Crise sanitaire bovins : la coordination rurale et la confédération paysanne se mobilisent
Des éleveurs de la Confédération paysanne ont expliqué la mobilisation. - Photo : Alexis Fernandez
Les jours se suivent et se ressemblent pour la Coordination Rurale et la Confédération Paysanne. Alors qu'ils avaient déjà co-organisé une mobilisation à Chambéry au moment de la venue de la ministre Annie Genevard dans les deux Savoies, le message n'a pas changé mais le contexte oui. La mise en place massive de la vaccination des vaches n'a pas encore l'effet escompté.
En cause, le temps d'efficacité du vaccin qui semble difficile à connaître. "La vaccination a apporté beaucoup d'espoir pour un changement de gestion qui est apparemment loin d'être acquis. On nous annonce des temps de protection totale qui sont maintenant à 28 jours alors que la notice du vaccin indique entre dix jours et trois semaines, donc on a l'impression qu'on recule encore et toujours ces échéances", regrette Noémie Lachenal, une éleveuse de brebis et membre du bureau de la Confédération Paysanne.
Le nombre de foyers de la maladie évolue chaque jour et induit également un nombre toujours plus important d'abattages de troupeaux. Une situation qui ne peut plus durer pour une partie des éleveurs. "On veut que la ministre Annie Genevard entende qu'il faut arrêter l'abattage total des vaches", annonce Stéphane Galais, le porte-parole national de la Confédération Paysanne. Les deux syndicats se sont donc mobilisés devant la chambre d'agriculture d'Annecy ce vendredi 8 août.
"On est capable de mettre de côté nos divergences pour des luttes qui nous concernent tous et reprendre un peu la main sur ce bâtiment qui nous appartient aussi un peu. Il est censé nous représenter et nous défendre et pour le coup, dans cette crise, il a représenté une mise en œuvre sur le terrain des prescriptions de l'État plutôt qu'un partenaire des paysans", déplore Noémie Lachenal. Environ 200 personnes se sont donc réunies pour porter le message. Ils ont pu avoir un contact avec un représentant de la chambre et le cabinet de la préfecture de Haute-Savoie.
Une réflexion sur la durée
Les éleveurs craignent par ailleurs une recrudescence des maladies à l'avenir avec le réchauffement climatique et espèrent plus d'adaptation. "On sait que les crises de ce genre vont se multiplier et ce n'est pas possible de donner toujours la même réponse sans prendre en compte les principaux concernés", dénonce Stéphane Galais.
Les paysans y trouvent d'ailleurs des similitudes avec d'autres maladies. "Vouloir éradiquer cette maladie au milieu du vivant, c'est aberrant et un peu ubuesque puisqu'a priori une fois qu'elle y est, elle va y rester d'une manière ou d'une autre. On a eu des exemples par le passé avec la brucellose où on a voulu faire pareil et on a toujours de la brucellose résiduelle dix ou douze ans après", constate Raphaël Baltassat, co-porte-parole de la Confédération Paysanne de Haute-Savoie.
Les éleveurs voient là une tentative de récupération d'un statut sanitaire indemne auprès de l'Europe en cas d'éradication de la maladie. S'ils ne nient pas l'intérêt économique, ils ne comprennent pas cette volonté. "Les pertes locales vont être dramatiques et ça ne justifiera jamais de défendre des statuts économiques", rejette Noémie Lachenal.
Les éleveurs condamnent également les prises de position envers les éleveurs qui se sont mobilisés pour sauver leur troupeau. "Ce n'est pas acceptable que ceux qui se sont mobilisés soient punis. Ils sont les victimes et sont traités comme des criminels", dénonce Stéphane Galais. Ils espèrent qu'un pas sera fait vers eux et vers une solution qui renforce l'immunité des troupeaux pour les futures maladies. D'ailleurs, une semaine contre l'abattage total devrait être organisée prochainement pour marteler ce discours.