Le centre de secours pourrait disparaître à moyen terme
Les sapeurs-pompiers volontaires du centre de secours d’Alby, rejoints par ceux de Rumilly ont, ce lundi soir, tenté d’avertir la population sur les dangers occasionnés par le nouveau règlement opérationnel, pensé par le conseil départemental. Ils étaient près d’une trentaine à s’exprimer avec un rassemblement au rond-point situé à côté de la caserne, à l’heure d’un très fort passage de circulation, à tombée de nuit avec deux feux de bois, pour être remarqués.
Le centre de secours d’Alby-sur-Chéran, n’est composé que de pompiers volontaires, avec désormais une restriction du nombre de sapeurs postés, c’est-à-dire de permanence et présents à la caserne, ce qui leur permettait de partir en trois minutes, lors d’une opération de secours, Alby ayant aussi une ambulance.
Et pour donner suite au nouveau règlement opérationnel qui diminue les effectifs de volontaires, désormais, il n’y a plus de pompiers en poste au centre de secours, les week-ends et jours fériés. Des pompiers en astreinte sont chez eux et peuvent mettre jusqu’à dix minutes pour se rendre à la caserne, alors que des pompiers postés sont sur place, de permanence à la caserne et partent ainsi en trois minutes.
Pour Alby, ils sont 17 pompiers sur secteur, soit dans un périmètre à moins de dix minutes de la caserne, et 45 sont en dehors de ce secteur. Ils vont être désormais très impactés car la sollicitation est relativement importante. Un équipage est toujours composé de trois personnes avec le chef ; du fait qu’ils ne seront plus sur place, chacun va devoir attendre l’arrivée des trois autres personnes pour pouvoir partir, ce qui va demander environ quinze minutes pour partir de la caserne avec le véhicules, des minutes qui sont vitales, et qui peuvent ainsi devenir mortelles !
Le volume horaire annuel, pour les jours fériés et week-end, était 2760 heures de garde postée, soit en permanence trois agents présents en permanence à la caserne, sur toutes les journées non ouvrées. Mais désormais ce sont uniquement 1380 heures, et qui deviennent maintenant trois heures de garde postée pour des jours non ouvrés. (Alby n’ayant jamais eu d’heures postées en semaine). Ceci devient de la présence collective en caserne et non plus de la garde active. Les agents viennent donc uniquement pour l’entretien de la caserne et des engins avec un peu de formation ; ce volume d’heures a été réattribué pour uniquement l’entretien, et non plus pour faire des interventions.
Alors qui va faire ces interventions ?
«Ces personnels précisément s’ils sont disponibles, mais ils ne le seront pas forcément, puisqu’ils viennent à la base pour de l’entretien. Alors ce seront les professionnels de Rumilly et d’ailleurs qui seront sollicités, et par conséquence le temps d’intervention sera encore rallongé. On perd au moins dix minutes sur une urgence vitale…»
Jean-François nous confiait : «Augmentation de délais pour nous, mais aussi de risques pour la population en général. Et aujourd’hui, il y a une grosse problématique parce que les gens ne sont pas informés.
On va perdre aussi de la compétence, dans un véhicule, il y a un chef, un conducteur et un équipier minimum, parce que les personnels qui pourront partir auront déjà une expérience d’une dizaine d’année de pompier volontaire. On ressent vraiment un retour en arrière, où à l’époque, ce sont les premiers arrivés qui partaient en intervention. Alors qu’actuellement la gestion individuelle permet de limiter le risque routier, en ne bipant que trois personnes seulement pour une ambulance et six pour un fourgon.»
Jean-François nous confiait également que, «selon les encadrants, cette décision viendrait d’une demande des pompiers volontaires qui voudraient passer plus de temps à leur domicile avec leurs famille, alors que lorsqu’on demande aux intéressés, aucun n’a fait cette demande.»
Il est à noter qu’il est important pour les pompiers volontaires de se retrouver en caserne, parce qu’ils ont «des journées rythmées sur l’entretien de la caserne, notre entretien physique et la mise à niveau de nos compétences et connaissances, avec le partage des informations et avec les jeunes qui intègrent les pompiers volontaires.»
Ce nouveau règlement intérieur a donc mis à mal tout ce système.
Est-ce que ce nouveau dispositif engendre un manque de motivation ?
«Absolument, cela crée déjà de la démotivation ! Et on a des problématiques avec les agents !» Tous les centres ayant cette réduction le ressentent maintenant ! On va en venir à perdre beaucoup d’agents qui ne sont pas sur le secteur d’astreinte, ils venaient aussi à la caserne parce qu’il y avait du monde de garde et présent.
A une réception des élus, ces derniers ont été alertés sur une fermeture probable de notre caserne, parce que les agents habitant trop loin ne voudront plus venir et attendre seuls les copains. La motivation de cette vocation a été entachée, et elle s’use à petit feu.
Aujourd’hui on ne comprend pas la motivation des élus du département qui ont voté ce texte mis en application au 1er janvier ! Et on a déjà des problématiques avec les agents !»
Il est à noter que les pompiers volontaires ne font pas ça pour la rétribution qui est très petite, mais surtout pour la volonté d’aider les autres. «Et aujourd’hui, nous avons peu de moyens d’alerter la population, qui paye toujours la même somme en impôts locaux, alors que le service diminue, puisque le temps d’intervention des pompiers s’allonge.»
On souhaite retrouver un fonctionnement qui n’impacte pas le service rendu à la population, surtout la nuit.
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Les pompiers volontaires du centre de secours d’Alby, rejoints par ceux de Rumilly, se sont regroupés au rond-point devant leur caserne, pour alerter la population sur ce nouveau mode de fonctionnement qui met en péril la sécurité de la population. (©Florence Milhomme)