Où réparer soi-même ses objets du quotidien ?
Le Repair café Rumilly est une association qui répare les objets pendant des permanences à Rumilly et à Sales. Mais comment cette association est-elle née ? Quels types d’objets sont réparés ? Par qui ? On vous explique tout.
Repair café Rumilly. Ce nom ne parle pas encore à tout le monde sur le territoire et pourtant c’est une association très active à Rumilly et aux alentours. Elle porte un concept écologique et utile qui existe à Saint-Félix, Annecy et dans toute la France. Le principe est simple : tenter de réparer les objets des gens dans une ambiance conviviale en prenant un café. «L’objectif c’était de limiter la surconsommation, éviter les déchets et préserver les ressources. On peut, à l’échelle du territoire, éviter à pas mal d’objets d’aller à la benne», résume Florent Guiral, membre du conseil d’administration du repair café. Un concept qui présente par ailleurs l’avantage d’un tarif libre. «Les réparations que l’on fait sont gratuites et les gens sont libres de donner à l’asso pour aider au fonctionnement, mais il n’y a pas d’obligation», détaille-t-il.
Des difficultés au lancement
Une idée qui, malgré un concept attractif, a eu du mal à se lancer. «À la base, c’était une initiative partie en 2019 de quelques personnes qui avaient envie de créer un repair café, mais la covid est arrivée et a fait capoter le projet», se souvient Florent Guiral. L’association a donc dû patienter avant de finalement bien se monter sur le territoire de Rumilly. «Dans le cadre de la journée de gratuité (devenue donnez, réemployez), la communauté de communes avait fait appel à l’association AERA (agir ensemble pour Rumilly et l’Albanais) dont je fais partie pour savoir si on pouvait faire un atelier sur la réduction des déchets», raconte Florent Guiral. Il sollicite alors les personnes avec qui l’association devait se monter à l’origine en 2019 et ensemble ils créent un repair café éphémère d’une journée en octobre 2022. Le succès est immédiat et pousse les personnes concernées à se remobiliser. «On a eu tellement de sollicitations et de demandes qu’on s’est dit qu’il fallait réussir à vraiment lancer le projet, donc on s‘est réunis et on a créé l’asso», se remémore Florent Guiral. Entre octobre 2022 et la fin de l’année, les membres de l'association s'attellent à définir les statuts de chacun et leurs rôles.
Deux permanences par mois
Janvier 2023 marque ensuite les véritables débuts de l’association avec la première permanence qui se déroule à Sales. «On a démarré à Sales, puisque monsieur Tranchant, le maire (également vice-président de la communauté de communes chargé de la gestion des déchets), a accueilli très favorablement notre demande», détaille Florent Guiral. Une salle est ainsi mise à la disposition de l’association qui lance des permanences le troisième samedi du mois dans la commune. Puis une deuxième permanence voit le jour après un constat frappant. «On s’est rendu compte qu’une grande partie des gens qui venaient pour réparer des affaires venaient de Rumilly», analysent plusieurs membres de l’association. Les réparateurs tentent donc de trouver une salle à Rumilly et, malgré des difficultés, ils finissent par trouver leur bonheur à l’Oscar, qui leur met à disposition une salle le quatrième samedi du mois. L’association est depuis, impliquée deux fois par mois dans des permanences, alors qu’elle participe régulièrement à des événements ponctuels. Des ateliers du repair café participent par exemple à la journée de la communauté de communes «Donnez, réemployez», à la journée du développement durable à Rumilly ou encore à la journée écocitoyenne à Vallières-sur-Fier.
