Un avion hybride fait escale à Annecy

Lecture 11 minute(s)

Du 05 au 11 juillet, Edeis et VoltAero se sont engagés à promouvoir un modèle d’aviation régional, respectueux de l’environnement et au service du désenclavement des territoires, en effectuant un tour de France en avion hybride. L’avion a débuté son 1er tour de France au départ de Lorient et prévoit de faire escale à Tours, Le Havre, Toussus le Noble, Troyes, Dijon, Annecy, Aix en Provence, Nimes, Toulouse et Rochefort. C’est peut-être l’avion du futur ! Ce petit appareil hybride a entamé son tour de France début juillet, et a fait escale à Annecy.

Propulser la mobilité de demain

L’équipe de VoltAero a mis au point un avion unique, le Cassio, entièrement fabriqué en France, doté d’un système de propulsion mixte hybride-électrique. Comme le précisait Olivier Galzi, Vice-Président d’Edeis (gestionnaire de l’aérodrome Annecy - Metz-Tessy) «C’est une nouvelle page de l’aéronautique mondiale qui est en train de s’écrire, cet avion est le plus puissant au monde, il est français et il vole. Il va apporter des réponses concrètes aux territoires. Le progrès avance et il avance de plus en plus vite». Vous l’aurez compris, cet avion, imaginé par Jean Botti, ex-directeur de l’innovation d’Airbus, et développé par VoltAéro vise à développer les besoins des territoires en termes de transport aérien, fiable et respectueux de l’environnement.

Escale à Annecy

Le Cassio 1, prototype, s’est posé ce jeudi 8 juillet sur le tarmac de l’aéroport d’Annecy-Metz-Tessy. La météo capricieuse de ses derniers jours a contraint les pilotes et les équipes d’adapter leur programme. L’atterrissage prévu à midi, aura finalement eu lieu à 15h45, dans le silence ! L’appareil sera décliné en 3 modèles de 4 à 6 places.

Ses concepteurs le voient «comme l’outil idéal pour désenclaver les régions peu ou pas desservies par les avions de lignes et les trains». N’est-ce pas l’opportunité de développer les petits aérodromes ? L’avion pourra être utilisé pour des voyages d’affaires, de loisirs, mais également pour des transports sanitaires (pour le plus grand).

Si le prototype a une autonomie de 100 km, grâce à l’énergie électrique, les futurs appareils pourraient en avoir une de 3h30 !  L’objectif étant de mettre en place des liaisons inter-régionales. Pour qui ? Pour les entreprises, les particuliers mais pas que… le grand modèle, si l’on ôte tous les sièges passagers, permet le transport de brancard… Cela ouvre le champ des possibles, quant aux transports de blessés, et / ou de malades nécessitant des soins de premières urgences.

Qu’en pensent les élus locaux ?

«On est sur une plateforme départementale qui est pérennisée, les contrats ont été renouvelés dernièrement. Avec les innovations que vous proposez que cela a tout son intérêt pour l’avenir. Nous surveillerons cela de près au niveau du département» dira Lionnel Tardy, Vice-Président du Conseil Départemental «J’ai eu l’occasion de visiter Airbus et de voir la construction de l’A380…  Quelle évolution ! Ce sont des technologies qui évoluent très vite, notamment au niveau des batteries. Les autonomies vont progresser et les usages aussi. Il y a quelques secteurs stratégiques qu’il faut que l’on conserve dans le département». Effectivement si l’aéroport a perdu un peu de son intérêt dans les dernières années, il pourrait maintenant, grâce à l’évolution des technologies, se développer de nouveau…

«Cela fait quelques années que je milite pour le maintien de cet aéroport, je suis également maire-adjoint de la commune de Metz-Tessy, l’essentiel des installations est sur notre commune. Beaucoup d’erreurs ont été faites avec les voies de chemins de fer, qui nous manquent aujourd’hui et qu’il ne faut pas refaire avec les aéroports. Aller vers une aviation décarbonée, moins nuisante c’est la solution d’avenir. J’applaudis des deux mains pour l’arrivée de l’aviation hybride électrique.» dira Ségolène Bischard, Conseillère Régionale Auvergne Rhône-Alpes. «Pour le transport médical, notamment pour les transplantations, nous sommes bien contents d’avoir des solutions aériennes, et il y a bien d’autres sujets pour lesquels l’aviation aérienne nous apporte des solutions que les autres modes de transport ne nous apportent pas, donc il ne faut pas opposer les modes de transports les uns aux autres, mais travailler pour qu’ils soient complémentaires et le moins nuisant et le plus écologique possible.».

