Une candidature officielle pour devenir la première réserve de biosphère lacustre de France

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Le 30 septembre 2024, la communauté d’agglomération de Grand Lac, qui entoure le Lac du Bourget en Savoie, a marqué une étape historique en déposant officiellement sa candidature au prestigieux programme Homme et Biosphère (MAB) de l’UNESCO. Cet engagement, issu de plusieurs années de réflexion et de concertation, ambitionne de faire de ce territoire exceptionnel la première réserve de biosphère lacustre de France. Ce projet symbolise la volonté de concilier la préservation d’un patrimoine naturel unique avec un développement économique et social durable.

L'initiative, portée par la communauté d'agglomération, s'inscrit dans un contexte où les pressions écologiques et économiques s'intensifient. En devenant membre du réseau des réserves de biosphère de l’UNESCO, Grand Lac souhaite affirmer son rôle de modèle d'harmonie entre la nature et l'activité humaine, tout en renforçant l’attractivité et la résilience de son territoire.

«Notre lac, un modèle
de coexistence entre nature et activités humaines»

Lors de la conférence de presse annonçant officiellement cette candidature, Renaud Beretti, Président de Grand Lac, a ouvert la rencontre en rappelant l'importance de l’événement :
«C'est pour marquer le dépôt officiel de la candidature de Grand Lac au programme mondial Homme et Biosphère de l’UNESCO. Ça fait plusieurs années qu’on vous en parle.»

Le projet, né en 2020 à l'initiative de la ville d'Aix-les-Bains sous l'impulsion de Philippe Oblissier, a évolué pour devenir une démarche intercommunale, portée aujourd'hui par la communauté de Grand Lac. «Il est évident qu’il s’agissait d’une candidature à vocation intercommunale. Aujourd’hui, c’est Grand Lac qui la porte, avec l’aide de Thibaut Guigue, Marie-Claire Barbier et tous nos collègues», a souligné Renaud Beretti, en saluant la mobilisation collective.

Le cœur de cette candidature repose sur la richesse exceptionnelle du territoire : «Nous avons des atouts naturels évidents : le plus grand lac naturel d'origine glaciaire de France, des forêts, des prairies humides, des montagnes et une biodiversité unique avec près de 5 000 espèces.» Le Lac du Bourget, joyau naturel et historique, est entouré de vestiges de peuplement remontant à l’âge de bronze, faisant de cette région une zone à la fois culturelle et écologique. «L’objectif est que notre lac devienne le premier lac d’Europe occidentale reconnu comme réserve de biosphère», a-t-il déclaré.

Renaud Beretti a également mis en avant les efforts accomplis pour préserver la qualité des eaux du lac, autrefois polluées, grâce à une mobilisation collective et à des infrastructures comme le tunnel creusé sous la montagne pour rejoindre le Rhône. «C’est la reconnaissance du travail collectif accompli depuis des décennies», a-t-il ajouté, en insistant sur l'importance de cette démarche pour les générations futures. «Il ne s'agit pas seulement d'un label, mais d'un engagement à poursuivre nos efforts en matière de développement durable et de transition écologique.»

«Une candidature fruit
d’une concertation large
et inclusive»

Marie-Claire Barbier, vice-présidente en charge de l'urbanisme, a poursuivi en expliquant le processus derrière cette candidature : «C’est une démarche volontaire, mais collective, qui s’est construite au fil des années, avec l’implication de l’ensemble des acteurs locaux.» Elle a détaillé les différentes phases qui ont permis de rassembler les élus, les techniciens, les partenaires institutionnels et la population autour de ce projet.

«Nous avons organisé des ateliers et des rencontres avec les habitants, les associations, les acteurs économiques et les élus locaux», a-t-elle précisé. «Au total, ce sont près de 1 000 personnes qui ont été associées à la réflexion et à l’élaboration de cette candidature.» Parmi les moments clés, Marie-Claire Barbier a rappelé la concertation menée avec les jeunes du territoire, un aspect essentiel de la démarche : «313 réponses ont été recueillies auprès des jeunes des écoles, collèges et lycées.»

Cette large concertation a permis d’élaborer un plan de gestion solide, centré sur six axes majeurs, dont la préservation des milieux naturels, la gestion responsable des ressources, le soutien à l'économie locale et l'éducation au développement durable. «L’un des points fondamentaux de cette candidature est de préserver l’esprit des lieux, un terme qui est revenu constamment lors de nos consultations», a-t-elle souligné.

En tant que chef de projet, Marine Alyx, chargée de mission, a également été saluée pour son travail crucial dans la coordination des différentes étapes de la candidature. «Grâce à son implication, et avec le soutien des partenaires institutionnels comme le CISALB, le CEN et le Parc naturel régional des Bauges, nous avons réussi à finaliser ce dossier ambitieux», a conclu Marie-Claire Barbier.

«L’éducation, un pilier central de notre projet»

Thibaut Guigue, vice-président en charge de l’urbanisme, a quant à lui mis en lumière l’importance de l’éducation dans cette démarche. Le programme «Faune et Flore 30/30» représente une pierre angulaire de l'engagement de Grand Lac envers la sensibilisation des jeunes générations. «L'objectif est que les enfants, en sortant de l'école, connaissent 30 espèces animales locales et 30 espèces végétales locales», a-t-il expliqué.

Démarré en 2023 avec trois écoles, ce projet éducatif sera étendu cette année à 16 établissements scolaires, avec l'ambition de couvrir l’ensemble des écoles du territoire à terme. «C'est un projet qui, nous l'espérons, deviendra un modèle pour d’autres territoires», a déclaré Thibaut Guigue. Ce programme est soutenu par l’Éducation nationale, ainsi que par des partenaires privés tels que la Fondation de la Poule Blanche.

Outre l’éducation, Thibaut Guigue a également souligné l’importance de l’appui scientifique dans cette candidature. «Le programme Homme et Biosphère est avant tout un programme scientifique. Nous avons créé un groupe de travail composé de chercheurs issus de divers laboratoires, comme l'IMAR et le CNRS, pour nous accompagner dans cette démarche.»

Un processus long,
mais porteur d’espoir

La candidature de Grand Lac au programme MAB de l’UNESCO est désormais entre les mains de l’organisation internationale. Le dossier fera l’objet d’une première instruction administrative d’ici la fin de l’année 2024. En janvier ou février 2025, le comité consultatif des réserves de biosphère examinera le dossier et formulera un avis préliminaire. «Nous espérons une approbation finale en septembre 2025, lors du Congrès international des réserves de biosphère de l'UNESCO», a expliqué Renaud Beretti.

Si la candidature est approuvée, Grand Lac deviendra un exemple mondial de gestion durable des écosystèmes lacustres. Cette reconnaissance ne viendra pas avec des contraintes supplémentaires pour les habitants ou les collectivités locales, mais marquera plutôt la validation des efforts déjà entrepris depuis plusieurs décennies. «Ce projet est une opportunité pour notre territoire de se positionner comme un leader dans la transition écologique, en France et à l’international», a conclu Renaud Beretti.

Ce processus de candidature s’inscrit dans une dynamique plus large de développement durable à Grand Lac, en lien avec des plans déjà en place, comme le Plan Climat Air Énergie Territorial (PCAET) et le projet de territoire. «Notre intitulé exact, réserve de biosphère du Lac du Bourget entre Rhône et Alpes, reflète bien la diversité et la richesse de notre territoire», a précisé le président, fier de la portée régionale et internationale de cette candidature.

Stéphane Ducret

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