«la philosophie qui a guidé notre action»
Un dernier rendez-vous avec les citoyens ? Une justification en forme de satisfecit ? Ou un «testament» politique à l’intention de ses successeurs potentiels ? La dernière cérémonie des vœux pour le maire de Rumilly, désormais «sortant» avant d’être «ex», avait un parfum particulier que le public, quelque 300 personnes en pleine empathie, a savouré au fil d’une très longue allocution.
Près d’une heure d’un discours en forme de bilan dont le but avoué était bien, pour Pierre Béchet de «tenter de vous exposer qu’elle a été ma ligne de conduite et celle de mon équipe municipale pendant ces 12 années. Vous exposer en quelque sorte la philosophie de notre projet, la philosophie qui a guidé notre action».
Entouré des conseillers municipaux, y compris ceux du Conseil municipal des jeunes, et d’un parterre de parlementaires, élus locaux et responsables des institutions et associations, le maire a voulu justifier une ligne de conduite dont l’origine se situe bien en amont de ses propres engagements politiques. Car, pour lui, le point de départ de son action, c’est qu’il était nécessaire de protéger une commune comme Rumilly des appétits de ses grandes voisines dont le développement exponentiel a eu comme conséquence la dérive des petites villes périphériques vers «de vastes banlieues telles qu’on les connait aujourd’hui, avec des conséquences désastreuses en matière de déplacements et d’équilibre social des populations».
«J’ai senti que c’était à nous de choisir, c’était à nous de décider pour que d’autres ne décident pas à notre place comme dans l’épisode tragicomique du rattachement administratif d’Alby à Annecy […] Par conséquent, me battre pour la centralité de Rumilly a été pour moi tout au long de mes deux mandats, la mère de toutes les batailles».
«C’est à Rumilly que ça se passe»
Une position qui a justifié toutes les actions engagées par l’équipe municipale, que le maire a énumérée chapitre par chapitre.
Les équipements publics, qu’ils soient culturels (Quai des Arts, Musée, cinéma, restauration des fresques de l’église, etc.), sportifs (gymnase et stades, boulodrome, salle de boxe), scolaires ou hospitaliers.
Les opérations de rénovations urbaines, entre voiries, parkings et nouveaux quartiers, jusqu’à la requalification du site de l’ancien hôpital et la réalisation du Jardin de la vieille ville. Et jusqu’au programme «Action Cœur de ville» et ses trente actions dont Pierre Béchet espère que «au mois d’avril, de nouvelles équipes s’en saisiront pour les mener à bien ».
Bien sûr, le maire ne pouvait faire l’impasse sur l’intercommunalité. Un chapitre qui lui a donné l’occasion à la fois de confirmer le besoin de mettre Rumilly au centre («c’est à Rumilly que cela se passe et pas dans les communes rurales»), et de régler quelques comptes a posteriori en rappelant des «débats qui n’ont pas été à la hauteur de cet enjeu». Et en égratignant au passage des «parlementaires qui ne nous ont pas aidé avec la désastreuse loi Notre».
Et comme lorsque l’on a l’occasion de parler devant trois candidats à la mairie à la fois, il serait dommage de ne pas en profiter, Pierre Béchet leur a lancé un conseil : «J’entends dire aujourd’hui que le Maire de Rumilly devra présider à l’avenir l’intercommunalité. Il n’est jamais trop tard pour bien faire mais on aurait pu y penser plus tôt, on a pris tant de retard». A bon entendeur…
Le fameux «vivre ensemble»
Au-delà des questions sensibles de développement de la ville, le bilan du maire a touché également aux questions du «vivre ensemble».
Un élément que beaucoup de rumilliens voient de manière de plus en plus négative face à une urbanisation jugée incontrôlée. «L’augmentation de la population de Rumilly n’est pas issue une volonté politique, c’est un phénomène naturel qu’il est pratiquement impossible à contrôler. Encore faut-il que cette croissance soit équilibrée. Ce n’est pas le cas…», a reconnu le maire.
Déplacements trop nombreux, équilibre social bousculé, communautarisme, etc. : «nous avons souvent touché du doigt toutes les mesures à mettre en place pour construire ce fameux vivre ensemble au sein d’une collectivité comme la nôtre. Ce n’est pas facile et il faut y apporter une énergie considérable, mais ça en vaut vraiment la peine».
Avant de nommer, un par un, et de faire applaudir les membres du conseil municipal, le maire a abordé, bien trop rapidement aux yeux de nombre de citoyens, la question environnementale.
En transmettant un flambeau tout juste allumé par «un plan communal de développement durable ambitieux» à ses successeurs à la mairie.
Ovation debout
«Je me suis engagé corps et âme au service de ma Commune […] Il me restera de ces deux mandats une succession infinie de rencontres […] Le souvenir de ces moments privilégiés restera pour moi un véritable trésor que je vais emporter avec moi».
Commencée dans l’émotion, cette soirée, avant de partager les galettes des boulangers de la ville, ne pouvait se terminer que par une superbe «standing ovation».
Toute la salle s’est levée pour applaudir, une dernière fois même s’il reste deux mois avant le changement d’équipe, celui qui a présidé aux destinées de la commune durant douze années et qui, avant de quitter la tribune a eu une recommandation : «Je ne peux que vous encourager à continuer à faire de la politique, croyez-moi, notre pays en a besoin».