Colère des agriculteurs : Le péage d’Alby-sur-Chéran bloqué et une partie de l’autoroute A41 coupée
"Non à la mort de nos élevages !", "Ensemble, défendons notre agriculture !"... La Confédération paysanne et la Coordination rurale se sont mobilisées main dans la main en Pays de Savoie pour mener une action coup de poing et soutenir le monde agricole français.
Le jeudi 18 décembre marquait une nouvelle fois la colère et le désarroi des agriculteurs, avec de nombreuses mobilisations initiées par les organisations syndicales partout en France. Ils dénoncent notamment une mauvaise gestion de la dermatose nodulaire contagieuse (DNC) par le Gouvernement avec l'abattage total des cheptels de bovins dès lors qu'un cas de la maladie est déclaré. En pays de Savoie, deux actions phares ont été organisées par la Confédération paysanne et la Coordination rurale. L'une au péage d'Allonzier la Caille le matin dès 7h et l'autre au péage d'Alby-sur-Chéran dès 11h. Nous étions sur place au rond-point de la sortie 15 de l'A41 (entre Grésy-sur-Aix et Seynod) puis sur la bretelle d'autoroute et enfin sur l'autoroute, au milieu des manifestants et des forces de l'ordre. Retour sur une matinée qui a démarré dans le calme avant que la tension monte pour certains.
Des mesures sanitaires inadaptées, injustes et inefficaces
Selon la confédération paysanne de Haute-Savoie, qui "exige un changement immédiat de la politique sanitaire face à la DNC", cette action s’inscrit "dans un contexte de colère agricole grandissante, face à des mesures sanitaires inadaptées, injustes et inefficaces, qui mettent en péril les fermes, les paysan·nes et l’avenir de l’élevage". L'ensemble des représentants de l'organisation syndicale se disent "plus déterminés que jamais pour arrêter ce massacre général".
Franchissement des barrières de péage... à pied.
A Alby-sur-Chéran, les dizaines de personnes mobilisées ont bloqué l'accès au péage dès 11h, avec des tracteurs et véhicules agricoles sur et autour du rond-point, encadrés par les forces de l'ordre (gendarmerie nationale). Brandissant leurs drapeaux dans le calme, la tension a commencé à monter au moment où les militants ont voulu atteindre l'autoroute dont l'accès leur a été interdit "parce que la préfète n'a pas donné son autorisation soi-disant pour des questions de sécurité"... Préfète que les deux syndicats devaient rencontrer ce même jour à 16h30 "en théorie" selon un des représentants de la Confédération paysanne. Après 1h30 d'attente, les organisations syndicales ont décidé de franchir les barrières du péage à pied (aux alentours de 12h30) malgré le refus des forces de l'ordre qui n'avaient toujours pas reçu le feu vert de la préfecture.
La première chose à laquelle on s'oppose, c'est l'éradication totale des troupeaux"
But atteint... Sauf pour les tracteurs qui n'ont pas réussi à se frayer un passage entre les véhicules de gendarmerie. "Mais on a quand même rempli notre objectif car l'autoroute est fermée depuis plusieurs heures maintenant" témoigne Thierry Bonnamour, porte-parole de la Confédération paysanne. Concernant les secteurs qui ne sont pas encore vaccinés en Haute-Savoie et en Savoie (pour rappel, c'est en Savoie, dans la commune d'Entrelacs (Cessens) que le tout premier cas de dermatose nodulaire contagieuse est apparu en France l'été dernier), "on demande un élargissement de la vaccination et on attend que la préfète mette en place une cellule de crise qui coordonne l'ensemble des syndicats de la profession agricole, ce qui n'a pas été le cas. Aujourd'hui, on a une gestion sanitaire ministère-FNSEA et on voit le résultat " déplore Jérôme Déthes, membre de la Confédération paysanne élu à la Chambre d'agriculture Savoie Mont Blanc."On nous assène aussi que dans les Savoie, le protocole a fonctionné. Il semble y avoir eu des trous dans la raquette". Pour les deux représentants de la Confédération paysanne, il est "urgent" de déclasser la maladie (Catégorie A : maladie normalement absente de l'Union européenne = Éradication immédiate) "car la première chose à laquelle on s'oppose, c'est l'éradication totale des troupeaux".
"On appelle les gens, tous les paysans, les paysannes à nous rejoindre"
Thierry Bonnamour l'a annoncé dès le début du blocage :"On veut rester sur place le plus longtemps possible pour obtenir nos revendications : l'arrêt des abattages totaux, la vaccination élargie des troupeaux et la non signature de la France sur l'accord avec les pays du Mercosur". Puis il s'est adressé à l'ensemble du monde agricole pour que la solidarité grandisse : "On appelle les gens, tous les paysans, les paysannes à nous rejoindre, quel que soit leur syndicat". Jérôme Déthes a précisé que "pour le moment on envisage de rester jusqu'à samedi, après cela a dépendra des forces qui seront présentes sur ce blocage-là et des évolutions de la situation, qu'elles soient locales ou nationales".
Selon nos dernières informations (actualisées le 19 décembre), l'autoroute a été rouverte à la circulation en fin de journée, mais le blocage se poursuit au rond-point du péage.





