Après le Pont Neuf, le Pont E. André
Nous vous avons fait vivre l'histoire du Pont Saint Joseph depuis son origine jusqu'à nos jours, c'est grâce à différents articles parus dans le Journal du Commerce et nos archives personnelles sans oublier Croisollet que nous pouvons vous faire découvrir l'histoire aujourd'hui du Pont Saint André.
C'est sous le mandat du Maire E. André que les études ont commencées. Dans nos archives nous retrouvons les éléments suivants :
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Rumilly - Au fond de la rue les maisons qui seront démolies
pour l'ouverture de l'avenue Edouard André. A droite,
les bâtiments de l'Imprimerie Ducret. (© Ducret)
1933 - Un grand problème de pose
Route de Rumilly à Lornay. C'est le grand problème de l'année.
Il est demandé d'abord au conseil le classement des sections de routes, place Croisollet au Bouchet (CVO n°7), du Bouchet à Lornay (CVO n°1) et de Lornay à Saint-André (CVO n° 2). L'ensemble devient chemin d'intérêt commun, ce qui permet d'effectuer des travaux, la ville s'engageant seulement pour 36 % des devis, soit le somme de 121.713 F. (16 février 1935). En deux ans, six délibérations du conseil ont été nécessaires pour cette réalisation.
Une nouvelle route de Rumilly à Saint-André.
En mars 1932, la vieille route s'est effondrée : elle est inutilisable. Un projet à l'étude y tient au cœur de M. André, maire de Rumilly, originaire de Lornay. Les travaux pour la construction de la route qui reliera Rumilly à Saint-André par la rive gauche du Chéran sont mis en adjudication le 26 septembre à la préfecture d'Annecy. En voici le détail :
Premier lot . - CIC 14, de Rumilly à Saint-André /Val-de-Fier par Lornay. Constructions sur une longueur de 1.416,45 m. A l'entreprise : 858.039,26 F. Somme à valoir : 86960,74 F. Cautionnement : 28.600 F.
Quatrième lot. - Moye et Lornay. CO n° 28 de Moye et n° 13 de Lornay. Construction sur 1.539,82 m. A l'entreprise : 606.436.436,10 F. A valoir : 56.563,90 F. Cautionnement : 20.200 F.
C'est M. Gibello, entrepreneur à Annecy, qui emporte l'adjudication du premier lot, et M. Bianco, d'Ugine, pour le quatrième lot.
1934
A la session du Conseil général de mai 1934, M. le Maire a proposé le classement dans le réseau départemental du chemin de Rumilly à Saint-André par la rive gauche du Fier. Le classement a été obtenu en novembre 1933.
Ce classement a entrainé des travaux d'élargissement de cette partie. Ceux de la 1ère section, qui comprend une nouvelle route de la place de l'Hôtel de Ville à la croix du Bouchet, avec embranchement à Beaufort en direction de Moye, ont commencé le 5 mars 1934.
Cette section a été adjugée à M. Gibello, entrepreneur à Annecy, sous la surveillance de M. Pichot, ingénieur principal des Ponts-et-Chaussées à Annecy, et M. Vigier, ingénieur du service vicinal à Rumilly.
Dénomination du Pont sur la Néphaz
Pour perpétuer le souvenir et rappeler aux générations futures les bienfaits de M. André, maire, il a été décidé de placer à l'extrémité du pont en cours d'achèvement (octobre 1935), du côté Beaufort, une pierre portant l'inscription « Pont E. André, 1935 » et une autre portant les armoiries de la ville avec les mots « Et Capoé ». Le conseil propose, en même temps, de donner à ce pont le nom du maire Edouard André ainsi qu'à l'avenue aboutissant à ce pont, jusqu'au hameau du Bouchet.
Monsieur Guy, marbrier à Rumilly, est chargé de l'exécution de ces inscriptions, pour le prix de 19.734 F (conseil du 18 octobre 1935).
Note : les travaux de maçonnerie ont commencé le 27 avril 1935. Le coût du pont global, y compris les terrains, s'élève à la somme de 1.262.000 F.
1936
Démission de M. André
Monsieur André, maire, fatigué, donne sa démission le 29 mai 1936. Il est remplacé le 20 juillet par M. Constantin Berlioz. Sont élus respectivement premier et deuxième adjoints MM. Bréchet et François Buttin. Ce dernier donne à son tour sa démission (8 décembre) pour raisons de maladie. Il est remplacé par M. Roux-Duplâtre (11 décembre 1936).