Le projet a déjà reçu le soutien de la région Nouvelle Aquitaine, ce tour de France aura peut-être convaincu d’autres régions, c’est en tout cas le souhait des concepteurs du Cassio.

Entretien avec son créateur

D’après son créateur Jean Botti, le Cassio est l’avion hybride le plus puissant du monde et il est français !
A l’heure où de plus en plus de petits aéroports comme celui d’Annecy sont menacés de fermeture, la société VoltAero souhaite lancer une «3ème révolution aéronautique», en privilégiant l’électrique comme énergie «durable». Le prototype qui effectue actuellement son premier Tour de France sera décliné en trois modèles pour s’adapter aux usages de chacun. Jean Botti et son équipe souhaite commercialiser cet avion dès 2023 et vise la conception de 150 exemplaires par an.

Le Cassio 330

Le plus petit de la série. Avec ces 330kW (440 ch), il permettra de déplacer 4 personnes en 100% électrique sur 200 km. Pouvant effectuer environ 8 rotations par jour, ce véritable taxi volant sera même adapté aux fauteuils roulants.

Le Cassio 480

Il permettra de prendre en charge 6 personnes mais grâce à sa versatilité, il pourrait même prendre en charge des brancards, un atout majeur pour les services hospitaliers qui ont régulièrement besoin de transports rapides et sûres. Avec sa propulsion en hybride léger avec prolongateur d’endurance, ce modèle pourra effectuer des distances allant jusqu’à 600km.

Le Cassio 600

Tout comme le Cassio 480, ce modèle pourra prendre en charge des brancards, mais il pourra également transporter 10 passagers. Ces 600 kW (800ch) avec une propulsion en hybride lourd, lui permettront d’atteindre des distances allant jusqu’à 1200km.

En moyenne le Cassio permettra de réduire de 20% les émissions de CO2 pour les moteurs hybrides et de 100% pour le Cassio 330 qui fonctionne en pur électrique. Par ailleurs, sa bi-motorisation rendent l’avion plus sûre que tous les autres modèles comparables. En effet, chaque modèle sera équipé d’un moteur thermique qui permettra de recharger les batteries en vol. Si l’un des moteurs tombe en panne, c’est l’autre qui prendra le relai. Puisque ces moteurs fonctionnent avec des énergies différentes, l’avion devient beaucoup plus sure que les avions que nous connaissons à l’heure actuelle. Enfin, il aurait de quoi rassurer les riverains désirant préserver leur tranquillité puisque l’électrique permet de réduire la nuisance.

Cet avion «made in France» est une aubaine à l’heure où la réputation de l’aéronautique est mise à mal par son caractère polluant. Avec un marché estimé à 3,7 milliards d’euros, il permettrait à la France de devenir un pays pionniers dans le développement d’un système de transport aérien «sûr, silencieux, efficace et éco-responsable». VoltAero semble avoir trouvé une solution durable pour rapprocher les territoires. Si le Cassio était développé à l’échelle internationale, il pourrait transformer les quelques 23 000 trajets inter-régionaux en trajet 100% électrique. Ce projet, a d’ailleurs remporté le premier prix du concours de l’innovation : Europe’s Green Deal.

Lors de leur passage à l’aéroport d’Annecy Mont-Blanc, le PDG de VoltAero, Jean Botti, et le vice Président d’Edeis, Olivier Galzi, nous ont présenté leur avion.

Quels sont les configurationspossibles ?

