Ambroise Penna parmi les « Finishers »

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Depuis dix ans, Ambroise Penna, présenté dans notre précédente édition, rêvait de participer un jour à l’UTMB, le Saint-Graal de tout traileur. En ce premier week-end de septembre, il tente pour la première fois de faire partie de la famille des "Finishers".
Il est 17h00 vendredi, Ambroise se place sur la ligne de départ comme 2560 autres coureurs, attendant impatiemment le dénouement d’années d’entraînement. Les organisateurs annoncent le déploiement du plan Grand Froid à cause d’une météo capricieuse qui ne doit pas évoluer avant la fin de journée du samedi. Le parcours est très légèrement modifié, shuntant les Pyramides calcaires et La Tête au vent. La distance reste la même avec un peu moins de dénivelé (9789m D+ tout de même contre les 10000m D+ prévus).
18h01 : le départ est donné sur la place du Triangle de l’Amitié sous une pluie fine. Les rues de Chamonix sont bondées sur au moins un kilomètre laissant à peine la place aux coureurs de passer. Ambroise, en milieu de peloton à la sortie de Chamonix, peut faire un dernier coucou à ses enfants avant de partir pour ce grand tour. Il traverse les Houches, puis Saint Gervais sous une pluie s’intensifiant.
22h37 : la première assistance, aux Contamines-Montjoie, assurée par Lucie, son épouse et plus grande fan, lui permet de changer de tenue pour la nuit s’annonçant froide (neige au sommet du col du Bonhomme), de se ravitailler pour être en forme avant d’affronter les sommets et de faire le plein d’encouragements de ses supporters venus en nombre pour le soutenir. Quelques kilomètres plus loin, il laisse derrière lui les dernières clameurs des spectateurs et les dernières chaleurs d’un feu de joie, coutume du point de passage à Notre-Dame de la Gorge avant de s’enfoncer dans la nuit jusqu’aux Chapieux où il retrouve ses parents vers 3h00 du matin.
Samedi, 9h16 : pas moins de 14 supporters répondent présents pour l’encourager de la plus belle des manières à son arrivée à Courmayeur : une soupe de nouilles, une petite sieste de quinze minutes et un massage pour délier les jambes raides des 80 kilomètres déjà effectués. Il repart vers le refuge Bertone aux alentours de 10h20, rechargé à bloc ! Après un "coup de mou" au refuge Bonatti où la pluie refait son apparition, il rallie Arnouvaz au pied du grand col Ferret vers 14h44. Au même moment, Xavier Thevenard, parrain des "Princes en Foulées" course organisée annuellement par l'association "Seyssel court pour offrir", remporte sa troisième victoire sur l’UTMB en 20h44. S’ensuit pour Ambroise une remontée extraordinaire jusqu’à Champex-lac où il marque son meilleur classement sur la course : 867e.
20h39 : il profite du ravitaillement de Champex pour voir le podologue qui lui soigne ses premières ampoules risquant de l’handicaper sur la suite du parcours et se ravitailler correctement avec une tarte aux myrtilles en guise de dessert. Toute l’équipe de supporters l’attend au bord du lac reprenant une batucada endiablée pour lui donner le courage de gravir la montée de Bovine où il avouera avoir eu du mal à rester éveillé.
Dimanche, 2h32 : cela fait 4 kilomètres qu’il entend ses supporters l’encourager depuis Trient. Il ne rêve que d’une chose : dormir. Après une sieste de 20 minutes, un massage des kinés et quelques fraises tagada en guise de carburant, il repart à 3h55 avec le sourire pour repasser en France par le sommet de Catogne qu’il gravit dans un temps record.
7h00 : le jour se lève laissant deviner un temps plus clément pour cette fin de course quand Ambroise arrive à Vallorcine, dernière assistance. Les encouragements et les banderoles faites par les supporters l’émeuvent au moment de partir vers la Flégère, dernière montée du parcours. 
A ce moment-là, l’arrivée sur Chamonix est prévue pour 13h05, mais les derniers kilomètres lui font pousser des ailes à ne plus sentir ses jambes endolories par les montées et ses genoux meurtris par les descentes, le faisant déjouer tous les pronostics.
11h40 : il reste un peu moins de deux kilomètres quand Ambroise fait son apparition au bas de la dernière descente. Il se rapproche à grandes enjambées de Chamonix sur le rythme de la musique officielle de l’UTMB "conquest of paradise" de Vangelis et des clameurs des spectateurs venus encourager les coureurs.
11h49 : le soleil inonde les rues de Chamonix, remplies de spectateurs en liesse ; Ambroise coupe la ligne d’arrivée de ce tour du Mont-Blanc, réalisé en 41h48 et classé 963e, avec le bonheur d’être arrivé, le soulagement que ce soit fini et la fierté de l’avoir fait. Ses supporters reprennent pour la dernière fois, au micro du speaker, l’hymne du week-end sur l’air de la chanson pour Benjamin Pavard : "Ambroise Penna, Ambroise Penna, Je crois pas qu'vous connaissez, Il vient de Savoie, Une foulée d'chamois, Nous on a Ambroise Penna".
Il est enfin l’heure pour lui de réaliser qu’il vient d’exaucer son rêve de traileur, de se remémorer cette course magnifique et de prendre un repos bien mérité.

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