Accueillir les Ukrainiens dans les meilleures conditions possibles

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Depuis le début de l’attaque russe en Ukraine, survenue dans la nuit du 24 au 25 février, plus de 3 millions de personnes ont fui le pays et environ 20 000 ont été accueillies en France. Suite au discours du président de la République, le 25 février, annonçant que «La France, comme tous les autres pays européens, prendra sa part pour assister la population ukrainienne, mais aussi pour accueillir des réfugiés venus de ce pays», la préfecture de la Haute-Savoie a mis en place, en lien avec les collectivités, une opération de recensement des offres et des capacités d’accueil dans le département, via les mairies, les centres communaux d’action sociale (CCAS) qui relaie ces offres à la Croix Rouge, chargée de la répartition en lien avec l’association Alpha 3 A et la Direction Départementale de l'Emploi, du Travail et des Solidarités (DDTES).

Mercredi 16 mars, une conférence de presse était organisée à la préfecture à Annecy, en présence du préfet Alain Espinasse, de Thomas Fauconnier, secrétaire général de la préfecture, Chrystèle Martinez, directrice de la Direction Départementale de l'Emploi, du Travail et des Solidarités (DDETS 74), Mireille Vincent, directrice académique des services de l'éducation nationale (DASEN), Martine Vellard, directrice de la Police aux Frontières (PAF), Hugues-Lionel Galy, directeur régional des douanes et Rémi Bats de la Croix Rouge.

3 types de public annoncés

Alain Espinasse a évoqué les 3 types de publics susceptibles d’être accueillis : des personnes en transit, dont la plupart sont venues par le tunnel du Mont-Blanc, qui n’ont pas pour but de rester en Haute-Savoie ni en France ; des personnes arrivées dès le début du conflit de façon autonome ayant une adresse pour être hébergée, par leur famille ou des amis ; «la 3e catégorie qui va monter en puissance  sont les personnes qui arrivent en famille et/ou en groupes sans point de chute et pour lesquels il est urgent de trouver une solution d’hébergement» annonce le préfet.

Le but est de les accompagner à travers 3 étapes essentielles :
trouver un hébergement, leur fournir des papiers et s’occuper des enfants.

Dispositif d’hébergement

«Nous fonctionnons à la fois avec des moyens publics et privés, de nombreuses initiatives et propositions de logement ont été faites et je tiens à saluer l’élan de solidarité incontestable qu’il y a eu dans le département, à l’image du pays» déclare Alain Espinasse. Une adresse a été mise en place afin que les gens ayant une possibilité d’accueil se signalent. Le 16 mars, 3284 places étaient proposées dans le département dont 2911 étaient des places proposées par des particuliers (une place = une personne). Les autres sont en grande partie les collectivités.

Les personnes qui arrivent de façon individuelle, autonome, sont orientées vers la plateforme téléphonique d’accueil d’urgence le 115, pour une prise en charge provisoire. Concernant les arrivées plus massives, un dispositif a été mis en place, piloté par la directrice de la DDTES en lien avec la Croix Rouge, afin d’identifier les besoins et pouvoir orienter les gens vers les places chez les particuliers et collectivités.

Recherche de logements pérennes

Alain Espinasse précise : «il y a un énorme élan de solidarité que nous devons canaliser. Beaucoup de gens se mobilisent, en mettant à disposition des logements, mais il faut qu’ils aient conscience que les personnes accueillies vont rester durablement ici, plusieurs mois voire plusieurs années. Nous sommes très attentifs à pouvoir identifier les places les plus pérennes».

Concernant les initiatives citoyennes qui consistent à aller cherches des gens à la frontière ukrainienne, le préfet insiste sur le fait  qu’il s’agit de zones de guerre et que cela ne s’improvise pas sans en tenir informés les services de l’Etat, d’autant plus qu’il est important de pouvoir anticiper et assurer un hébergement pour ces déplacés, quitte à ce que ce soit dans un département voisin. «Aller chercher des gens sans savoir où ils pourront être accueillis, c’est tout sauf responsable. On ne sort pas les gens de la précarité pour les remettre dans une autre précarité. Il est donc essentiel de se  signaler en amont».

