80 ans de la capitulation nazie à Aix-les-Bains : une commémoration entre émotion et espoir
Cette cérémonie intergénérationnelle était également marquée par les conflits actuels qui règnent dans le monde. Photo : Claire Castelar
Ce jeudi matin à Aix-les-Bains, le square Alfred Boucher avait des allures de rassemblement pour la paix. Toutes les générations étaient réunies autour du Monument des Guerres pour célébrer le 80e anniversaire de la victoire des Alliés contre l'Allemagne nazie. Le 8 mai 1945 sonnait en effet la fin de la Seconde guerre mondiale en Europe après cinq années de conflit ayant causé la mort de 60 millions de personnes.
Cette année, la commémoration avait une résonance particulière, faisant écho au contexte international inquiétant voire menaçant. Bien plus qu'un hommage, toutes les voix se sont unies pour rappeler l'importance du devoir de mémoire, de transmission mais aussi de fraternité.
"La guerre semble être de nouveau proche de l'Europe"
" Par l'ampleur des pertes humaines, des destructions matérielles et des souffrances infligées aux populations civiles, la 2nde guerre mondiale se distingue des autres conflits et l'Allemagne nazie a perpétré un immense crime contre l'humanité dans tous les territoires occupés par son armée " a rappelé Jean-Pierre Laude, président de la section aixoise de la Société des membres de la Légion d'honneur, au nom de l'Union française des associations d'anciens combattants et de victimes de guerre. " La victoire des alliés, c'est la victoire de la paix, la victoire contre la barbarie nazie, la victoire de toutes les résistances face à l'agression nazie. Ces évènements datent de 80 ans et la guerre semble être de nouveau proche de l'Europe ". L'air du chant des partisans, devenu l'hymne de la Résistance, a résonné en musique sous le ciel gris et sur les visages émus, joué par l'Orchestre d'Harmonie d'Aix-les-Bains.
Vanina Nicoli, nouvelle préfète de Savoie, a ensuite lu message officiel de Sébastien Lecornu, ministre des Armées, et de Patricia Miralles, ministre déléguée auprès du ministre des Armées, chargée de la mémoire et des Anciens combattant, dont les derniers mots avaient une résonance particulière : "Alors que le cycle des commémorations du 80ème anniversaire de la Libération se termine, dans un monde où les menaces se multiplient, où des menaces anciennes planent à nouveau sur le pays. Alors que les rapports de force internationaux se reconfigurent, souvenons-nous des sacrifices qu'une génération entière de Françaises et de Français a acceptés pour libérer le pays, pour le reconstruire et pour nous donner les moyens de notre souveraineté".
"Nous sommes les héritiers de ces témoignages pour préserver la paix"
Renaud Beretti, maire d'Aix-les-Bains, a prononcé le mot de la fin, entre émotion, inquiétude et espoir : "Aujourd'hui nous célébrons l'anniversaire de la victoire mais plus seulement car le temps a passé. Nos ennemis de l'époque ne le sont plus, nos alliés d'alors ont changé, nous l'avons vu récemment, et les témoins de cette époque malheureusement petit à petit nous quittent". Selon le premier édile de la ville, "ce n'est pas seulement un anniversaire, c'est aussi une mémoire que nous devons entretenir, que vous les enfants allez devoir prendre en relève. Si on interroge chaque personne présente, chacune aura un témoignage. Chaque famille française, chaque famille des pays engagés dans ce terrible conflit a des souvenirs, des fractures, des blessures, des anecdotes.... Des souvenirs de combattants, blessés, mutilés, prisonniers, déportés, déplacés, travailleurs obligés, veuves, orphelins... Et ces blessures se transmettent parfois de génération en génération. Nous sommes les héritiers de ces témoignages pour préserver la paix".
De nombreux enfants étaient présents, une rose blanche à la main
Cette cérémonie était marquée par la présence de nombreux enfants de tous âges. Dans la foule, beaucoup étaient venus en famille. Parmi les participants, munis d'une rose blanche qu'ils ont ensuite déposée au pied du Monument non loin des gerbes : le conseil municipal des enfants, les élèves des écoles primaires et des collégiens de la communauté israélite. Des membres du conseil municipal des enfants ont lu le poème "Liberté" de Paul Eluard puis "Ce cœur qui haïssait la guerre" de Robert Desnos sur les notes emblématiques de l'Hymne à l'amour. Ce moment de communion était palpable entre les centaines de personnes présentes (Aixois, élus, autorités, 3e compagnie du 13e BCA, cadets de la gendarmerie, porte-drapeaux, sapeurs-pompiers, forces de sécurité, associations d'anciens combattants...)