Brasse coulée pour le projet, mais le choix est fait

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Lors du Conseil communautaire de Rumilly, un point crucial à l’ordre du jour a porté sur l’avenir du projet de centre aquatique intercommunal. Le rapporteur, Serge Bernard Granger, vice-président, a présenté une délibération visant à abroger les décisions antérieures relatives au choix du site d’implantation. Le demande de vote à bulletin secret a été accepté pour 15 voix (il en fallait 13) sur 41 voix. Et ce fut le départ des hostilités, où les «pour» et les «contre» ont pu s’exprimer.

Martine Vibert, maire de Moye a tout d’abord pris la parole, lisant son communiqué : «Le point débattu ce soir nous demande d’annuler une décision de choix du site situé au plan d’eau, et qui avait été votée. Il faut assumer les choix qui ont été faits à l’époque, et les respecter, dixit ce qu’on peut lire dans la charte des élus. Il ne faut pas oublier qu’en faisant marche arrière, nous ne sommes pas crédibles aux yeux de nos administrés si nous ne respectons pas nos engagements. Ce projet divise bien loin l’esprit communautaire qui devrait être le nôtre !» François Ravoire, Président et maire de Vallières-sur-Fier,  lui répond : «on a eu de nouvelles élections, et une nouvelle majorité sur Rumilly a émergé, ce qui a remis en question ce vote.» Joël Mugnier, maire de Thusy enchérit : «les élections qui se sont déroulées concernent uniquement Rumilly. Vous êtes venu mélanger un projet inter-communal en disant pendant la campagne que la piscine ne se ferait pas au plan d’eau ;
je rejoins Martine sur cette charte. On attend depuis 25 ans cet équipement. On va encore attendre et cela nous coutera encore plus cher. On le voit déjà pour le projet de la station épuration. Nous aurons des enfants, qui durant cette longue période d’attente, ne pourront pas apprendre à nager. On demande à la ville de Rumilly de leur répondre !» Interpellé, Christian Dulac, maire de Rumilly prend la parole :
«vous parlez de la charte communautaire, mais vous vous êtes abstenu ou avez voté contre sur les sujets parlant de la future station d’épuration. Où est la charte ? Qu’est-ce que vous avez fait pour la piscine de Rumilly durant toutes ces années ? La Communauté de Communes n’a jamais aidé la ville sur cette installation. Malgré les soucis techniques de la piscine, on a accueilli des enfants venant de toutes les communes ; et on investira encore l’année prochaine pour toujours accueillir vos enfants. On n’est pas contre le centre nautique, c’est l’endroit. Avez vous acheté tous les terrains qu’il y aurait besoin pour la construire au niveau du plan d’eau ? Sur notre projet, les terrains appartiennent à la ville de Rumilly, donc à nous. Il y a certainement une piste d’économie à faire.» Jean-Pierre Lacombe, marie de Marcellaz-Albanais termine ces échanges : «je trouve lamentable que l’esprit communautaire soit ainsi oublié, au vu des échanges entre la ville centre et les petites communes. Des propos tenus ce soir, sont insoutenables.»

L’abrogation de la Délibération du 26 septembre 2022 définissant comme le site 1 pour l’implantation au niveau du plan d’eau de la future piscine est passée au vote. 25 voix pour, 15 contre et 1 abstention.

Venait ensuite le point suivant : l’implantation du futur centre aquatique intercommunal. Rappel des faits.

Après des années d’études, de consultations et de débats, trois options restent en lice, chacune avec ses avantages et ses contraintes. Depuis 2021, le projet a fait l’objet d’une analyse approfondie. En septembre 2022, le Conseil communautaire avait initialement opté pour le site n°1, à l’entrée de la base de loisirs de Rumilly. Ce choix s’appuyait sur un scénario validé de pré-programmation, une estimation des coûts, et un montage opérationnel sous forme de marché global de performances. Cependant, en fin d’année 2023, un nouveau contexte politique et des oppositions locales ont remis en cause ce site. La municipalité de Rumilly s’est déclarée défavorable, relançant le débat.

 

Depuis début 2024, deux nouveaux sites ont été étudiés en complément :

Le site n°5 bis, correspondant à l’actuelle piscine municipale, avec une extension prévue sur des parcelles voisines.

Le site n°6, situé sur les terrains sportifs du collège Le Clergeon, pourrait être libéré après la construction d’un nouveau collège prévue au mieux pour 2030.

