Manque de personnel : la secrétaire d’Etat en visite sur le territoire promet des solutions
Vendredi 28 janvier, Sophie Cluzel, Secrétaire d’État auprès du Premier ministre chargée des personnes handicapées, s’est déplacée dans le département afin de visiter le Foyer d’Accueil Médicalisé l’Hérydan qui héberge des adultes paralysés cérébraux sévèrement handicapés ou polyhandicapés. Œuvrant pour une société inclusive, Sophie Cluzel a répondu favorablement à l’invitation de Joëlle Petit-Roulet présidente l’ADIMC 74 (Association Départementale des Infirmes Moteurs Cérébraux) afin d’échanger sur la difficulté du recrutement dans le secteur du médico-social dont l’établissement, son personnel et ses résidents subissent les conséquences défavorables au quotidien. Cette visite, effectuée en présence d’Alain Espinasse, préfet de la Haute-Savoie, Richard-Daniel Boisson, sous-préfet, Véronique Riotton, députée de la 1e circonscription de la Haute-Savoie, Fabienne Duliège, conseillère départementale, de représentants de l’Agence Régionale de Santé (ARS) et de Pôle Emploi fut l’occasion pour la Secrétaire d’Etat de rencontrer les professionnels de santé, les familles et les résidents et d’évoquer les perspectives envisagées sur le territoire.
L’Hérydan, Foyer d’Accueil Médicalisé (FAM)
Géré par l’ADIMC 74, l’Hérydan, ouvert en 2013, accueille 37 personnes dont 31 en hébergement permanent, 4 en accueil de jour et 2 en accueil temporaire.
La volonté d’implanter l’établissement dans ce territoire rural était de rapprocher les résidents de la nature, de faciliter et favoriser les activités inclusives parmi la population. «Les Hérigeois sont très attachés à cette structure, nous sommes très sensibilisés par les problématiques de recrutement de personnel pour le maintien des lits ouverts car lorsqu’ils sont fermés, c’est dramatique pour les familles. Merci à l’ADIMC pour le travail qu’elle effectue avec Pôle Emploi, accompagnée par le Département et la Région» s’est exprimé Jacques Archinard, maire de Héry-sur-Alby.
L'établissement est financé à 70% par le Conseil Départemental pour l'accompagnement de la dépendance et à 30% par l'ARS pour les soins. Les budgets pour l’accompagnement du quotidien sont conséquents et permettent un taux d'encadrement élevé.
Besoin urgent de recruter
Bénéficiant d’un équipement de qualité, la direction n’arrive malheureusement pas à recruter un nombre suffisant de professionnels, au détriment du bien-être général. « Nous recherchons des aides-soignants, des AES (accompagnant éducatif et social), des moniteurs éducateurs et avons toutes les clés en main pour les former et les accompagner dans la compréhension du polyhandicap » informe Hélène Isnard, directrice du FAM. Les problématiques de l’établissement ne concernent donc pas le financement et sont intégralement liée aux difficultés d'attractivité et de fidélisation du personnel.
En parallèle de la méconnaissance du polyhandicap qui freine de nombreux candidats, la distance entre le domicile des professionnels et l'établissement situé en zone rurale, ainsi que le coût des logements dans le département renforcent leurs hésitations pour ne pas dire leur réticence.
Au vu de ces difficultés de recrutement de plus en plus importantes, l’ADIMC a alerté les pouvoirs publics afin de réfléchir à différentes pistes de solutions, notamment auprès des acteurs de la formation et de l’emploi. Ces réflexions ont ainsi contribué à la mise en place de plusieurs actions dont 2 sessions de formation de six semaines ouvertes aux demandeurs d'emploi avec un financement 80% du Conseil Régional et 20% par l’association. Sophie Cluzel a pu échanger avec certains salariés qui ont suivi ce parcours et entrepris une reconversion professionnelle.
«Nous avons créé une formation inédite et innovante avec Greta - Pole Emploi, dans les locaux de l’établissement car il faut former au plus près des besoins et la transmission du savoir, de la passion, elle se fait sur le terrain» explique Hélène Isnard.
Malgré ces actions, sur les 39 professionnels nécessaires à l'accompagnement du quotidien, 10 postes restent inoccupés et 10 autres sont occupés par des intérimaires ou des personnes en contrat de professionnalisation qui n’ont pas une bonne connaissance des techniques d'accompagnement individuel ni des résidents eux-mêmes, de leur fonctionnement et de leurs besoins. Cette situation génère pour les titulaires un fort investissement quotidien, en plus de leurs propres missions, pour compenser les absences et encadrer des professionnels en manque d’expérience malgré leur bonne volonté. Depuis quelques années, le nombre des démissions ne cesse d’accroître.
Pour des raisons de sécurité, 9 lits ont dû être fermés entre septembre dernier et le 17 janvier. Les familles présentes lors de cette visite ont pu témoigner des contraintes physiques et morales que cette situation a engendrées.
«Vous pouvez compter sur nous»
Sophie Cluzel, à l’écoute de chaque personne rencontrée et attentive au fonctionnement de l’établissement, a rappelé l’engagement du Gouvernement à apporter des réponses concrètes sur les problématiques salariales, avec notamment l’augmentation de 183 € destinée à une partie du personnel dans le cadre des accords SEGUR étendus au médico-social en novembre dernier. Elle a également rappelé l’engagement du Premier ministre de poursuivre ces efforts à l’issue de la conférence des métiers du médico-social qui se déroulera en février prochain, en concertation avec les collectivités départementales. D’autres champs d’actions sont en cours de réflexion au niveau de l’Etat et du département concernant les problématiques propres au territoire.
«L’inclusion, c’est tous les jours, c’est le vivre ensemble en permanence, quelles que soient les personnes et leurs besoins. Vous pouvez compter sur moi, sur nous, c’est ensemble que nous y arriverons, que nous trouverons des solutions. Nous avons, avec le Premier ministre, lancé une mission sur l’attractivité des métiers, pour redonner du sens à cette profession si indispensable : celle l’accompagnement au sens large du terme, au-delà de la reconnaissance professionnelle, salariale et de la rémunération qui est un enjeu majeur», a déclaré la Secrétaire d’Etat, avant de conclure : « Les personnes en situation de handicap vieillissent, félicitons-nous-en, cela veut dire que la prise en charge et l’accès aux soins s’améliorent».
Confrontés à ce contexte de crise mais portés par des soutiens grandissants, l’ensemble des acteurs du Handicap restent mobilisés autour de sujets et d’actions tels que la communication sur des métiers humainement enrichissants, la prise en compte des difficultés de logement, la prise en considération des besoins de répit des aidants et l’importance de faire évoluer les activités inclusives dans la société.