André Gimenez : «Je suis assez consensuel»

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André Gimenez, dont c’est le deuxième mandat dans la minorité, est lui aussi de retour après un été considéré comme très calme. Il nous livre aujourd’hui ses impressions sur ce début de mandat et ce qu’il attend des années à venir.

La rentrée politique
«Ma rentré a été, comme certainement pour tous les Français et les Aixois, morose. Les temps sont difficiles. Il y a cette maladie qui plane sur tout le monde et pour moi elle n’explique pas tout sur Aix, le déficit d'informations que nous avons. Je ne sais pas si c'est la même chose pour tous les membres du conseil. Certains me disent que oui mais il ne se passe presque plus rien, on n’est informés de rien. Je n'ai pas l'impression d'être conseiller municipal en ce moment. Alors peut-être que c'est à cause de la crise et que ça va reprendre petit à petit.»

«Le sport pour moi, ce n’est pas politique»

Sa candidature en tant qu’adjoint aux sports
«J'avais montré que j'étais de très bonne composition pour travailler pendant tout le mandat précédent. Je ne fais pas de différence entre la majorité et les minorités sur les sujets importants, qui ne sont ni clivants ni politiques et le sport pour moi, ce n'est pas politique. Je pensais être bien placé pour ramener une clientèle qui manque à Aix-les-Bains, c’est-à-dire les stages nationaux, les grands regroupements, les grands championnats…
Mon réseau étranger est toujours intact, je le maintiens parce que je suis toujours actif dans les fédérations internationales d'athlétisme, donc je pensais que ça pouvait le faire. Mais j'ai eu une fin de non-recevoir parce qu'ils ne voulaient personne qui ne soit pas de leur clan.
Je le prends avec humour mais certains Aixois m'ont dit qu'ils se passent de certaines compétences, même si je pense que c'est surtout d'un réseau qu'il s’agit.
J'espère que ma collègue fera le nécessaire mais c'est dommage, ça fait trois fois que je tendais la perche pour qu'il y ait une meilleure collaboration entre majorité et minorités.
Certaines minorités me disent que je suis un traitre mais pour moi ce qui compte c'est l'intérêt des Aixois.»

Une campagne coûteuse
«J'ai fait une campagne qui n'était pas polémique. j'ai aussi évité d'attaquer les gens pour défendre seulement les projets. Je ne sais pas ce qu'il va advenir des thermes mais mon projet reste intact, c’est-à-dire qu'on puisse éviter les deux tours et les rénover avec des acheteurs privés, en l'état, pour d'autres activités qui soient plus basées sur la santé.
Les 11% que j'ai fait n'étaient pas brillants mais dans un contexte dans lequel un électeur sur trois a voté, c'est compliqué. Mon équipe l'a pris de plein fouet, heureusement elle reste mobilisée et je la réunirai tous les mois pour travailler ensemble sur les dossiers.
C'est compliqué d’être un petit candidat comme je l'ai été. Il y a beaucoup de gens qui m’ont aidé mais j'ai fait la campagne sur mes fonds, elle m’a coûté 14 000€. Chaque mois depuis l’élection je sors 1 100€ de ma poche en attendant un éventuel remboursement de l'État, qui va chicaner sur des choses comme le café dans le local.
Heureusement j'ai un moral à tout épreuve, et une femme qui comprend que mon engagement coûte. Même si je n'ai été élu que par 1000 électeurs, ils ont le droit d'être dignement représentés. Quand on voit que le maire d'Ontex a été élu par 70 personnes mais siège au bureau du conseil communautaire… Il n'y a aucune commune autre qu'Aix-les-Bains où le maire a été élu avec plus de 1 000 voix, il faut le prendre en compte.»

