Un sanctuaire antique sur le site de la Pilleuse

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On les a vus durant plusieurs mois sur le site de la future zone d’activités de La Pilleuse qui doit être réalisée sur la commune de Seynod à «Chaux», près de l’échangeur autoroutier de Seynod Sud. Les archéologues de l’INRAP (Institut national de recherches archéologiques préventives) ont fouillé le site de fond en comble et, ces derniers jours, ils ont publié le résultat de leurs recherches.
«A Seynod, l'INRAP a mis au jour les vestiges d'un sanctuaire antique». En fait, il s’agit de plusieurs occupations remontant toutes à l'Antiquité, à l'exception d’un dépôt de crémation du Bronze final (XIe siècle avant notre ère) et d’une fosse-silo de la fin du haut Moyen Âge (Xe-XIIe siècle de notre ère).
Fosses et sanctuaire
La première occupation des lieux est datée de la première moitié du Ier siècle de notre ère, caractérisée par un «enclos fossoyé» dont la fonction reste à définir. Trois fosses d’extraction et un axe de circulation sont associés à cette première occupation. 
La deuxième phase d’occupation antique, à partir du milieu du Ier siècle de notre ère, a vu l’aménagement d’une large voie, d’une largeur de 10 mètres, qui aurait pu desservir le sanctuaire découvert sur le site et qui a fonctionné jusqu’au milieu du IVe siècle. Elle aurait permis l’installation de dépôts de crémation : l’un de sept sépultures, l’autre de 24.
Les vestiges de ce sanctuaire, découverts sur la partie nord-est du site, correspondent à la troisième phase d'occupation romaine. S’il ne reste des bâtiments que les fondations, ces vestiges sont suffisants pour identifier, pour l’un d’entre eux, un petit temple.
Les fosses cultuelles se répartissent en trois ensembles. Certaines d’entre elles contenaient «un riche mobilier dont une gourde en fer et alliage cuivreux, datée de la fin du Ier siècle à la fin du IIIe siècle de notre ère dans un état exceptionnel de conservation et un buste-applique représentant une divinité féminine en alliage cuivreux».
Une «laguncula»
Si la fin de la fréquentation du sanctuaire n’excède pas 360 de notre ère, «plusieurs hypothèses se dessinent quant à sa fondation : soit dès le début du Ier siècle de notre ère avec l’enclos fossoyé […] soit au début du IIe siècle de notre ère […] Les vestiges à caractère cultuel dégagés dans l’angle nord-est de l’emprise devaient se développer sur les pentes et peut-être le sommet de la colline sur laquelle est établi le sanctuaire de la Pilleuse». 
La gourde trouvée dans une des fosses du sanctuaire fait partie du paquetage type du légionnaire romain. Appelée laguncula et ne contenant pas de boissons alcoolisées, cette gourde est le troisième exemplaire trouvé en Gaule et un des rares complet. La gourde métallique a conservé trace de son contenu organique originel qui a été analysé. Il s’agit principalement de millet mélangé à une faible quantité de baies noires et de produits laitiers. «Vu le contexte de la découverte dans une fosse d’un sanctuaire, le contenu de la gourde permet d’évoquer un geste cultuel, tel qu’un sacrifice alimentaire».
Cet objet sera prochainement visible au Musée-Château d’Annecy, lorsqu’il rouvrira ses portes.

RC

Le rapport complet est disponible sur www.inrap.fr

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