Les services de l’État travaillent pour que tout se passe bien
Samedi, le Préfet de la Savoie, Louis Laugier, a présenté un état des lieux de la situation dans le département ainsi que les mesures prises par les différents acteurs pour que les semaines à venir se passent pour le mieux malgré que le virus circule encore.
Il a ainsi affirmé qu’il ne faut pas s’attendre à pouvoir retrouver notre vie d’avant dès cette semaine et que le déconfinement sera très progressif.
En effet, même si le département est vert sur la carte publiée par le gouvernement - grâce au respect des règles par les habitants - les mesures barrières et de distanciation sociale doivent continuer. Les mots clés annoncés par le Préfet sont d’ailleurs progressivité, flexibilité, concertation et responsabilité individuelle.
La situation sanitaire est positive
Loïc Mollet, directeur territorial de l’ARS, a pu faire un point sur la situation sanitaire. Ainsi, l’activité hospitalière est pour le moment raisonnable, légèrement supérieure à 50% de la capacité et avec une dizaine de personnes en réanimation à cause de la Covid-19.
Du côté des centres Covid du département, les dix sont toujours ouverts malgré une activité assez faible. Le virus circulant toujours, il faut en effet garder une certaine vigilance, «la fin du confinement [n’étant] pas la fin du virus.»
Au sujet du dépistage, M. Mollet reconnait un changement de doctrine assez radical de la part des services de santé publique, le dépistage étant maintenant considéré comme un outil qui permettra de casser les chaines de transmission.
Les personnes présentant des symptômes sont donc maintenant dépistée d’office, à condition d’avoir une prescription de leur médecin traitant. Ce dépistage pourra être effectué à la fois par les laboratoires publics et privés et les prélèvements effectués dans les centres Covid ou par des infirmières libérales, formées à la manœuvre. Les personnes malades seront ensuite accompagnées afin de les isoler et tracer leurs contacts pour limiter la propagation.
Ce «tracing» se fera sous la supervision de la Caisse Primaire d’Assurance Maladie (CPAM), dont Arnaud Laurent, directeur de la CPAM de la Savoie, nous indique qu’il est construit en trois niveaux.
Tout d’abord, le médecin traitant indiquera les informations au sujet de l’identité du patient à l’Assurance Maladie. Celle-ci pourra donc repérer les personnes avec lesquelles il y a eu un contact dans les 48 heures précédents l’apparition des symptômes pour évaluer les risque de propagation. Enfin, un confinement et un dépistage sera proposé à toutes ces personnes.
À partir du 11 mai, ce sont 40 personnes qui sont dédiées à ce «tracing» en Savoie. L’identité des personnes contacts doit en effet être trouvée en moins de 24 heures afin de casser les chaines de transmission le plus rapidement possible. Des équipes seront aussi mises en place afin d’assurer le suivi individuel des personnes.
Thierry Pothet, directeur de la DDCSPP (Direction Départementale de la Cohésion Sociale et de la Protection des Populations), nous indique que l’isolement pourra être mis en place de deux manières.
Dans la mesure du possible, les personnes seront isolées à leur domicile. Mais si ce n’est pas possible, 130 places sont prévues dans tout le territoire, dans des hôtels et des villages vacances. Ces places verront toute une logistique autour d’elles pour pouvoir répondre aux besoins individuels et sont réparties afin d’être à proximité du lieu de résidence habituel de l’individu.
Chacun est libre d’envoyer ses enfants à l’école ou pas
En ce qui concerne la réouverture des écoles, la priorité est la sécurité. Ainsi, aucun objectif quantitatif n’a été donné. Selon Éric Lavis, Directeur Académique de la Savoie, les impératifs sont avant tout sociaux, pédagogique et éducatifs.
La majorité des écoles sera ouverte dès le 14 mai et seulement un petit nombre ne le sera pas encore le 18, principalement en raison de contraintes d’espace plutôt que d’une absence de volonté des élus. Comme pendant le confinement, ce sont les enfants des personnels indispensables à la gestion de la crise mais aussi les enfants d’enseignants qui seront prioritaires.
