Mais où sont les commerçants ?
Rumilly n’est, certes, pas une exception ! Et nombre de villes moyennes, et même de grandes villes, voient leurs commerces de proximité, les «petits» commerces, péricliter au profit de grandes surfaces installées en périphérie. Et si le principe «no parking, no business» a fait prospérer les cadors de la grande distribution, aujourd’hui le commerce numérique, le e-commerce, creuse encore l’écart entre les grands groupes économiques et les commerçants de quartier.
«Dans l’ensemble, le commerce de détail oscille entre stagnation dans certains secteurs (maison, décoration, habillement, accessoires) et décroissance dans d’autres (commerce de bouche, épiceries)», constate un économiste. « A ce bilan morose s’oppose l’insolente prospérité du commerce en ligne dans ces mêmes secteurs, avec des croissances de 10, voire 20 % par an ».
Des conséquences
désastreuses
Rumilly n’est pas une exception mais la ville subit, de plein fouet, des habitudes d’achat qui évoluent au désavantage des commerçants. Comme le «show rooming» qui consiste à aller voir les articles, les essayer, dans les commerces de ville avant de les commander sur internet.
Pourtant, selon le même économiste, « Si les commerces de proximité venaient à disparaître, les conséquences sur la vie des villes et le bien-être des habitants seraient dramatiques : déshumanisation du commerce, destruction massive d’emplois, désertification de quartiers entiers car «sans destination» ou «sans animation», disparition progressive des artisans et donc d’une partie inestimable du patrimoine culturel.
Cette situation s’accompagnerait d’une réduction drastique des choix des consommateurs : le nivellement par le bas des prix et l’uniformisation réduiraient les offres en ville à quelques distributeurs imposés de fait comme seuls canaux de distribution restants».
Pas question, pourtant, de baisser les bras ! Et nombre de commerçants relèvent le défi. En offrant leur expertise au client, en proposant, dans des ambiances thématiques, des animations, des découvertes. En ne se contentant plus d’exposer des marchandises et en utilisant toutes les ressources du numérique.
Un potentiel
A Rumilly, «les commerçants travaillent», constate Pascaline Decarre, co-présidente de l’UCRA, Union des commerçants Rumilly Albanais. Même si «le commerce semble en panne, le linéaire commercial fonctionne bien. Une aide financière était attendue depuis longtemps. Cela permettra à certains de redynamiser leur entreprise». C’est dire que le plan d’aide au commerce lancé dans le cadre d’Action Cœur de Ville (lire l’hebdo des Savoie du 2 mai dernier) est plutôt bienvenu…
D’autant que de nombreux professionnels sont prêts à s’investir. Ici comme ailleurs, «les commerces de proximité apprennent à exploiter ce qui fait leur différence par rapport aux distributeurs généralistes, c’est-à-dire le caractère unique de leurs produits», expliquent encore les spécialistes.
«Et si le commerce local inquiétait les économistes il y a quelques années », constate un autre analyste, «il est désormais de plus en plus sollicité et attire de plus en plus de consommateurs à la recherche d’une qualité de produit unique et d’achat plus écoresponsable».
Et pourtant !
Et pourtant, le moral semble plutôt bas dans les boutiques du centre ville. En témoigne le message envoyé aux adhérents de l’union commerciale rumillienne. «Cette année la Braderie des Commerçants et Artisans créateurs, prévue le 15 juin, n’aura pas lieu.
Le bureau ne peut pas supporter l’organisation de cet évènement avec si peu d’adhérents et de membres actifs. De même, pour la Fête des Mères le 26 mai, toutes les personnes désirant des roses pourront aller les retenir directement chez le fleuriste de leur choix».
Depuis des années, malgré les efforts de plusieurs «générations» de commerçants, et même ceux des élus municipaux, il n’a jamais été possible de mobiliser l’ensemble, ou au moins la majorité, des professionnels au sein de l’UCRA. Signe d’un désintérêt pour les actions collectives ? D’un manque de solidarité entre professionnels ?
Ces jours-ci, un commerce «historique», une librairie installée depuis des dizaines d’années au centre ville, ferme ses portes…