A Saint Sylvestre, on ne supporte pas le coq du village !

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On pensait que ce type d’affaire, ça n’arrivait que dans les grandes banlieues, là où l’urbanisation a tellement  grignoté sur la vie rurale qu’on en a oublié ses fondements mêmes. 
Et pourtant ! Après les cloches des vaches devenues nuisances insupportables pour certains rurbains, et malgré les innombrables bruits que notre civilisation engendre, entre tondeuses à gazon et motos tonitruantes, les coqs seraient maintenant cause  de «burn-out» et autres troubles auditifs insupportables. 
C’est en tout cas ce qu’on pourrait penser en découvrant l’histoire arrivée à Daniel, un habitant du hameau de La Gruy, à Saint Sylvestre. 
Une commune plutôt paisible qui, malgré une mutation de la population et une évolution des pratiques agricoles inévitables depuis quelques dizaines d’années, revendique son caractère rural.
Daniel, il soigne avec passion quelques poules, dans un poulailler que son père a construit dans les années 1950. 
Quelques poules et deux coqs. Ce sont ces pauvres gallinacés mâles qui ont provoqué la colère (à moins qu’un autre mot soit mieux choisi !) d’un couple de voisins. Ils ont porté plainte contre le propriétaire de ces malheureux volatiles, et fait constater le délit par huissier. «37,9 décibels !» : Daniel n’en est pas encore revenu. Il faut savoir que, question bruit, un simple lave-vaisselle émet moins de 50 décibels, un aspirateur de 75 à 85 décibels…
Il n’empêche que l’affaire est arrivée devant le juge qui a condamné Daniel : 3 000 euros de dommages et intérêts et 1 200 euros d'amende, plus les frais de justice. Il devrait faire appel de cette décision.
Pour Daniel, c’est un coup dur. Près de 6 000 € à débourser ! D’autant qu’il doit également empêcher ses coqs de chanter désormais. 
Cet été, il a masqué les fenêtres du poulailler pour retarder leur réveil… Mais il regrette que, alors que ce poulailler date de plus de 60 ans, personne ne soit venu le voir pour discuter de ses coqs. 
Il espère maintenant que, dans le cadre d’un nouveau procès, la jurisprudence «Maurice» pourrait s’appliquer à son cas. Le coq Maurice, en effet, sur l’île d’Oléron, avait été la cible de voisins irascibles qui avaient eux aussi, porté l’affaire devant la justice.
L’affaire avait fait beaucoup de bruit, même à l’international puisque le New York Times l’avait relatée. 
Le tribunal avait fini par donner raison à «Maurice» et avait condamné les voisins trop délicats à verser une indemnité de 1 000 euros aux propriétaires du coq et à payer les frais de justice.
L’affaire de Saint-Sylvestre n’a pas encore atteint le niveau international, mais elle a déjà eu les honneurs de la télévision régionale et, à La Gruy, on attendait les journalistes de TF1 cette semaine. 
C’est dire que ce type de condamnation absurde du monde rural a bien du mal à passer aujourd’hui.
Pour le maire de la commune, Pierre Froehlig, le chant du coq, comme la sonnerie des cloches, cela fait partie des bruits «sympathiques» de la campagne. 
Une pétition de soutien lancée sur change.org avait déjà, au début de cette semaine, recueilli près de 850 signatures.
Il ne s’appelle peut-être pas Maurice, mais il aurait aimé continuer à chanter. Comme tous les autres coqs.
RC

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