Le Cassio connait une grande «versatilité». Le Cassio 330 permettra soit de prendre 4 passagers avec leurs bagages, ou 5 passagers avec un seul pilote, ou encore 3 passagers dont un handicapés avec son fauteuil roulant. Les Cassio 480 et 600 suivent la même logique, leur versatilité permettra de modifier le nombre de passagers afin d’y accueillir des brancards.

Quand seront-ils mis sur le marché ?

La production de ces avions devraient être lancé dès 2023.

A combien d’exemplaires sera-t-il lancé ?

Nous souhaiterions atteindre la production de 150 exemplaires par an. Cependant, nous devons dans un premier temps recueillir le soutient des élus régionaux et départementaux qui sont essentiels pour le développement de ce projet.

Qu’en-est-il de la fiabilité ?

Le Cassio est doté d’un moteur thermique et de plusieurs moteurs électriques. Initialement, le moteur thermique ne sert qu’à recharger les batteries qui sont essentielles au fonctionnement en électrique. Cependant, il sera tout à fait capable de compenser les moteurs électriques dans le cas où ceux-ci tomberaient en panne. Cette double source d’énergie est une garantie de fiabilité.

Pour quelle exploitation est-il adapté ?

Les utilisations potentielles du Cassio sont multiples. Premièrement, il permettra de rendre plus éco-responsables les propriétaires de jet privés qui voyagent généralement sur des trajets courts et moyen courriers ou les chefs d’entreprises qui ont besoin d’effectuer des trajets de courtes distance plusieurs fois dans la même journée. De même, la livraison de colis sera facilité puisque que la versatilité de l’avion permettra de supprimer tous les sièges passagers afin de transporter des colis.

Deuxièmement, il permettra de redonner un second souffle aux aéroports de proximités qui pâtissent des géants comme l’aéroport de Lyon ou de Genève. Il ne sera plus nécessaire de se déplacer à Lyon pour effectuer un vol jusqu’à Bordeaux. D’ailleurs, il permettrait même de combler les lacunes du train et de la voiture. Tout voyageur a pu se rendre compte des difficultés rencontrées dès que l’on veut traverser la France, les autoroutes et les lignes de trains étant très limitées, elles nous imposent régulièrement un passage par la capitale. Olivier Galzi, Vice-Président d’Edeis compare cet avion à un «TER aérien». Grâce à ces avions électriques, on peut tout à fait imaginer une ligne Annecy-Bordeaux pour un faible cout.

Troisièmement, il permettra aux hôpitaux de communiquer plus rapidement. Il arrive régulièrement que les hôpitaux réquisitionnent des convois policiers afin d’escorter une ambulance qui doit livrer en urgence un organe pour une transplantation. Ces trajets sont longs, polluants et non sans risque. La possibilité d’aménager l’avion pour qu’il puisse accueillir des brancards le rend très intéressant pour les services hospitaliers.

Qui sont les partenaires actuels ?

VoltAero s’est rapproché de la société Edeis pour son expertise dans le secteur de l’ingénieurie. Par ailleurs, l’équipe de VoltAero s’est associée avec la société Safran Transmission System pour la conception des hélices afin de réduire au maximum le bruit des avions et ainsi, préserver la tranquillité des riverains. Enfin, le projet est soutenu par la Région Nouvelle-Aquitaine.

Comme le souligne Jean Botti, «le prototype n’est pas encore optimisé mais au moins il vole». Les projets éco-responsables sont nombreux, mais souvent ils restent au stade de plan sur papier. Tandis que la société VoltAero a réussi, grâce à son expertise et celle de ses partenaires, à faire voler un premier avion en quelques années seulement. Le défis majeur reste encore l’optimisation des batteries qui ne sont, pour l’heure, pas assez performante pour offrir une autonomie suffisante pour effectuer des vols longs courriers. Cependant, l’équipe de VoltAero reste optimiste et fait pleinement confiance dans l’avancée des technologies. Par ailleurs, les batteries actuelles sont tout de même suffisamment performantes pour offrir une solution durable aux trajets régionaux. Olivier Galzi, Vice-Président d’Edeis évoquera un «moyen de désenclaver les territoires».

Publicité
Icone

Hebdo des Savoie

www.hebdo-des-savoie.fr

Ajouter à l'accueil