Derrière la rue Montpelaz, des jardins…

Le 27 février dernier, le conseil municipal de Rumilly, dans sa séance publique qui devait, en principe, être la dernière du mandat, a approuvé le choix de l’Atelier des Cairns comme maître d’œuvre des aménagements d’espaces publics dans le cadre de l’opération d’aménagement de l’ilot Rue Montpelaz/Rue des Tours. Pour un coût prévisionnel, hors honoraires de maîtrise d’œuvre, de 2,3 M€ HT (1,9 M€ pour les espaces publics et 400 000 € pour les déconstructions et confortements), le projet veut offrir « des rues jardinées et un parc habité » avec, entre autres, une forte présence de végétaux, l’ouverture d’une « placette belvédère », des pergolas, etc. « Le projet propose une approche pour la vie future dans l’ilot rue Montpelaz / rue des Tours très convaincante, dans laquelle les rumilliens ainsi que les visiteurs du centre ville sont à même de se projeter », déclarent les élus rumilliens. Une démarche d’accompagnement de la concertation avec la population est, en principe, prévue durant les phases d’études avec deux ateliers d’une demi-journée avec les habitants, les commerçants, les « transitants », etc.
Pour l’équipe majoritaire au conseil municipal sortant, le projet est aujourd’hui sur les rails dans le cadre favorable de l’Opération « Cœur de Ville ». Pour Pierre Béchet qui se flatte de laisser à la prochaine équipe municipale une situation saine, « la méthode mise en œuvre est la bonne méthode, les personnes concernées, dans leur grande majorité, adhèrent au projet même lorsqu’il concerne un bien propre ».

Derrière le belvédère
« Dans leur grande majorité », peut-être. Certes, certains biens immobiliers ont déjà été acquis par la commune ou l’Etablissement public foncier sur le secteur. Mais nombre de propriétaires de maisons et appartements dans le quartier ne sont pas prêts à céder leur bien. En tout cas pas sans qu’une véritable concertation soit engagée. 
« Il ne s’agit pas de stigmatiser qui que ce soit », précise cette habitante du quartier, « ni de se plaindre inutilement. Mais de voir la réalité d’un quartier qui, s’il n’a pas une reconnaissance historique n’en est pas moins un quartier « témoignage » du passé rumillien ».
C’est pourquoi ces riverains, regroupés au sein du collectif « Amis des Tours », ont engagé des actions pour que le projet soit revu et discuté. Par exemple, que la question de fameuse placette de la rue Montpelaz soit examinée attentivement avant que le projet soit « acté » comme il a été annoncé au début de cette année. 
Prévue sur le côté ouest de la rue, cette placette, qui se veut belvédère sur la Néphaz située en contrebas, nécessiterait la démolition d’une propriété actuellement habitée. Pour le moment, il semble, même si la décision de l’implantation de la placette a été votée par le conseil municipal, que les propriétaires concernés n’aient pas, pour le moment, envisagé la vente de leur bien…
Si l’on admet que cet aménagement se fera, la question des jardins qui se trouvent derrière les façades, au-dessus de la rue des Remparts, se pose. Comment pourront-ils, au droit du belvédère, être mis en valeur ? Ces jardins ont été, si l’on en croit les historiens locaux, aménagés au cours des siècles entre les deux rangées de remparts censés protéger la ville. Détruites par les troupes de Louis XIII en 1630, ces fortifications n’ont laissé comme trace que l’alignement des maisons de la rue Montpelaz. Et les jardins qui font partie à la fois du patrimoine historique et des « poumons verts » de la ville. Et qui méritent de ne pas être oubliés.
Si personne aujourd’hui, et surtout pas les riverains, ne conteste la nécessité de « faire quelque chose » pour le quartier Montpelaz/Tours, il apparait au fil de l’avancée de ce dossier, que rien ne peut se faire sans prendre en compte toutes les données patrimoniales. 
Et, en particulier pour les « Amis des Tours », la prochaine équipe municipale, quelle qu’elle soit, aura à se préoccuper de ces questions pour que cette opération phare du « Cœur de Ville » soit réussie.