Alexandre Prévert : un rêveur au Bataclan
Dans cette nouvelle rubrique, des artistes locaux seront présentés. Le but est de montrer aux lecteurs des artistes qui sont moins connus que d’autres. Et certains qui auront déjà acquis une certaine notoriété. Dans l’idéal, nous trouverons des personnes qui ont décidé de sortir des sentiers battus pour créer un style qui leur est vraiment propre. Pour ce premier épisode, nous avons rencontré Alexandre Prévert. Vendeur de rêve, il va bientôt réaliser le sien en se produisant au Bataclan, scène mythique s’il en est.
Alexandre a commencé le piano à l’âge de trois ans, poussé par ses parents. Ils voulaient qu’il joue d’un instrument, fasse du sport et, bien évidemment, aille à l’école. Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il a excellé dans les trois domaines : il a obtenu le bac à 16 ans après avoir sauté deux classes, a été champion de France de judo en minimes et obtenu sa ceinture noire à 14 ans. Pour ce qui est du piano, c’est justement le sujet de cet article.
Le piano, il a commencé avec des cours privés. C’est à l’âge de 13 ans qu’il est entré au conservatoire de Chambéry, où il a passé son diplôme d’études musicales avant de partir au conservatoire de Paris. Il a passé plusieurs années sous les ailes d’Anne Queffélec, jusqu’à ce qu’il prenne son envol sur scène.
Un jour, il a décidé de s’émanciper du monde de la musique classique. Depuis ses débuts il voulait aller plus loin, il ne savait juste pas pourquoi, ni comment faire. Une fois le conservatoire fini, il a donc monté son premier spectacle mixte : Prévert, Piano et Poésie. S’apercevant que c’est un format qui lui plaisait, il a voulu lier encore plus la musique et la poésie, dessinant les contours de son prochain format « Où sont passés vos rêves ? » Dans celui-ci, il explique au public ce qu’il appelle la Grande Histoire, montrant ce qu’il y a derrière les poèmes ou les pièces musicales. Parce qu’il aime «parler de choses sérieuses sans se prendre au sérieux», il a emprunté au stand up. C’est ainsi que sont venus s’ajouter des touches d’humour, de dérision et d’interaction. Il rit en pensant à ses camarades d’enfance et leurs humour ne se prêtant pas toujours au succès : «au moins, on sait d’où viennent mes blagues».
Son objectif, avec ce spectacle, c’est de faire passer son public par toutes les émotions. Parce que «la musique, ça fait partie d’une grande histoire. Et il est important de raconter cette grande histoire». C’est pour ça que, quand il est parti se produire à l’étranger, il a toujours adapté son spectacle à la culture locale. En parlant de Dante en Italie, Faust en Allemagne ou récitant «Invictus» au Royaume-Uni, il avait la volonté de parler aux gens de leur histoire et de leur pays.
Ce travail de recherche pour s’adapter a bien entendu été dur au début. Mais c’est lui qui le voulait, alors il refuse de s’en plaindre. Il cite Camus : «Aimer, c’est tout donner sans espoir de retour.» Pour lui, il est possible d’avoir peur de ne pas être à la hauteur, mais si on aime ce qu’on fait, on se donne les moyens d’y arriver, on se lance dans le vide. Il qualifie donc cette aventure à l’étranger de très formatrice, enrichissante et intéressante. Il sourit encore une fois cependant à l’idée que même si le contenu est adapté, au finale, tout le monde rit aux même blagues qu’il fait sur scène.
Son spectacle s’articule donc autour du rêve. Nietzschéen, il nous dit que sa démarche va dans le sens où on reproduit toujours les mêmes erreurs, alors qu’il y a de beaux rêves à réaliser. Et «si tout le monde travaillait ensemble à réaliser ces rêves, on pourrait faire faire quelque chose de chouette». Son objectif c’est donc de répandre ce message, que plutôt que de s’enliser, nous devrions essayer de réaliser nos rêves. Il s’adapte alors à l’actualité, il essaie de rendre la musique plus accessible. Il nous dit donc que ce spectacle est accessible à tout le monde : de celui qui est dans une quête personnelle pour entendre de la philosophie, à celui que veut écouter de la musique ou de la poésie sans s’ennuyer.
Son rêve à lui, il est sur le point de le réaliser : «le Bataclan, c’est un truc de fou, c’est un rêve qui va se réaliser pour moi». Il nous dit que maintenant que ça va être fait, il pourrait prendre sa retraite, passer à autre chose. Mais il tient à transmettre son message, l’héritage des grands personnages de l’histoire. Maintenant que des Mozart, Schubert ou Napoléon sont morts, qui peut raconter leurs rêves ? Il est donc là pour être le messager de ces hommes, de ces femmes qui ont rêvé toute leur vie d’accomplir un objectif.
Alexandre Prévert jouera donc au Bataclan, à Paris, le 3 Décembre 2019. Avant ça, il sera présent à Lyon le 8 novembre puis à Barcelone et Anvers. Plus d’informations et réservations sur son site internet : www.alexandreprevert.com.