Construction du pont Edouard André (1934-1936)
Cette construction entre dans le cadre de l'établissement d'une route allant de Rumilly à Lornay.
La première phase est la construction du pont.
La dépense totale de cette première section était estimée à 1.262.000 F. L'Etat fournissait 496.000 F. le Département et la commune chacun 383.000 F. L'adjudication fut donnée en septembre 1933, et les travaux commencèrent au printemps suivant. La route fut rapidement achevée. Le pont, de construction fort délicate, demanda de longues semaines de travail. Franchissant la Néphaz à une hauteur de 24 mètres, il est formé d'une arche unique de plus de 35 mètres d'ouverture. Large de 10 mètres, sa longueur totale est de 84 mètres. Plus de 2.000 mètres cubes de béton ont été nécessaires. M. Pichot, ingénieur des Ponts et Chaussées, et M. Vigier, ingénieur TPE, agent-voyer à Rumilly, dirigèrent les travaux avec toute la compétence qu'on leur connait.
Une fois le pont achevé, l'exécution de la route proprement dite ne présentait aucune difficulté. Par une courte rampe à pourcentage peu élevé, on gagnait le niveau de la plaine du Bouchet. Un court embranchement rejoignit la route de Moye, et la route proprement dite vint s'arrêter à la croix du Bouchet.
La première section était terminée.
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Le tablier du pont - Septembre 1935. (© Ducret)
La seconde phase : construction de la route Rumilly/Saint-André par Lornay.
Les travaux commencent le 4 février 1936 (marché du 22 janvier, pour 1.014.711 F).
Le 19 novembre 1933, M. André obtint le classement dans le réseau départemental de toute le ligne Rumilly/Saint-André. Et, au programme normal de 1934, le Conseil général inscrivait la construction d'une deuxième section de la route.
D'une longueur de 5 kilomètres environ, ce second tronçon, continuant la ligne droite de la plaine du Bouchet, doit franchir la butte de Broise, en laissant le hameau à sa gauche, puis, par une pente régulière, serpenter à flanc de colline le long du Fier et passer environ à mi-hauteur entre la ferme de La Cassue et le château de La Pallud.
Les travaux sont exécutés par M. Elie Bianco. Le tronçon est la deuxième section du CGC n° 31.
Ayant atteint en cet endroit son point culminant, elle se maintient à peu près au même niveau jusqu'au pont Borian. Là, elle se raccorde avec une fort belle route qui, remontant le ravin du Parman, permettra aux plus gros véhicules, lorsque le raccordement sera terminé, d'accéder sans aucune difficulté à la commune de Moye et à tous ses hameaux.
Les frais entraînés par la construction de cette section sont d'environ 900.000 F. L'Etat, le Département et la commune supporteront la dépense, à raison d'environ, 300.000 F chacun.
L'adjudication donnée dans le courant de 1935, les travaux commencèrent aussitôt. Les terrassements à effectuer sont très importants et le nombre de mètres cubes de terre à remuer est considérable.
Il nous est permis d'envisager pour la fin de 1938 la terminaison de la réalisation de la nouvelle route de Rumilly à Saint-André. On se rend déjà compte des améliorations apportées à la circulation routière sur cette rive du Fier, et cet état de choses ne pourra que continuer à progresser.
Enfin, la naissance d'un nouveau quartier sur la rive gauche de la Néphaz contribuera à rajouter un attrait de plus à notre coquette cité. Des immeubles, des villas sont construits. D'autres, plus nombreux encore, sont en construction, procurant du travail aux ouvriers. Bientôt, tout un quartier gai, aéré, fleuri va s'élever presqu'au cœur de Rumilly.
Les ingénieurs des Ponts et Chaussées qui ont réalisé l'ouvrage sont MM. Pichot et Vigier.
Pour parvenir place de la Mairie et pratiquer l'ouverture de l'avenue Edouard André, il a été nécessaire de démolir un immeuble où se trouvaient la cordonnerie Moine, le restaurant Truffet et la chapellerie Girod.
Le pont sera livré à la circulation des piétons le 6 février 1936.
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Le pont Edouard André est ouvert.
Notes :
1) C'est à partir de 1930 que M. André, maire de Rumilly, s'est attaché à obtenir du Conseil général de la Haute-Savoie le classement dans le réseau départemental de la ligne de chemins communaux reliant Rumilly à Saint-André en passant par Lornay.
