Sylvia Roupioz au sujet de ses mandats : « je pense que j’ai bien fait mon travail »
Sylvia Roupioz, la maire de Boussy. - ©Alexis Fernandez
Vous êtes élue depuis 2003, et vous êtes sur votre dernier mandat. Quel bilan personnel faites-vous de vos mandats ?
Ça a changé ma vie parce que ça m'a ouvert à des choses que j'ignorais. Quand j'ai été élue, je n'avais aucune expérience. Je n'étais pas dans un conseil municipal auparavant et je ne m'étais pas vraiment posée la question de ce qu'on faisait dans une mairie, donc ça a été une grande découverte. J'ai passé mon premier mandat à apprendre le métier et après ça s'est déroulé tout seul.
Je n'ai pas choisi Boussy au départ parce que c'est mon mari qui en était originaire, mais ensuite j'ai aimé l'endroit. J'aime la campagne donc je n'ai eu aucune difficulté d'adaptation. J'ai trouvé qu'il y avait une certaine noblesse à présider une commune. La population m'a donné confiance 4 fois, je les en remercie. J'ai appris à les connaître et à les aimer. Le lien que j'ai aujourd'hui est un lien affectif, non seulement avec ma commune mais aussi avec ma population.
Justement, quelle différence faites-vous entre votre premier mandat et votre dernier ?
La société a beaucoup évolué ces 20 dernières années. Au départ, il y avait presque 100 % des gens qui habitaient la commune et qui étaient issus de familles installées là depuis très longtemps. Et au fil du temps, même si j'ai tenu un développement mesuré, des personnes qui n'avaient pas d'ancrage affectif avec la commune sont arrivées, mais elles se sont elles aussi adaptées très facilement, donc la population s'est mélangée en partageant le même amour de ce cadre de vie.
Quels sont vos plus grands accomplissements ?
Dans mon parcours, il y a quatre mandats de maire, deux de vice-présidente de la communauté de communes et un mandat de conseillère régionale. Mon mandat de maire m'a donné l'impulsion pour aller vers autre chose. J'avais apprécié la dimension des projets au niveau de l'intercommunalité, donc je m'y suis intéressée. J'ai fait deux mandats et plein de choses, dont l'urbanisme au premier mandat et les gens du voyage au deuxième. J'ai pris ça très à cœur. J'ai aussi piloté tous les travaux de rénovation de la communauté de communes, donc tous les travaux de réhabilitation des anciens tabacs pour faire le nouveau siège de la collectivité.
Pierre Blanc, que je remercie, m'a aussi confié la présidence de l'Office de tourisme parce qu'avant c'était une association. Il nous fallait un Office de tourisme professionnel, donc je me suis chargée de ça avec plaisir et je m'aperçois aujourd'hui que l'Office de tourisme fonctionne très bien. Mon gros dossier du deuxième mandat de vice-présidente, c'était l'urbanisme avec le premier PLU intercommunal, qui a été mis en révision très rapidement, finalement après la mise en application du premier.
Le troisième mandat qui m'a été proposé, c'était celui de conseillère régionale, mais là l'échelle n'est plus du tout la même. Il y a 12 départements, 3 métropoles, donc on ne raisonne plus de la même manière et c'est une assemblée plus politisée, donc le jeu politique intervient. J'ai trouvé que le travail était complexe mais on devient au fil du temps un couteau suisse, donc on élargit ses compétences et on devient un généraliste.
Vous n'allez pas continuer à la mairie ? À la région non plus ?
Non plus, parce que je suis atteinte par la limite d'âge. C'est triste à dire, mais quand on dépasse les 70 ans, il faut être raisonnable. Et puis comme on devient expert, c'est compliqué de travailler avec nous parce qu'on sait tout sur tout, donc il faut laisser d'autres idées s'exprimer.
Au niveau de la commune, il y a des projets que je ne veux pas faire parce que j'ai mon idée sur le contexte général politique du pays et je trouve que ça coupe l'herbe sous le pied des initiatives qu'on pourrait avoir au niveau local. À la mairie, j'ai annoncé depuis longtemps que je ne me représenterai pas, donc j'ai fait ce travail de former des gens et je pense qu'il y a un vivier de gens qui sont en capacité de prendre la suite. Parce qu'il ne suffit pas d'avoir des idées. Il faut aussi avoir de la compétence.
Quels sont les projets en cours à Boussy ?
Il y a les projets à court terme et à long terme. Évidemment, je veux clôturer mon mandat en ayant accompli ce qui m'a semblé prioritaire. Cette année, on fait les bricoles qui coûtent beaucoup d'argent quand même mais qui ne sont pas de gros projets. Je mets l'accent sur le cimetière qui est un lieu de recueillement pour beaucoup de gens.
Le travail sera terminé pour la fin du mandat. Il y a aussi des aménagements de voirie, qui sont un sujet compliqué parce que si vous n'en faites pas, les gens vont se plaindre de la route cabossée devant chez eux, et si on fait un tapis d'enrobé c'est la vitesse qui pose problème. Donc pour le réseau communal, je fais en sorte que ce soit roulable et que ça reste dans le cadre de la sécurité. Cette année, je mets en place des choses qui ne seront pas faites après, pour laisser à ceux qui vont me suivre la possibilité d'avoir des gros projets, parce que moi en 20 ans j'en ai déjà fait pas mal.
Après autant d'années de mairie, quel est votre sentiment global sur votre gestion?
Mon honneur, c'est que je laisse une commune avec zéro endettement. Au départ, j'avais emprunté parce qu'il y avait un besoin pour des gros projets et ensuite j'ai réduit la voilure. Le rythme de croisière n'était pas de construire à tout va pour être dans l'obligation de construire une nouvelle école mais de fonctionner avec ce qu'on a pour ne pas envisager de trop gros développements et donc de trop gros endettements.
Je précise aussi que je laisserai une année d'avance de fonctionnement en trésorerie, donc j'en suis très fière. Je pense que j'ai bien fait mon travail. En tout cas, je l'ai fait avec passion. Je pense que les habitants trouvent une satisfaction à habiter dans ma commune et c'est ça qui m'importe.