Comprendre les évolutions du département
Depuis plus de 20 ans, l’Observatoire départemental de la Haute-Savoie analyse plus de 300 indicateurs socio-économiques, afin de mieux comprendre les phénomènes qui s’opèrent dans le département : démographie, activité économique, mobilité, logement, environnement, occupation des sols, différences entre les territoires, etc. Un ensemble de données mises à la disposition des collectivités et organismes qui prennent part au développement du département.
La semaine dernière, en présence de nombreux élus, Christian Monteil président du Conseil départemental de la Haute-Savoie, a ouvert la présentation des données 2018. En trois grands thèmes.
Un territoire en pleine expansion
Première constatation : le territoire subit une expansion rapide sur les plans économique, démographique et structurel.
En ce qui concerne la démographie, la Haute-Savoie comptait exactement 818 109 habitants au début 2017, soit 12 000 habitants de plus en un an. Le solde migratoire représente 62% de la croissance démographique (chiffres 2016), contre 24% en 1998. Si départs et arrivées sont équilibrés avec les départements voisins (Rhône, Isère, Savoie), le solde est très positif avec l’Ile-de-France, les Hauts de France et le Grand Est. Il y a de fortes disparités de l’âge médian entre les communes : il est plus bas autour de la frontière suisse et plus élevé dans les communes touristiques ou de montagne
En 2015, 12% des ménages haut-savoyards occupaient leur logement depuis moins de 2 ans. Plus de 50.000 personnes déménagent chaque année.
Du point de vue géographique, le département est impacté par les lacs et le relief. 86% des communes de la Haute-Savoie sont classées communes de montagne (18% en France). Cette morphologie influence l’organisation territoriale : seulement 11% de la surface du département est urbanisée.
Au niveau économique, évidemment l’influence de Genève reste primordiale, en progression sur l’ensemble du territoire. Près de 93 000 frontaliers actifs travaillent à Genève, et la proportion d’actifs travaillant en Suisse s’élève souvent au-delà de 50% dans les communes frontalières (75% à Veigy-Foncenex, 71% à Bossey).
Des secteurs économiques historiquement ancrés en Haute-Savoie continuent à s’affirmer. Ainsi le tourisme n’a jamais pourvu autant d’emplois - 23 358 emplois salariés privés directs début 2018 - alors que la pratique du ski stagne. Le secteur du décolletage qui représente 4,6% des emplois salariés privés (contre 8,2% en 2000) gagne à nouveau des emplois : 9 794 emplois salariés privés directs début 2018 (+ 225 emplois en 1 an).
En 15 ans, la Haute-Savoie a connu une réduction considérable du nombre de structures intercommunales :
-37%, soit 73 structures en moins. «La constitution de pôles élargis vise à apporter une réponse plus cohérente et plus équilibrée aux enjeux actuels de développement : logement, transports, vitalité économique...».
Des obstacles ?
Une autre partie du rapport de l’Observatoire a voulu évoquer les obstacles surmonter pour vivre en Haute-Savoie.
En premier lieu, un niveau de vie élevé, difficile à assumer pour certaines populations. En effet, la Haute-Savoie se situe parmi les départements les plus riches de France avec un revenu médian de 25 618 € (par unité de consommation en 2015). Le plus élevé hors Ile-de-France, avec une croissance de 35% en 10 ans (25% en France). Les hauts revenus sont 5,5 fois plus élevés que les bas revenus.
Le niveau actuel du chômage (6,6% des actifs) place la Haute-Savoie proche du plein emploi, et il est parfois nécessaire d’aller rechercher de la main d’œuvre à l’extérieur du territoire pour pourvoir les besoins de certains secteurs en tension. 32% des «entrants» en un an sont des cadres et professions intermédiaires.
La Haute-Savoie, avec son faible taux de chômage, attire de nombreux actifs en début de carrière.
Mais, en 10 ans, la population vivant sous le seuil de pauvreté a augmenté de 52% en Haute-Savoie (13,5% des habitants en 2015, soit environ 109 000 personnes).
Sur le plan de l’immobilier, en raison du coût élevé du logement (plus de 3 500 € le m²) les Haut-Savoyards ont de plus en plus recours à la location plutôt qu’à l’achat.
La demande de logement locatif social n'a jamais été aussi élevée avec 22 847 foyers début 2018, un nouveau record. Les haut-savoyards qui s’orientent vers l’acquisition sont donc bien moins nombreux (-14% en 10 ans). 7 828 logements ont été mis en chantier en 2016, (27% de plus qu’en 2014) ; un niveau jamais atteint depuis 2007.
42% des zones urbanisées de Haute-Savoie ont une faible densité. Depuis 10 ans, 316 hectares sont urbanisés en moyenne chaque année.
Une qualité de vie à préserver
La Haute-Savoie se caractérise par une présence très forte de la voiture. Avec 89,5% de ménages équipés, c’est le cinquième département avec le plus fort taux de motorisation (derrière les Landes, la Vendée, l’Ain et le Gers. Au trafic résidentiel s’ajoute le trafic touristique en périodes de vacances, ainsi que le trafic de transit.
Mais l’intensité du trafic routier tend à se stabiliser : +0,2% en un an (en 2017) après huit années de forte croissance (+2,2% par an). Le parc automobile a reculé (-0,9% en un an en 2016).
A noter, une augmentation de 2,1°C de la température moyenne dans les Alpes du Nord depuis 1900, de 1,3°C à Thonon en 30 ans.