Une fourchette large de 30 à 60% des enfants du département a donc été donnée pour ceux qui pourront être scolarisés, en roulement.
La liberté de choisir si les enfants retournent à l’école ou non est laissée aux familles mais il faut savoir que cela ne se fera pas «à la carte». Si un choix est fait, il faudra donc s’y tenir jusqu’à la fin de l’année scolaire.
En termes d’organisation, il faut savoir que les écoles ne seront plus un pôle d’accueil comme elles ont pu l’être. Le but sera d’offrir aux élèves des conditions optimales d’apprentissage.
C’est donc une reprise réelle de l’enseignement à laquelle il faut s’attendre. Le programme contiendra maintenant des modules sur le virus et l’épidémie afin que les élèves puissent en comprendre la teneur et le fonctionnement.
Enfin, les textes de lois prévoient que les maires ne pourront être tenus responsables en cas de contamination à l’école, cette responsabilité relevant du gouvernement. L’élu local pourra toutefois prendre un arrêt pour fermer les établissements de sa commune s’il estime la mesure nécessaire.
Déplacements : garder les bons réflexes
Comme tout le monde le sait, les restrictions de déplacements sont, depuis lundi, beaucoup plus souples que durant les semaines précédentes. Il est maintenant possible de se déplacer à travers tout le département sans restriction et dans un rayon de 100 km si l’on vient à devoir franchir une frontière administrative.
M. Laugier invite toutefois les habitants à garder les bons réflexes de distanciation sociale et à conserver un étalement des activités afin d’éviter les regroupements de personnes.
En ce qui concerne les activités de plein air, la montagne est désormais accessible mais avec quelques restrictions. Les refuges resteront ainsi fermés, probablement jusqu’au 2 juin, et la pratique d’activités est limitée à la journée dans le département. Bien entendu, elles ne pourront se faire qu’à titre individuel ou par groupe de dix personnes maximum pour le moment. Il ne faut donc pas prévoir de partir faire une randonnée de plusieurs jours, le bivouac demeurant interdit. De plus, en raison du manque d’entrainement dû à un arrêt de plusieurs semaines, les pratiquants sont invités à reprendre leur activité de manière progressive afin de monter en puissance au fil du temps.
Les parcs, jardins et espaces forestiers sont eux aussi de nouveau ouverts mais les plages et activités nautiques demeurent interdites.
Le préfet dit comprendre la frustration des usagers mais il préfère prendre quelques jours pour travailler avec les élus locaux pour que leur réouverture se fasse dans les meilleurs conditions. Il sera donc possible dans les jours qui viennent que les maires puissent obtenir une dérogation afin d’en autoriser l’accès. À Aix-les-Bains, Renaud Beretti a d’ailleurs déjà annoncé avoir fait une demande de dérogation qui n’a, à l’heure où ces lignes sont écrites, pas encore reçue de réponse.
L’économie est à relancer
Louis Laugier a tenu à rappeler que l’État a mis en place plusieurs dispositifs d’aide aux entreprises pour les aider à passer le cap de la cessation des activités. Dans cette optique, 50M€ ont déjà étés versés en Savoie au titre de l’activité partielle et des aides.
Il reconnait qu’il y a pu y avoir des difficultés lors de la mise en place des dispositifs mais que des équipes ont travaillé afin de les corriger et faciliter la tâche des entrepreneurs.
Au niveau des prêts garantis par l’État, 60M€ ont été sollicités. Sans livrer plus de détails, il a été annoncé que c’est souvent un type bien particulier d’entreprises qui demandent ces prêts. Face au nombre important de refus au niveau national, il y a aussi une volonté d’optimiser le dispositif afin qu’un plus grand nombre y ait accès.
En termes de tourisme, la préfecture prend le même ton que le Conseil Savoie Mont-Blanc et a annoncé qu’une campagne de communication serait mise en place pour promouvoir le tourisme dans les Alpes aussitôt que les bars et restaurant pourraient rouvrir.