Au cœur d’un étonnant caisson, ils réalisent leur baptême du feu
Les flammes embrasent les fumées qui s'échappent. - Photo :SDIS 74
"On a fait le choix d'un équipement de pointe au service de toutes et tous", valorisait le président du conseil d'administration du SDIS Martial Saddier au moment de l'inauguration.
Un outil de pointe pour la formation
Le nouveau centre d'entraînement à feu réel est, en effet, le plus sophistiqué possible. Un choix qui s'explique par la nécessité de préparer au mieux des interventions de plus en plus complexes sur des lieux d'incendie. "Le but de ce type de caisson c'est de reproduire les conditions d'un véritable incendie et ainsi donner aux sapeurs-pompiers une première expérience du feu en dehors de l'intervention", explique le commandant Rémi Viard.
Néanmoins les conditions restent du caisson restent à éviter lors de véritables incendies pour les sapeurs-pompiers. "Ce qu'on voit en simulateur, c'est ce qu'on doit éviter en intervention", poursuit Rémi Viard. Le centre d'entraînement à feu réel est composé de deux caissons maritimes qui sont isolés par l'intérieur. Le premier avec un foyer fermé permettant l'observation de phénomènes thermiques en statique et le second avec un foyer ouvert qui permet l'entraînement aux techniques de lance et à la progression en ambiance thermique.
Ces deux équipements sont donc complémentaires pour permettre aux sapeurs-pompiers de mieux comprendre et appréhender les incendies auxquels ils seront confrontés. Au-delà de son utilité pratique, le centre d'entraînement à feu réel est également le plus respectueux de l'environnement possible grâce à un système de traitement des fumées qui permet de brûler les résidus de combustion et ainsi diminuer les rejets atmosphériques. "Le système permet aux caissons de ne pas produire de fumée et ainsi de réduire considérablement la pollution", explique Rémi Viard. Lors des entraînements, des palettes de bois non traitées (bois brut) sont positionnées dans le caisson et allumées pour reproduire la croissance d'un feu.
Des températures au-delà de 800 degrés
Dans les caissons, les températures peuvent grimper de manière très importante comme dans les conditions réelles. La température du haut du caisson peut dépasser les 800 degrés. Pourtant, ce n'est pas le facteur de dangerosité à prendre en compte. "La température est variable à l'intérieur du caisson mais le plus dangereux c'est le rayonnement produit par les fumées chargées en suie ou par les flammes", détaille Rémi Viard.
Pour ne pas se mettre en danger, les sapeurs-pompiers sont donc tous équipés en conséquence avec un équipement complet. Celui-ci comprend une sous-tenue en coton, une cagoule ainsi que des bottes de feu, un pantalon de feu, une veste de feu, des gants de feu, un casque de feu, un masque et un appareil respiratoire isolant. Cet équipement permet aux sapeurs-pompiers de résister temporairement au feu. Les tenues se chargent en chaleur mais elles ne peuvent pas résister indéfiniment.
Chargées en chaleur à la sortie du caisson, les tenues de feu sont aussi sales et le cheminement a été pensé en conséquence. "La chaîne logistique a été réfléchie pour que les sapeurs-pompiers puissent rentrer propres chez eux après un passage au centre de feu réel", explique Rémi Viard. Alors que 12 sapeurs-pompiers stagiaires peuvent passer chaque jour au centre d'entraînement à feu réel, 15 sapeurs-pompiers sont, eux, formés au pilotage des caissons pour mener à bien ces formations et guider les stagiaires. Au total ce sont plus de 3500 sapeurs-pompiers qui œuvrent sur le territoire. Le SDIS est d'ailleurs à la recherche de nouveaux pompiers volontaires pour les épauler au quotidien.
On a testé pour vous... le caisson à feu réel
Concernant le caisson à feu réel nous avons pu entrer dans ce nouvel équipement et nous mettre dans la peau ou plutôt dans la tenue des sapeurs-pompiers. Sous-tenue en coton, bottes de feu, masque, appareil respiratoire, casque... Au fur et à mesure qu'on enfile les équipements, on comprend la nécessité d'être bien protégé avant d'affronter les flammes.
On comprend aussi qu'être sapeur-pompier peut être un véritable exercice sportif. Avec tout le matériel, nous sommes déjà plus lourds d'au moins 12 kilogrammes avant d'entrer dans le caisson. Excitation et appréhension s'entremêlent au moment de rentrer dans le caisson de feu réel. Si pour les formateurs présents c'est une habitude, pour nous ça ressemble à un véritable baptême du feu. Avant ce moment, toutes les règles de sécurité ont été appliquées avec soin. Nous nous retrouvons donc répartis sur deux lignes à genoux de chaque côté du caisson.
Le froid de cette après-midi d'automne laisse place au feu ardent qui brûle du bois brut à l'intérieur du caisson. Des fumées noires ou blanches s'échappent de la pièce où la combustion se produit malgré la porte fermée. Celles-ci sont inflammables et on le comprend vite lorsque l'un des sapeurs-pompiers ouvre la porte et provoque une véritable vague de flammes au-dessus de nos têtes. Les flammes parcourent ces fumées à une vitesse impressionnante.
Nous pouvons observer les caractéristiques des fumées mais aussi la propagation du feu sans prendre de risques. Entre les deux rangées, un instructeur nous explique ce que les pompiers analysent lorsqu'ils sont confrontés à des incendies de ce type. Pendant 20 minutes, nous restons statiques et face aux flammes et aux fumées denses qui viennent sur nous. La chaleur ne se fait pas trop ressentir grâce à nos équipements, pourtant les flammes viennent sur nous, rendant l'immersion très impressionnante.
Les respirations dans l'appareil respiratoire isolant camouflent parfois les bruits environnementaux et il faut se concentrer pour écouter les instructions. C'est la raison pour laquelle on nous explique que les sapeurs-pompiers travaillent souvent un binôme avec pour que l'observation attentive soit possible. A la fin de l'expérience, il faut réaliser le cheminement inverse pour retrouver ses vêtements. Les tenues utilisées seront lavées avant d'être réutilisées.









