Apprendre la Communication Non Violente à l’école
Dès le début de l’année scolaire, l’école primaire de Bloye a bénéficié d'une subvention de la Région Auvergne Rhône-Alpes dans le cadre du dispositif «Stop Harcèlement» permettant à l’équipe enseignante et pédagogique de former les enfants à des techniques de médiation et de communication non violente.
«Le Conseil d’école est à l’origine de ce projet né il y a 2 ans. L’idée était de réfléchir aux questions de harcèlement de manière générale et au bien vivre-ensemble» explique Mathilde Perret, directrice de l’établissement (composé de trois classes : une classe tous niveaux de maternelle, une classe CP, CE1, CE2 et une classe CM1, CM2). La perspective d’un double-axe de travail a ensuite rapidement émergé : former les enfants et former aussi les adultes.
10 ateliers ludiques pour les élèves ont ainsi été animés par Christelle Mancuso, de l’Atelier des Bulles, en collaboration avec les enseignants, afin d’apprendre aux enfants à s’entraider, à mieux coopérer et à mieux communiquer. L’objectif était de les aider à exprimer leurs émotions, à les réguler, à respecter l’autre et à gérer les conflits de façon créative et positive, afin de leur permettre de bien grandir et de s’épanouir.
Exprimer ses émotions et comprendre celles des autres
A travers ces séances de prévention contre les violences et le harcèlement entre enfants, les petits ont appris à dire «stop» puis à mettre des mots sur les faits et les comportements qui les dérangent (atelier «Girafon»), et les plus grands ont travaillé sur le développement des compétences du témoin et sur l’importance de son rôle (atelier «Graines de médiateurs»).
«La position du harceleur et du harcelé est évidemment au cœur de la problématique mais si l’on veut agir rapidement, il est important qu’un témoin puisse donner l’alerte car c’est lui qui permettra une médiation efficace.» souligne Mathilde Perret.
Afin d’accompagner au mieux les enfants et de leur offrir un environnement sécurisant, tous les adultes volontaires (périscolaire, enseignants, parents) ont eux aussi pu bénéficier d’une formation à la Communication Non Violente (CNV), avec Manibhadri de l'association Déclic. Durant 3 jours, ils ont participé à des ateliers leur donnant des clés pour aider les enfants à trouver eux-mêmes une solution lorsqu’ils sont confrontés à des situations de violence ou de harcèlement. Cette formation leur a également appris à ne pas stigmatiser le harceleur, car la stigmatisation ne résout vraisemblablement pas le problème. Comme l’explique la directrice de l’école, «si l’enfant agit de cette manière-là, c’est parce qu’il exprime un besoin caché, et si l’on arrive à identifier ce besoin, on pourra l’aider à agir différemment.»
Certains parents d’élèves, séduits par le projet, souhaitent s’en emparer afin de poursuivre ce principe de coéducation constructif en organisant leurs propres ateliers voire des groupes de paroles.
Dans le cadre de ce programme éducatif, chaque classe a travaillé, en parallèle, autour de pièces de théâtre sur la découverte de l’autre et sur l’amitié, avec Hélène Lenoir, de la Compagnie Trois petits pas. La comédienne est intervenue sur 10 séances aux côtés des enseignants, grâce au financement de la Communauté de Communes Rumilly Terre de Savoie.
«Ma manière de pratiquer le théâtre avec les enfants, c’est le collectif, le but étant qu’il n’y en ait pas un devant et tous les autres derrière. Nous avons travaillé les émotions, les personnages mais ce qui était avant tout important, c’était que les enfants explorent et portent le texte tous ensemble, et que la création et les idées qu’ils ont jouées sur scène sont aussi venues d’eux. Mon rôle est d’apporter des jeux, des exercices, des outils mais ce qui compte avant tout c’est la façon dont ils se les approprient et les utilisent dans leurs histoires» explique Hélène Lenoir à l’issue du spectacle qui s’est déroulé lundi 20 juin en présence des familles, avant la présentation des divers ateliers. Elle ajoute que «l’idée était d’aider les enfants à exprimer leurs propres émotions et les émotions de personnages par le théâtre.»
Durant la soirée de présentation, parents, enfants et enseignants arboraient tous de grands sourires, preuve que ce projet était une réussite.
Les ateliers de communication non violente pont pu voir le jour grâce au financement du Conseil Régional et de l’ACSEB (Association Communale Sportive de l’Ecole de Bloye ayant respectivement participé à hauteur de 50%. Concernant la formation dédiée aux adultes, le Conseil Régional a financé plus de 50% du projet.