l'eau : «Beaucoup élaborent un PGRE, mais peu le mettent en oeuvre dans les faits».

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1,7 million de m3 est prélevé chaque année dans le lac du Bourget. (©MFS)

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