L'entretien de ces chemins entraînait, pour les communes intéressées, des dépenses souvent élevées. Le tracé, en effet, avait été réalisé en un temps où l'on ne prévoyait pas la circulation intense actuelle et ses répercussions sur le réseau routier. De très fortes montées jalonnaient le parcours, en particulier à La Curdy, à Broise, à La Cassue. A certains endroits, en raison des eaux souterraines, des éboulements se produisaient presque tous les hivers, coupant la route, nuisant à sa solidité, demandant de gros frais d'entretien. Il fallait donc absolument remédier à cet état de choses. Les communes intéressées ne pouvaient charger leurs budgets de la dépense qu'eût entraînée la construction d'un nouveau chemin communal. Il n'y avait plus, dès lors, qu'une seule solution : obtenir le classement de la route Rumilly Lornay/Saint-André dans le réseau départemental et voir ainsi l'Etat et le Département subvenir à une partie des frais d'entretien et de réfection..
En 1932, à la session de septembre, le Conseil général approuva la construction et le classement dans le réseau départemental d'une première section de la nouvelle route. Cette section, partant de la place de l'Hôtel de Ville, allait jusqu'à la Croix du Bouchet, avec un embranchement rejoignant la route de Moye.
L'ouvrage principal de cette section était le pont sur la Néphaz et la percée sur la place de l'Hôtel de Ville. En effet, pour couper au plus court et éviter la traversée du faubourg de la Curdy, étroit et assez dangereux en raison du croisement avec la route de Cessens, les ingénieurs du service des Ponts et Chaussées avaient décidé de faire, au point le plus favorable, un pont sur la Néphaz, donnant directement accès en pleine campagne par une route large et droite.
Divers points de passage furent envisagés. On choisit finalement l'emplacement occupé par les immeubles Moine et Girod, et cela pour deux raisons. Tout d'abord, c'était le passage où l'écartement entre les deux berges de la Néphaz était le moins grand ; ensuite, le pont, se trouvant dans le prolongement du passage des Casernes, était également dans l'axe de la future voie qui, dans le plan d'embellissement de Rumilly, doit joindre directement la place Croisollet à la place de l'Hôtel de Ville.
2) Les travaux devaient permettre de faire une curieuse découverte. Dans la colline de Broise, où une profonde tranchée était nécessaire, on entailla le sol et on se trouva dans un terrain sablonneux. Quel ne fut pas l'étonnement des terrassiers lorsque, à une faible profondeur, moins d'un mètre, ils mirent à jour un grand nombre de squelettes. Entassés les uns sur les autres, séparés par une faible couche de terre, ils semblaient remonter à une époque très ancienne, les ossements tombant en poussière sous le moindre choc. Rien n'a été retrouvé, ni objet, ni arme, ni pièce métallique quelconque. Il semble donc qu'on se trouve en présence, non pas d'un cimetière ordinaire, où l'on aurait retrouvé à coup sûr des pierres tombales, mais plutôt d'une fosse où l'on aurait enfoui à la hâte des soldats tombés au cours d'un siège ou, mieux encore, des malades décédés à la suite d'une épidémie. Peut-être s'agit-il de soldats de Louis XIII ayant participé au siège mémorable de 1629 et décédés soit de leurs blessures, soit de la peste qui « pullulait alors, nous dit Croisollet, à Chambéry et à Annecy, et jusqu'aux portes de Rumilly ».
Il est intéressant de remarquer également que le pont que l'on est en train d'édifier sur le Parman est le troisième édifié à cet endroit. Le premier, situé en contrebas du pont actuel, remonte à une époque très ancienne. On ne retrouve nulle part sa trace dans l' « Histoire de Rumilly » ; le second est contemporain de la route que l'on rectifie en ce moment. Quant au pont que l'on coule ces jours, il sera en béton, d'une longueur de 25 mètres environ. Les coulées, profondément ancrées dans la mollasse, lui assureront une grande solidité.
3) Il ne restera plus, dès lors, que la troisième section à terminer. Les projets sont entièrement établis et l'adjudication sera donnée prochainement. Le principal ouvrage de cette dernière partie de la route sera le pont sur le Fier. En raison du peu de solidité des roches de la rive, il faudra chercher les points d'appui loin de celle-ci. Cette partie ne sera jamais réalisée, M. André n'étant plus maire.