Les dossiers qu’il compte suivre avec attention
«Je serai surtout actif sur Grand Lac. J'ai été élu au bureau du Syndicat Mixte des Stations des Bauges (SMSB) puisque Michel Frugier quittant la présidence, ça a permis de libérer un peu l'espace. Et je me bats contre cette lubie du canon à neige et cet investissement de 3,5M€ sur la neige de culture. Parce qu'il faut qu'on voie plus large, le Revard doit être une zone toutes saisons. Je ne sais pas ce qu'il adviendra de la Féclaz puisque la présidente du SMSB et maire des Déserts est exploitante d'un commerce de chiens de traîneaux. Donc elle a peut-être intérêt à ce qu'il y ait un peu plus de neige, mais on ne peut pas aller contre le changement climatique.
J'ai toujours ce projet de train à crémaillère sur lequel on travaille. On est en partenariat avec Grand Lac, le financement est presque complet sur les 100M€. J'entends dire que la municipalité aurait un projet de transport par câble sur le Revard. Je regrette qu'il n'y ait pas de concertation parce que le câble c'est dépassé sur des distances comme ça. L'hiver c'est compliqué, ça bouge. Tandis que la crémaillère c'est quand même quelque chose qui revient dans l'air du temps dans toutes les villes et les pays du monde.
Je suis aussi content que la plage devienne gratuite. Par contre je me suis élevé contre le fait qu'il y ait  une nouvelle passerelle. Je trouve que celle qui existe déjà est devenue inutile puisque la plage devient gratuite mais on me dit que l'aviron va garder les deux vilains grillages qui empêchent les gens de passer. Il faut faire comme au Bourget, ce n'est pas un problème d’ouvrir un portail le matin et les gens ne sont pas là pour agresser les bateaux. Et puis maintenant j'apprends qu'il y a une deuxième passerelle qui irait de la piscine payante au ponton qui serait privatisé et les pauvres passeraient sous la passerelle en baissant la tête. C'est une hérésie parce que si le ponton devient privé pour la piscine, comment font ceux qui nagent depuis la plage gratuite et qui vont sur le ponton ? C'est quelque chose qui me semble surréaliste. Il y a des jeux payants donc les gens paieront leurs jeux. J'ai peur qu'on s'éloigne un peu du principal souci à Aix qui est quand même le tourisme, le curisme.
Enfin, c’est bien de penser aux vélos. Mais la peinture jaune est par définition provisoire. Tant qu'on n'aura pas un aménagement de fond sur les pistes cyclables et les autres modes… J'espère qu'on va augmenter le budget transport en augmentant le versement transport des entreprises pour pouvoir faire plus de lignes. Actuellement, le transport urbain est encore déficitaire sur Aix.»

Sa relation avec le conseil municipal
«Il me semble que je suis assez consensuel dans mes remarques, dans mes questions, dans mes positions. Quand ce n'est pas bien je le dis, quand c'est bien je le dis aussi. Je n'ai pas de dogme, je n'ai pas d'a priori pour travailler avec n'importe qui.
On n'arrivera jamais à museler le débat. Il y aura toujours quelqu'un qui va dire ce qui va ou ne va pas. Les Aixois n'ont pas voté pour un programme en béton, ils ont voté pour un homme, pour une sensibilité politique qui ne changera certainement jamais à Aix. Je pensais faire beaucoup plus, peut-être gagner même, parce que je présentais une belle liste. Je présentais une belle liste de socioprofessionnels de la ville d'Aix-les-Bains, de gens impliqués qui étaient là pour faire le boulot et pas suivre une politique mais faire vivre la ville. Mais je me plie bien au verdict populaire, je comprends que la majorité fasse ce qu'elle a dit mais il faut continuer à discuter en cours de mandat. Il y a des choses qui semblaient évidentes en 2020 mais qui, peut-être, ne le seront plus en 2022 ou 2023. On ne sait pas ce que va donner la crise.
Je trouve aussi dommage que les membres de la majorité ne se mêlent jamais au débat. Que tout le monde vote ensemble ne me dérange pas, c’est bien normal. Mais il y en a bien qui ont un avis différent et qui ne disent rien. Ce serait bien que le débat soit étendu à tous les membres.»

La manière dont il appréhende ce mandat
«Je ne vais pas faire comme le mandat précédent où j'ai été obligé de dépenser l'argent du ménage pour aller partout, sur toutes les commémorations, aussi bien à Montmélian qu'à Aix. Donc je serai un peu moins présent sur les inaugurations, les cérémonies et tout ça. Je ferai les choses les plus importantes comme le conseil et certaines commissions. Je pensais que ça allait changer avec les élections mais l'argent du contribuable est toujours réservé à la même sensibilité.
Tant qu'il ne se passe pas grand chose d'important sur les dossiers de fond à Aix-les-Bains, je ne vois pas du tout l'intérêt d'aller plus loin que les séances et les commissions du conseil municipal.
Je n'ai pas envie de monter au créneau pour des choses sur lesquelles je n'ai pas la main : le nucléaire, l'urgence climatique… Moi je suis plus basé sur les problèmes des Aixois, c'est pour ça qu'ils m'ont élu.
Je suis disponible pour tous les Aixois, même ceux qui n'ont pas voté pour moi, pour porter des idées. Je n'ai pas peur de la polémique, je me défends assez bien dans le dialogue, même quand il faut ferrailler, je n'ai pas peur. J'ai rencontré sept Présidents de la République, qui n'étaient pas tous de mon avis, et ça se passe très bien.»

 

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