Un panel d’objets variés
Les bénévoles de l'association se mobilisent pour réparer une multitude d’objets très diversifiés. «Notre domaine d’action est très large, ça va de l’informatique au petit électroménager en passant par le matériel de bricolage», énumère Florent Guiral. Le repair café, contrairement à ce que l’on pourrait penser, accepte également l’électroménager volumineux par moments, même si cela reste rare car les manipulations ne sont pas évidentes. Les lave-linge et les lave-vaisselle sont par exemple accueillis uniquement à Sales, puisqu'il faut une salle équipée d’une arrivée d’eau et d’une évacuation d’eau. C’est d’ailleurs souvent les réparations de ces grosses machines qui nécessitent des remplacements de pièces. «Simplement en rachetant des petits composants, on arrive à réparer des choses énormes, donc c’est toujours ça de gagné», valorise Florent Guiral. Dans ce genre de cas, la pièce est aux frais de l’utilisateur sans marge de la part de l’association évidemment. Néanmoins, certains objets ne sont pas acceptés par l’association. Les micro-ondes et les objets thermiques ou encore les circuits frigorifiques ne font pas partie de la liste des objets réparables par le repair café pour éviter des risques de manipulation aux bénévoles. Des réparations de vêtements et de la couture sont aussi proposées grâce à des personnes sachant coudre. «On fait aussi de l'affûtage (uniquement à l’Oscar) parce qu’on a commencé à en faire avec un jeune qui est venu avec une belle meule à eau et là on a un réparateur qui s’est formé pour le faire», ajoute Florent Guiral.
Qui sont les réparateurs ?
En tout cas, tous les bénévoles ont en commun leur envie de limiter les déchets et de réparer les objets qui peuvent l’être. Ainsi, ils sont une quarantaine au total et entre 6 et 10 à utiliser leur samedi matin pour faire une bonne action et tenter de réparer des objets chaque semaine. Et ça marche ! «On est entre 60 et 75% d’objets réparés en moyenne sur une permanence», détaille Florent Guiral. Les bénévoles ont chacun des compétences, mais sont tous ou presque de bons bricoleurs. Hormis cela, difficile de dégager le profil de réparateur type. Actifs et retraités partagent leurs connaissances. Certains sont très expérimentés, comme un ancien réparateur électroménager de métier, et d’autres moins. Les bricoleurs sont pour la plupart touche-à-tout, même si certains ont des spécialités qu’ils tentent de mettre à profit. Par exemple, Bernard Chenevier est spécialisé dans la réparation de machines à coudre. «Avec le bouche-à-oreille, on a des machines à coudre sur toutes les permanences parce qu’ils savent que je sais les réparer», explique-t-il. Les visiteurs sont donc parfois invités à repasser en cas d’absence d’un spécialiste comme Bernard pour les machines à coudre.
Un concept alliant pédagogie et convivialité
Néanmoins, la transmission est également un des maîtres-mots de l’association et les spécialistes essaient souvent de transmettre à d’autres bénévoles leur savoir. Et pour les moins bricoleurs, il est toujours possible de gérer l’accueil ou de servir le café. «Un repair café, c’est aussi ça. C’est un endroit convivial où, pendant que les gens attendent, on leur sert un café avec des biscuits», sourit Florent Guiral. Lors des réparations, les visiteurs sont invités à poser des questions et à apprendre à réparer eux-mêmes pour pouvoir faire le diagnostic d’une éventuelle nouvelle panne. Par ailleurs, les réparations se font souvent en binôme pour permettre aux bénévoles d’apprendre les uns des autres. D’ailleurs, l’association est toujours ouverte aux nouveaux réparateurs. «Si des gens sont bricoleurs ou compétents sur des sujets en particulier, ils peuvent nous rejoindre avec plaisir», recommande Florent Guiral. L’adhésion nécessaire pour être bénévole est au même titre que les réparations à tarif libre. L’association dispose d’un réservoir de 40 bénévoles, mais un manque subsiste et pas des moindres, celui d’un lieu de stockage pour le matériel. «Aujourd’hui, le problème, c’est que c’est un adhérent qui loue un local professionnel dont il nous met à disposition une petite partie pour y mettre notre matériel, mais on doit le déplacer pour chaque permanence», regrette le jeune homme. L’association aimerait donc disposer d’un lieu plus pratique pour accueillir le matériel. Faute de mieux, l'association tiendra sa prochaine permanence à la salle du Verger de Sâles en ramenant son matériel en attendant une meilleure solution pour le stocker au plus proche des permanences.
Info pratique : L’association est reconnue d'intérêt général et un don ouvre le droit à une réduction d'impôt égale à 66 % du montant versé.