«Alertez les bébés !»

Ce qu’il ya de bien avec le télétravail (il n’y a pas que du bien, c’est vrai !), c’est que je peux organiser mes journées un peu comme j’ai envie. Enfin, en partie ! Et comme je suis plutôt une « lève tôt », je travaille pendant que mari et enfants sont encore dans les bras de Morphée. Pendant que la maison est calme et que mon esprit, reposé, peut donner toute sa mesure (enfin, tout est relatif !). 

Du coup, pendant la matinée, je peux profiter du temps que j’ai gagné. Et ce matin (enfin hier puisque le journal parait le jeudi), j’ai accompagné mon garçon au collège en le laissant suffisamment loin pour ne pas lui mettre la honte, et je suis allée me poser sur une terrasse de café. Un bonheur, au soleil encore timide du matin ! 

Rien à faire que de regarder passer les passants ! Et feuilleter le quotidien laissé sur la table voisine. Pas grand-chose à se mettre sous la dent pour les journalistes, à part la rentrée. L’événement du jour ! 

Et il y a un truc qui m’a frappée. Les photos qui nous montrent des groupes d’élus fiers de visiter les classes de je ne sais quel établissement, venus montrer qu’ils remplissent à merveille la mission pour laquelle ils ont été élus, sont toutes les mêmes, ou à peu près. 

A chaque fois, les édiles masqués sont rassemblés devant un parterre de gamins impressionnés et également masqués. 

Et les salles sont quasiment toutes identiques. Mêmes fenêtres à gauche des élèves (tant pis pour les gauchers !), mêmes tables normalisées, mêmes peintures blanc cassé, mêmes disposition des tables, etc. 

A croire que les architectes sortent tous du même moule. J’espère que nos gamins sauront cultiver une certaine originalité malgré tout. Déjà qu’ils sont soumis au rouleau compresseur de la publicité… 

En sortant du café, je suis passé devant les écoles de la ville, entourées de leurs grilles qui leur donnent un air de pénitencier. J’exagère, mais à peine ! A croire qu’on a peur qu’un des gamins s’échappe ! Du coup, on déborde de précautions.

C’est marrant parce que je reviens justement d’un week-end prolongé en Suisse. Je ne vais pas vous raconter mes petites vacances, les soirées diapos, j’ai déjà donné ! Mais juste une photo, celle d’une école élémentaire d’un village jurassien. 

Aucune grille, pas la moindre barrière pour isoler du reste du monde. Les gamin(e)s étaient en récréation, un groupe autour de la table de ping-pong (danger !), les plus jeunes sur les balançoires et toboggans (re-danger !). Je suis passée tout à côté d’elles et eux, on s’est fait un petit signe de bonjour. Aucun, aucune n’a cherché à s’enfuir…

Je n’ai pas l’impression que la Suisse soit plus exposée que d’autres aux attentats, accidents et autres enlèvements d’enfants, malgré ce laxisme sans doute insupportable à nos décideurs taraudés par la crainte d’être confrontés à un accident. 

Bon ! Je ne vais pas en tirer de conclusions hâtives et faciles. Je comprends que, dans un climat qui, ces dernières années, nous a mis face à des actes criminels difficiles à prévenir, on prenne des précautions pour protéger nos gamins. 

Mais comment vont-ils affronter le reste du monde plus tard. Un monde qui, malgré toutes ces précautions, restera toujours plein de dangers.

Le moment de citer Jacques Higelin : « Alertez les bébés ! ».

Lady Marianne

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