Marina Ferrari : «J’aurai un rôle à jouer dans les prochaines municipales»
Photo : Claire Castelar
Figure de la politique locale, Marina Ferrari revient sur son parcours d’Aix-les-Bains à l’Assemblée nationale avec un petit passage au gouvernement. Députée de la première circonscription de Savoie (Mouvement Démocrate), élue d’opposition à Aix-les-Bains (Aix Naturellement) et ancienne ministre des gouvernements Attal et Barnier (secrétaire d’Etat chargée du Numérique puis ministre déléguée à l’Économie du tourisme), Marina Ferrari fait un tour d’horizon de ses dossiers prioritaires et un point sur son actualité dans le territoire comme au niveau national. Elle évoque d’abord sa vision actuelle d’Aix-les-Bains, ville qui l’a vue naître, et annonce sa possible candidature aux municipales de 2026.
«J’ai tiré la sonnette d’alarme à l’époque»
Marina Ferrari ne mâche pas ses mots concernant la gestion de la ville par Renaud Beretti, maire depuis 2018 dont elle a été première adjointe avant de démissionner en 2019 et de se présenter face à lui aux municipales de 2020. «J’étais en désaccord sur la gestion du personnel communal et la gestion budgétaire de la ville. Dominique Dord, notre maire précédent qui m’a formée, disait toujours «Ayez un œil sur vos dépenses de fonctionnement. C’est important de les maîtriser car si vous les laissez dévier cela dégrade votre capacité à investir». Force est de constater que Renaud Beretti a dès le départ beaucoup dépensé en fonctionnement, sur la masse salariale avec des salaires pas toujours justifiés et sur la communication de la ville avec des sommes exorbitantes. J’ai tiré la sonnette d’alarme à l’époque et derrière on a eu un rapport de la chambre régionale des comptes qui est venu conforter mes propos.».
«Quelle collectivité augmente sa masse salariale de 32,05% ?»
Quelques années après, Marina Ferrari admet «une gestion un peu plus saine dans le sens où le maire essaie de réduire les dépenses de fonctionnement. Mais dans la période que l’on connaît, quelle collectivité augmente sa masse salariale de 32,05% ? On est à plus de 5 millions d’euros supplémentaires, de l’argent qui ne peut pas être mis dans l’investissement». Questionnée sur son rôle actuel au sein du conseil municipal, Marina Ferrari assure être dans «une opposition constructive». Rappelant avoir été moins présente l’année dernière du fait de ses fonctions ministérielles, elle confirme être de retour sur les bancs de la minorité.
«Il ne s’est pas passé grand-chose depuis 2018»
L’élue d’opposition reconnaît que certains projets vont dans le bon sens, comme la rénovation de la cantine de l’école Franklin-Roosevelt «qui devenait urgente» et «sujet que j’avais déjà travaillé», la liaison verte ville-lac ou encore la brigade de nuit de la police municipale «que j’avais proposée en 2014», mais globalement son avis est tranché : «Il ne s’est pas passé grand-chose depuis 2018. Je le regrette car Aix-les-Bains a un potentiel extraordinaire, des atouts incroyables et cette ville mérite mieux que ça». Marina Ferrari déplore «un mandat quasiment blanc» avec des projets qui tardent à voir le jour comme le parking des Pré-Riants, la réhabilitation des anciens thermes ou encore la rénovation des clubs sportifs : «Renaud Beretti avait promis un nouveau dojo, des nouveaux vestiaires au rugby, de refaire le club d’aviron... Des investissements ont certes été portés sur les courts de tennis, le club de voile c’est en cours, mais pour le club d’aviron on va relancer une énième étude et le reste n’a pas été fait. On préfère vendre des grands projets qui n’arrivent pas ». Elle reproche à l’équipe majoritaire une tendance «à la procrastination».
«On arrive en période électorale et hop tous les travaux sortent»
Concernant les chantiers grouillant dans la ville, Marina Ferrari constate qu’«on arrive en période électorale et hop tous les travaux sortent et c’est le bazar». Quant au projet des thermes, «on devrait être en train de couper le ruban. Et on en est seulement à la phase de déconstruction». Elle ne cache pas sa colère : «C’est le préfet qui a dit «maintenant ça suffit on y va et on avance» mais on a pris beaucoup de retard et je crains que rien n’ait été préparé en matière de circulation». L’élue estime qu’«il aurait fallu faire des tests depuis des années». Elle s’inquiète sur l’organisation pendant la durée des travaux, «notamment lorsqu’on creusera pour agrandir le parking de l’Hôtel de ville et qu’on ne pourra plus passer entre les thermes et la mairie» et s’interroge pour la suite : «Une fois les thermes livrés, est-ce qu’on rouvrira la circulation devant la mairie ?».
«Sur des projets d’envergure, on devrait embarquer tout le monde»
Marina Ferrari déplore aussi le manque de concertation : «On y va vraiment à la petite semaine. Sur des projets d’envergure, on devrait embarquer tout le monde. Les commerçants en périphérie ont découvert le démarrage des travaux des thermes quand ils ont vu les pelles arriver». En matière de stationnement, elle revient sur un projet qui lui tenait à cœur et qu’elle avait porté dans sa campagne de 2020, celui de la reconstruction de la halle place Clémenceau avec la création d’un parking sous-terrain. «Cette place est un poumon commercial pour notre ville. Aujourd’hui elle est vieillissante et ne correspond plus aux attentes des consommateurs». Elle considère qu’il est important de compléter l’offre de stationnement en périphérie immédiate du centre-ville «pour y enlever un peu de voitures, redonner de l’air et faire des trottoirs sympas. Et qu’est-ce qui a été fait ? Rien».
«On a perdu la capacité de décider de notre devenir»
Sur la question du logement, Marina Ferrari dit avoir alerté le maire en conseil municipal «sur le fait que, n’ayant pas produit les 25% de logements sociaux obligatoires, on risquait d’être carencés. M’accusant de ne rien y connaître et d’aimer faire peur aux Aixois, je lui ai lu le compte-rendu du comité régional de l’habitat qui spécifiait une intention de mise en carence de la ville avec 65% de pénalités. Moralité cette année on a une pénalité de 257 000€ qui a été réduite car il s’est engagé à produire un effort en signant un contrat de mixité sociale». Son indignation ne s’arrête pas là : «On a perdu la capacité de décider de notre devenir car le préfet exerce son droit de préemption. On aurait pu éviter cela, en produisant l’effort de manière graduée et constante».
«Cette ville mérite un nouvel élan»
A la question « Serez-vous candidate aux élections municipales de 2020 ?», la réponse laisse entrevoir l’avenir : «Aujourd’hui ma décision n’est pas arrêtée mais c’est vrai que ça me trotte dans la tête. C’est ma ville, je l’adore, le cadre de vie y est incroyable, les gens sont je pense très heureux de vivre ici mais cette ville mérite un nouvel élan. Dominique l’avait réveillée après André Grosjean, il y avait remis de l’ambition et je crois qu’on a de nouveau besoin de ça. Je serai impliquée dans cette campagne d’une manière ou d’une autre. J’aurai un rôle à jouer dans les prochaines municipales, que ce soit en conduisant une liste ou en soutenant quelqu’un, avec quoi qu’il en soit des choses à dire».