Centre aquatique : le choix du lieu d’implantation encore reporté
Un rebondissement s’est invité au conseil communautaire du lundi 24 juin, à l’issue d’un débat tendu concernant le choix du site d’implantation du futur centre aquatique intercommunal. Face à une potentielle faille dans la procédure, le président a décidé de reporter le vote à la rentrée. Retour sur une séance peu ordinaire, la dernière avant la trêve estivale et délocalisée comme le veut la tradition dans une commune rurale du territoire.
De rebondissements en rebondissements
C’est à Versonnex, dans la toute nouvelle salle des familles prochainement inaugurée, que se sont retrouvés les élus communautaires, accueillis avec enthousiasme par la maire Marie Givel. L’ambiance était plutôt «bon enfant» jusqu’à ce que le point n°4 sur le projet de centre aquatique fasse se délier les langues et provoque un nouveau coup de théâtre.
Pour rappel, le 26 septembre 2022, les élus avaient dû choisir entre deux secteurs d’implantation pour le futur équipement : la base de loisirs (où 4 sites avaient été identifiés à proximité du plan d’eau) et la piscine municipale de Rumilly. Le secteur de la base de loisirs était sorti grand gagnant (28 voix «pour», 3 «pour» celui de la piscine actuelle, 9 abstentions et 1 «ne prend pas part au vote»). Puis le 30 janvier 2023, le choix du site définitif avait été voté (parmi les deux retenus) : l’entrée de la base de loisirs, face au skate-park (23 votes «pour», 3 en faveur du terrain situé au coeur de la base de loisirs, 4 «contre», 3 «blanc» et 5 «ne prend pas part au vote»).
Un nouveau lieu d’implantation proposé
Suite aux élections municipales de Rumilly fin 2023 et au nouvel environnement politique du territoire, cet emplacement a été remis en cause par la nouvelle majorité rumillienne. Dès janvier 2024 les élus de l’exécutif intercommunal se sont dit favorables au lancement d’une étude complémentaire sur deux autres sites (l’abrogation de la délibération du 30 janvier 2023 était donc à l’ordre du jour pour pouvoir relancer un nouveau vote).
L’entrée de la base de loisirs, la piscine actuelle et les espaces sportifs extérieurs du collège Le Clergeon (grand favori dans le classement de l’analyse comparative) étaient ce lundi soir les trois sites en concurrence. A noter que le collège doit être reconstruit un peu plus loin, dans les abords de la route de Lornay, pour une livraison prévue «au mieux à la rentrée 2029».
«Le terrain ne sera pas disponible avant 2029»
Ces nouvelles perspectives, pour un dossier qui a suscité de nombreux débats et revirements depuis son lancement, ont fait réagi plusieurs élus qui ont exprimé leurs interrogations et leur mécontentement, à commencer par Joël Mugnier, maire de Thusy et ancien vice-président en charge des infrastructures : «Vous avez fait des études sans délibération préalable, en avez-vous le droit ? N’est-ce pas au conseil communautaire de décider ? On lance des études mais c’est vous, l’exécutif qui décidez sans tenir compte de l’avis des élus toutes les communes». Martine Vibert, maire de Moye, a abondé dans son sens : «Je regrette, je déplore que ce soit l’exécutif qui ait pris la décision. Je trouve qu’il aurait été légitime de faire valider ce nouveau site par un conseil communautaire pour entériner le volet collectif». Certains ont fait part de leur scepticisme quant aux délais de construction qui dépendront de ceux du futur collège : «Le terrain ne sera pas disponible avant 2029 donc il n’y aura pas de centre aquatique avant 2031- 2032», aux problématiques de stationnement puis ont dénoncé «un dossier bâclé». Le président François Ravoire a reconnu qu’ «une étude rapide avait été demandée au cabinet» et qu’ «il y aura sûrement des choses à revoir».
«Ce fameux centre aquatique est en train de couler»
L’abrogation a remporté 28 voix «pour», 12 «contre» et 1 abstention. Miguel Monteiro-Braz, élu de l’opposition rumillienne, a pris la parole au nom de son groupe pour exprimer «notre énorme déception de voir abrogée ce soir une décision ô combien importante», accusant «une manoeuvre politique pour l’élection d’un nouveau président». Il dit regretter «ces reports et ces rebondissements depuis 2010 qui risquent d’être fatals par la hausse des tarifs mais aussi avec le-ras-le-bol d’une partie de notre assemblée. (…) Que de temps perdu et d’argent public gaspillé alors qu’un magnifique projet était sur le point de démarrer» et dénonce «des changements incessants de positionnement des élus communautaires», avant de conclure : «dommage pour les utilisateurs, dommage pour le savoir-nager de tous les élèves de nos communes. Nous croyons que ce fameux centre aquatique est en train de couler et de sombrer dans une bataille politique».
«On croit fermement à ce projet»
Le vice-président en charge des infrastructures, Serge Bernard- Granger, a défendu l’avancée du dossier dans sa nouvelle configuration : «on croit fermement à ce projet et on l’emmènera au bout. Les jeunes du territoire iront nager dans ce centre aquatique d’ici 2028 voire 2029».
Face aux désaccords des uns et des autres, et à un «manque de transparence» relevé par certains, un conseiller communautaire a déploré : «Nous avons perdu l’occasion d’avoir quelque chose de consensuel et je regrette cette décision de vouloir abroger tout de suite sans faire un débat avant. A jouer à qui a raison qui a tort, à moi la piscine je la veux ici, moi je la veux là, on ne s’en sortira jamais. Partons sur des bases consensuelles, car de toute façon des défauts il y en aura».
«Pourquoi n’est-elle pas abrogée elle aussi ?»
Avant de procéder au vote, il a donc été proposé d’abroger la délibération du 30 janvier 2023 pour annuler le choix déjà acté de l’emplacement. Or un manquement a été souligné par l’ancien vice-président en charge du dossier. En effet, Joël Mugnier a lu la délibération du 26 septembre 2022 qui désignait le secteur de la base de loisirs comme lieu d’implantation : «Pourquoi n’est-elle pas abrogée elle aussi ? Théoriquement, celle-ci est toujours valable». Cette intervention soulevant une probable erreur dans la procédure a incité le président à prendre une décision inattendue : «Suite au débat des uns et des autres, et suite à cette délibération dont Joël parle, il est plus sage de reporter le vote à septembre. Nous vérifierons s’il faut l’abroger ou pas et nous apporterons plus d’éléments sur le sujet».
La prochaine séance aura lieu le 30 septembre.
Claire Castelar