Face à des finances contraintes, «il faut reconsidérer ce qu’est une dépense utile»

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Les dépenses augmentent, les recettes stagnent. Comment faire pour continuer d'investir ? Là est toute la question.

 

Faute de loi de finances 2025, difficile, pour les collectivités, de se projeter. Alors elles partent sur des bases hypothétiques, sur la loi de finances 2024, pour établir leurs orientations budgétaires.  Olivier Rognard, vice-président de Grand Lac en charge des finances, a présenté lors du dernier conseil communautaire «des éléments pas très réjouissants» : un écrêtement de la dotation globale de fonctionnement, des dotations de compensation jusqu'alors fixes, qui deviennent variables, «plutôt à la baisse peut-on évidemment présager», un taux de revalorisation des bases de 1,7%, des charges patronales augmentant de 4%, une baisse du taux de FCTVA (fonds de compensation de la TVA) à 14,8%, disparaissant en fonctionnement. Et, preuve que les marges de manœuvre se réduisent pour Grand Lac, une participation de l'agglomération au fonds de péréquation des ressources communales et intercommunales qui diminue. Pour rappel, cette mesure consiste à prélever aux plus riches pour reverser aux plus pauvres. «Cela pourrait sous-entendre que nous deviendrions un peu moins riches par rapport à la moyenne», suppose M. Rognard. Cette situation amène forcément à s'interroger, «à reconsidérer ce qui relève d'un service payant/pas payant et ce qu'est une dépense utile».

Car depuis plusieurs années, les dépenses augmentent alors que les recettes stagnent. Elles pourraient même fléchir, tout comme les subventions car tout le monde se serre la ceinture, et subissant par la même occasion les défaillances d'entreprises «post-Covid», d'où un versement mobilité qui pourrait se tasser. «La fiscalité est de plus en plus décorrélée de la dynamique de territoire. Malgré tout, nous poursuivons notre fil conducteur, notre plan pluriannuel d'investissement».

En 2024, Grand Lac s'était donné un objectif de dépense d'équipement de 27 M€, et n'en a finalement réalisé que 14 M€. Pour 2025, elle inscrit 25 M€ d'investissements. En 2024, elle avait souscrit un seul emprunt de 4 M€ sur le budget eau. L'an prochain, elle va devoir y recourir pour le budget principal, eau et assainissement.

«On peut regarder l'avenir sereinement»

Dans ce contexte, André Gimenez conseille de se questionner sur les dépenses qui peuvent être différées. Jean-Claude Croze s'inquiète de cette trésorerie qui s'amenuise, de cette épargne brute divisée par deux (passant de 9,2 M€ en 2023 à 5,1 M€ en 2024), des marges de manœuvre qu'il reste à Grand Lac alors que «nous avons des investissements obligatoires à réaliser en eau et assainissement». Il redoute un «serrage moteur dans quelques mois» et se demande s'il ne faudrait pas différer quelques embauches. «Je crois que nous sommes loin du serrage moteur car c'est un budget porté par la prudence», rétorque le président de Grand Lac, Renaud Beretti. Sur les dépenses liées aux ressources humaines, qui augmenteraient de plus d'un million d'euros, l'élu poursuit en indiquant que cette troisième vague d'embauches visait à faire face aux besoins des différentes politiques publiques portées par l'exécutif, réalisée « en étant très précautionneux».

Edouard Simonian s'inquiétant sur le financement du CIAS face à un désengagement de l'ARS, le président n'a pu que corroborer : «Ici, on fait beaucoup pour le grand âge, mais nous sommes face à une crise de prise en charge étatique».

Cette situation globale, Grand Lac l'avait anticipée. «On sent un effet ciseaux dans nos différents indicateurs mais on reste à un endettement de moins de huit ans. On peut regarder l'avenir sereinement», estime M. Beretti.

Se questionner sur l'avenir des stations des Bauges

Une autre délibération a fait réagir Jean-Claude Croze : une avance de trésorerie au Syndicat mixte des stations des Bauges dont les finances sont fragilisées par le manque d'enneigement. Ce syndicat gère le développement touristique des stations de Savoie Grand Revard et des Aillons Margériaz pour le compte de Grand Chambéry et de Grand Lac. «Il faudra bien un jour qu'on aie un débat sur l'avenir de ces stations», considère le maire de Brison-Saint-Innocent. Observation partagée par Renaud Beretti et Michel Frugier, vice-président en charge du tourisme. «On arrive à la croisée des chemins. Le ski alpin est de plus en plus difficile à équilibrer alors que le nordique s'en sort plutôt bien.»

 

 

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