Protection temporaire

Un statut exceptionnel de «protection temporaire», offrant les mêmes avantages que pour les demandeurs d’asile (dont les démarches sont plus longues), a été mis en place par le Conseil de l’Union Européenne, début mars. Ce dispositif permet aux personnes en bénéficiant une protection internationale immédiate à laquelle sont associés un certain nombre de droits : délivrance d’une autorisation provisoire de séjour sur le territoire français d’une durée de 6 mois, versement de l’allocation pour demandeur d’asile (ADA), autorisation d’exercer une activité professionnelle, sous réserve de disposer d’une autorisation de travail, accès aux soins par une prise en charge médicale (couverture maladie), soutien dans l’accès au logement et la scolarisation des enfants mineurs.

La demande doit être formulée auprès de la préfecture de la Haute-Savoie qui dispose d’un accueil dédié  ou par mail à : pref-infoetrangers@haute-savoie.gouv.fr

Tous les lundis, le préfet tient une réunion avec les maires afin qu’ils soient au cœur du dispositif : «il faut inciter les gens qui font des offres de logement à se signaler auprès de leur maire».

Scolarisation des enfants

Au 16 mars, 68 enfants étaient identifiés par l’Education Nationale. 22 étaient inscrits dans le 1er degré, 32 en cours d’inscription ou d’enregistrement, 7 dans le second degré et 7 en cours d’inscription. «L’enjeu pour nous est de réussir l’accueil. Et cela ne pourra se faire de façon pérenne et stabilisée que s’il y a une collaboration avec tous les services de l’Etat mais aussi avec les élus» indique la directrice académique. Les différentes étapes : pour le 1e degré, la porte d’entrée est la mairie qui a la compétence de l’inscription, puis l’école qui enregistre les enfants. Concernant le 2nd degré, le 1er contact est le collège de secteur mais aucune inscription n’a lieu avant qu’un bilan de scolarité n’ait été établi.

«Notre volonté est de pouvoir accueillir autant d’enfants que possible dans la classe d’âge et au sein des UP2A (Unités Pédagogiques pour Elèves Allophones) qui sont au nombre de 45 dans le département pour le 1e degré, 15 en collège et 8 en post-collège. Actuellement, nous avons près de 300 places dans ces unités implantées dans les établissements et qui ont vocation à permettre à l’enfant d’être dans un accompagnement du français, langue de scolarité, de manière dense, 9h dans le 1e degré et 12 heures dans le 2nd degré. Une attention sur l’état psychologique est portée. Il est important que nous puissions identifier les signes de mal-être et de difficultés, et en lien avec l’ARS nous travaillons sur les modalités d’accompagnement. Le but est aussi d’accompagner les familles, il y a beaucoup de mamans seules, et de leur proposer d’intégrer le dispositif «Ouvrir l’école aux parents pour la réussite de la scolarité de leur enfant» qui comporte 3 volets : apprentissage du français, connaissance des valeurs de la République et connaissance des attentes de l’école vis-à-vis des élèves et des parents» détaille Mireille Vincent.

Recherche de traducteurs

Afin de faciliter l’accueil de ces ressortissants ukrainiens, toute personne parlant l’ukrainien ou le russe est invitée à se signaler :

Aux services de l’Education Nationale, pour de la traduction en milieu scolaire, en précisant son nom, prénom, domicile et téléphone à l’adresse suivante : cd.dsden74-scolarité@ac-grenoble.fr

A la préfecture, auprès de la Direction de la Citoyenneté et de l’Immigration, pour aider à la traduction dans le cadre des démarches de régularisation, en précisant son nom, prénom, domicile et téléphone à l’adresse suivante : pref-infoetrangers@haute-savoie.gouv.fr

Mais aussi pour se mobiliser auprès de la Croix Rouge et de l’association Alpha 3A.

 

 

C. C.

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