Moi, je dis «Chapeau» !

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Parfois, on me reproche, avec raison sans doute, d’être trop négative, de tout critiquer, de ne voir que le mauvais côté des choses. C’est un peu vrai, je ne suis pas de nature très enthousiaste et j’ai tendance à chercher la petite bête.
Cette semaine, j’aurais pourtant quelques motifs de râler. Parce que me retrouver à la maison avec mes deux zouaves de gamins un peu surexcités et particulièrement rétifs à tout travail scolaire, ça n’a rien de réjouissant. Même si j’ai la chance de pouvoir continuer à «télétravailler» sans trop de difficultés. 
Et puis, même si je ne suis évidemment pas la seule, c’est un peu difficile d’envisager de rester enfermés durant plusieurs semaines. Et encore, je vis à la campagne, je peux sortir dehors… 
Mais je n’ai pas envie de râler. D’abord parce que ce n’est pas le moment, il faut se mobiliser et tout faire pour bloquer ce maudit virus. Et puis parce que j’ai été témoin d’un truc qui m’a un peu scotchée.
Vendredi, on n’était pas encore confinés et je suis passée voir ma cousine qui habite à quelques dizaines de mètres de chez moi. Ce soir-là, son fils est arrivé, un jeune homme plutôt brillant qui exerce la noble profession de professeur de mathématiques. Inutile qu’il me parle de son art, je n’y comprends rien du tout ! Pendant que j’étais là-bas, on apprend la fermeture des écoles, collèges et lycées. Lui, il enseigne à des étudiants en classes préparatoires qui auront des concours à passer ce printemps. C’est dire que, pour eux, ce n’est pas le moment de flancher.
Et bien j’ai vu ce grand gars qui, à quelques années près a l’âge de mes enfants, démarrer au quart de tour. Sans penser à dîner, il a préparé, sur son ordinateur personnel, une liaison par internet avec ses étudiants, organisé un studio avec tableau noir chez lui et emprunté une caméra à un copain. Jusqu’à trois heures du matin, il a préparé ses premières interventions pour le lundi matin et dès le lendemain, testé son organisation pour voir si tout fonctionnait. 
J’ai pris des nouvelles dimanche, il était toujours en train de préparer les cours qu’il allait donner depuis chez lui. Et lundi, premier rendez-vous en audioconférence et vidéo enregistrée pour que les étudiants ne perdent pas leurs chances de réussir leurs concours. Ils étaient d’ailleurs tous derrière leur ordinateur.
Moi, je suis restée un peu «baba» parce que, comme tant de mes concitoyens, j’ai tendance à considérer les profs comme des veinards un peu à part dans le monde du travail, plutôt portés sur les vacances… 
Mais là, j’ai révisé mon jugement. Parce que je ne pense pas que ce jeune mathématicien soit un cas isolé. Et j’en ai parlé (au téléphone, évidemment) avec des amies qui, toutes, avaient un épisode du même genre à raconter.
Alors, vraiment, je veux, pour une fois, être positive et montrer ce qui va bien. Et ça, ça va bien. Voir des jeunes aussi engagés dans leur travail, aussi motivés pour donner le meilleur, franchement ça me met du baume au cœur. 
Et même s’il a des reproches à faire au monde enseignant (qui compte, comme ailleurs, quelques brebis galeuses), le premier qui me dit que les profs sont «des glandeurs», je lui en envoie une qu’il n’oubliera pas de sitôt ! 

Lady Marianne
Pour m’écrire, c’est sur ladymarianne74@orange.fr

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