Rumilly : la santé mentale au cœur d’un cinéma-débat
ciné débat santé mentale - Photo : Alexis Fernandez
Dans le cadre des semaines de l'information sur la santé mentale, le premier ciné-débat sur le sujet s'est déroulé ce mardi 14 octobre. Dans un premier temps, le film Sur l'Adamant de Nicolas Philibert a été projeté dans la salle 2 du cinéma Lumière de la ville.
Dans ce film de près de 2 h, on suit le quotidien d'un centre unique. Située sur la Seine à Paris, la péniche accueille des adultes souffrant de troubles psychiques et propose un cadre de soins et d'activités. Les personnes touchées sont ainsi présentées face à la caméra et ont l'occasion de montrer leur quotidien et de s'exprimer librement. Le film tente de réhumaniser des personnes souvent mises de côté dans la société.
L'importance de l'humanisation des malades
Après la diffusion de ce film documentaire, une table ronde s'est orchestrée. Un moment durant lequel la cinquantaine de personnes présentes (hors intervenants) a pu poser des questions et échanger avec des professionnels de santé et des bénévoles d'associations impliqués sur ce sujet de la santé mentale. Ils ont pour la plupart apprécié " un lieu de vie extraordinaire " dévoilé dans le film. Une bonne partie des participants semblait d'ailleurs concernée par la thématique de près ou de loin.
Les intervenants invités à s'exprimer à l'issue de la projection ont pu expliquer bon nombre de choses et répondre à une multitude de questions. Face à la stigmatisation récurrente des personnes malades, les intervenants du Centre hospitalier d'Annecy Genevois (CHANGE), de l'UNAFAM et de Kollao ont apporté un message très humain. " Nous portons haut et fort la déstigmatisation des personnes atteintes de maladies psychiques ", clame Norya Lavorel.
Des personnes impliquées dans l'association Kollao, atteintes de troubles psychiques, ont également livré un message d'espoir. " Je fais partie de Kollao pour montrer aux gens que, grâce aux soignants, on peut y arriver ", explique une femme atteinte de schizophrénie. Elle a d'ailleurs pu expliquer son parcours et l'arrivée de la maladie dans sa vie. " On n'est pas un trouble mais une personne ", appuyait également Audrey, à qui on a décelé tardivement l'autisme et un trouble du déficit de l'attention (TDA).
Des moyens limités
Malgré cette bonne volonté, les moyens mis à leur disposition restent limités. Un spectateur regrettait par exemple des délais importants pour les rendez-vous, qui empêchent souvent un suivi nécessaire et optimal." On n'a pas vu d'amélioration malgré la priorité annoncée par le gouvernement ", confirme un autre participant au ciné-débat.
" On fait avec les moyens qu'on a. Les gens ne sont pas accueillis aussi bien qu'on le voudrait ", accorde Laetitia Maison, une infirmière au Centre Médico-Psychologique pour Adultes d'Annecy. Le manque de médecins se fait là aussi ressentir.
Pour mieux accompagner leurs proches, les intervenants ont invité à se former via des formations qui peuvent permettre de déceler plus facilement quelqu'un qui va mal. " Du jour au lendemain, il y a un changement de comportement qui dure ", expliquait Norya Lavorel, bénévole à l'UNAFAM, en revenant sur son expérience personnelle. Alors que le manque de soignants est un problème qu'il sera difficile de changer rapidement, les intervenants espèrent que le sujet sera davantage abordé pour changer les mentalités et permettre à tous d'adopter un regard bienveillant et humain.