Aix-les-Bains garde la présidence
Mercredi 15 juillet, le conseil d’installation de Grand Lac a permis d’assister à une séance de politique dans tout ce qu’elle a de plus politicienne.
En effet, alors que Dominique Dord quittait son mandat comme prévu, ce sont trois candidats que se sont présentés pour devenir président de l’agglomération. Renaud Beretti, maire d’Aix, et Jean-Claude Croze, maire de Brison Saint Innocent, étaient des candidats connus de tous depuis plusieurs semaines mais Dominique Fié (conseiller municipal aixois) a attendu la veille au soir pour déclarer la sienne.
Bien sûr, Dominique Dord, en tant que président sortant, a fait un discours dans lequel il a montré tout son respect envers les élus qui ont décidé d’être acteurs plus que commentateurs. Rappelant ensuite que l’État français est foncièrement jacobin, il a affirmé espérer qu’une loi de décentralisation allait finalement arriver pour redonner du pouvoir aux collectivités locales, première administration à laquelle la population a affaire.
Trois candidats, trois méthodes
Renaud Beretti s’est vu proposé pour être candidat par Jacques Curtillet, maire de la commune d’Ontex. On notera la stratégie où la plus petite commune de l’agglomération propose le maire de la plus grande, pour montrer qu’il n’y a pas d’opposition. C’est d’ailleurs ce qu’a affirmé M. Beretti dans son discours, rejetant l’idée d’une grande commune dirigeant les petites. Il souhaite en effet qu’il y ait un équilibre entre chacune des communes et a rappelé qu’Aix-les-Bains a diminué son nombre de représentants pour justement laisser plus de poids aux plus petites communes. Il a d’ailleurs aussi affirmé vouloir conserver le modèle déjà en place où la plupart des décisions se prennent dans le bureau des maires et où chaque élu a le même poids que les autres.
Jean-François Braissand, maire d’Entrelacs, a quant à lui proposé Jean-Claude Croze à la présidence. Ce dernier a souligné plusieurs points importants qu’il aurait voulu prendre en charge s’il avait été élu. Parmi eux, la mobilité, alors que la délégation de service public va être revue dans les prochains mois et que certaines communes extérieures ont déjà affirmé se sentir lésées. Il a aussi souligné le plan climat, qui doit pour lui être le fil rouge du mandat, chaque décision devant être prise par rapport à ce plan. Mais il s’est surtout engagé à ne solliciter aucun autre mandat que cette présidence, et, faisant un geste envers son adversaire du jour, a proposé que Renaud Beretti soit son premier vice-président en cas d’élection.
Enfin, Dominique Fié a lui affirmer vouloir tourner la page avec le fonctionnement du dernier mandat qui transformait l’assemblée en une «simple chambre d’enregistrement». Il souhaite en effet que le pouvoir de l’exécutif soit ramené au minimum et que l’assemblée prenne des décisions plus fortes.
Beretti, victoire par KO
Il faut admettre que plusieurs observateurs s’attendaient à ce que la joute soit serrée entre les deux principaux candidats qu’étaient Renaud Beretti et Jean-Claude Croze. Principaux puisque déclarés depuis plusieurs semaines et ayant déjà fait le tour des mairies pour récolter le plus de voix possibles.
Et pourtant, Renaud Beretti a remporté le suffrage dès le premier tour, avec 63,2% des voix, M. Croze culminant à 35,3% et M. Fié à 1,5%.
Le nouveau président a alors amorcé un début de discours de politique générale, énonçant les grandes idées qu’il veut mettre en place. Ainsi, il souhaite que l’agglomération reste unie et a placé la question des transports au centre de l’échiquier. Il voudra d’ailleurs développer la marche et le vélo, comme c’est déjà le projet dans sa ville. Il souhaite donc développer la véloroute des cinq lacs et installer des petites vélo stations dans les communes qui le souhaiteront.
Dans le même sens que M. Croze, il a aussi affirmé que le développement durable et la transition énergétique seront des enjeux prioritaires qui seront pris en compte dans toutes les politiques publiques.
Vices présidences : la politique politicienne
Une fois le président élu, vient le choix des vices-présidences. Pour le premier vice-président, le choix était très symbolique puisque Jean-Claude Croze avait tendu une main ouverte à Renaud Beretti. Nicolas Jacquier, le maire de Drumettaz-Clarafond a donc proposé le candidat malheureux à la présidence tandis que Jean-Claude Loiseau (maire de Tresserve) était le candidat du maire Aixois. Avec 34 voix au compteur, M. Loiseau a tout juste obtenu la majorité absolue, séparant ainsi un premier tour. Une fois la deuxième vice-présidente élue, la coalition autour de M. Croze a demandé une suspension de séance. Initialement prévue pour durer cinq minutes, elle approchera finalement plus de la demi-heure. Lors de celle-ci, il a été possible d’observer les tractations des différents camps qui négociaient pour réussir à placer une des leurs sur un siège de l’exécutif.
À la reprise, tout s’est déroulé sans encombre pour le camp de Beretti mais c’est au onzième vote que Jean-François Braissand s’est déclaré candidat contre Thibaut Guigue - affirmant toutefois que ce n’était rien de personnel - afin que chaque sensibilité soit représentée. Renaud Beretti répondra qu’il propose un vote sur les 13 vices-présidents avec lesquels il a travaillé sur un projet. Mais il a aussi déclaré avoir proposé lors des négociations de la suspension d’élargir à 15 vice-présidences afin d’élargir aux autres communes. Avec 36 voix à 29, Thibaut Guigue remportait son siège, mais c’était l’annonce d’une première dissidence.
Première dissidence qui prendra effet lors du vote suivant, Jean-Claude Croze proposant Danièle Beaux-Speyser (Drumettaz-Clarafond) contre Laurent Filippi. Il affirme en effet qu’elle est douée pour les affaires sociales, étant elle-même première adjointes en la matière dans sa commune. Le vote s’est finalement joué à une voix prêts, Mme Beaux-Speyser remportant 33 voix contre 31 pour son adversaire. La voix qui aurait pu donner lieu à un second tour a elle été attribuée à Jean-Marc Vial, pourtant lui aussi membre du camp Beretti.
Pour le 13e vice-président, Édouard Simonian s’est présenté pour que le Bourget-du-Lac soit représenté alors que Jean-François Braissand tentait quant à lui une dernière fois sa chance contre le candidat Beretti, Yves Mercier (Voglans). C’est finalement ce dernier qui l’a emporté, avec plus de la moitié des voix.
C’est donc au prochain conseil communautaire que l’on saura si deux vice-présidences sont ajoutées pour permettre à d’autres élus de rejoindre l’exécutif. On notera par ailleurs que l’élection des autres membres du bureau s’est elle effectuée de manière beaucoup plus consensuelle avec des pourcentages souvent proches du maximum.