Les trois sites ont été évalués selon huit critères : insertion urbaine, accessibilité, contraintes environnementales, et disponibilité. Le classement final est le suivant :

Site n°1 (base de loisirs) : 55/80 points

Site n°5 bis (piscine actuelle) : 38/80 points

Site n°6 (collège Le Clergeon) : 59/80 points

Le site n°6 arrive en tête grâce à sa proximité avec les usagers, sa compatibilité environnementale et son insertion dans le tissu urbain. Cependant, il présente des contraintes calendaires importantes, avec une disponibilité possible au plus tôt en 2030.

 

François Ravoire complète avec une réponse d’un courrier qui avait été adressé au Président du Conseil Départemental, sur le fait «que nous proposions de construire cette piscine sur le terrain de sports du Collège le Clergeon. Nous avions vu avec l’équipe pédagogique en leur proposant d’autres sites pour effectuer leurs activités, et elle ne voyait pas d’objection. Martial Saddier nous a répondu : afin de ne pas modifier le fonctionnement actuel du collège existant et que les élèves ne subissent pas les nuisances liées aux travaux du centre aquatique, nous vous rappelons la position du Conseil départemental à savoir attendre la construction du collège neuf avant de lancer des travaux de quelque nature que ce soit». Interloqué, Joël Mugnier demande si l’ensemble du courrier pouvait être lu. Ce que François Ravoire ne refusa pas. Mais ce qu’on apprenait allait bouleverser les débats, puisque le président Saddier revenait sur plusieurs points. Notamment le premier qui parlait du courrier envoyé par le Président de la Communauté de Commune, anti-daté. D’autres part, le Conseil Départemental s’offusquait du fait qu’un rendez-vous avec l’équipe pédagogique du Collège ait eu lieu sans leur présence. «Vous n’avez pas la compétence à ce sujet, seul le Département gère les Collèges».

Certains élus s’interrogeaient sur l’éventualité d’un nouveau revirement de situation une fois les nouvelles élections municipales passées, «et si on avait à nouveau un changement d’équipe à Rumilly, et que celle-ci remette en cause le choix du site n°6. On aura encore perdu 2 ans !». «Et pourquoi pas attendre justement les prochaines élections municipales, ce qui nous permettrait de mettre de côté un peu plus d’argent, et d’être certains que le choix du site ne sera pas remis en question ?»

Un clivage sur les priorités financières et environnementales

Sur le plan financier, les arguments ont fusé. Certains défendaient l’idée de retarder le projet pour accumuler des fonds grâce à une taxe foncière récemment augmentée : «Nos finances sont fragiles. Mettons de côté les recettes pour financer un centre aquatique de qualité sans surcharger notre trésorerie actuelle.» D'autres, en revanche, plaidaient pour une action rapide sur le site de la base de loisirs, plus accessible et déjà prêt à accueillir des travaux : «Le site numéro 1 est immédiatement disponible (même s’il reste des terrains à acquérir), contrairement au site numéro 6 qui impose des délais supplémentaires liés aux études environnementales et aux travaux d’urbanisation.»

L’aspect environnemental a également été central. Un élu a mis en avant l’importance d’éviter l’étalement urbain :
«Le site numéro 6 est déjà urbanisé. Il permet de respecter les objectifs de zéro artificialisation des sols imposés par la loi Climat et Résilience.»

Une décision qui divise profondément

Malgré les divergences, une majorité d’élus se sont orientés vers le site numéro 6 pour des raisons financières et communautaires. Un élu a conclu avec emphase : «Ce choix sert l’intérêt général et renforce la cohésion communautaire. Rumilly a toujours été exemplaire dans sa contribution aux projets intercommunaux. Il est temps que cela soit reconnu.» Cependant, des voix dissidentes ont remis en question la faisabilité et les conséquences à long terme de ce choix : «Nous prenons un risque énorme en misant sur un site dont les contraintes foncières et techniques ne sont pas encore totalement levées. Qui nous prouve que comme le dit Rumilly, le terrain sera vendu à l’euro symbolique, vous avez un écrit là dessus ?»

 

Le vote pouvait ainsi se dérouler : site n°1 :14 voix ;  site n°5bis : 0 voix ;
site n°6 : 24 voix. 2 abstentions et 1 personne ne participant pas au vote.

 

Les autres points débattus lors de ce conseil seront développés dans le journal de la semaine prochaine.

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