Au revoir docteur Menichon, au revoir Henri !
Comme la population d’Albens et des Communes alentours, j’ai été profondément attristé par le décès du docteur Menichon, de notre ami Henri.
Au cours des derniers mois, au cours des dernières années, nombreux sont celles et ceux qui nous ont quittés après avoir servi notre territoire et nos populations avec dévouement, que ce soit dans la vie publique ou au cours de leur carrière professionnelle. Le docteur Menichon fait assurément partie de ces personnes, tant les liens qu’il avait tissés avec nos familles étaient forts et inaltérables.
De 1957 et son installation à Albens à son départ en retraite en 1992, il a été le médecin de campagne aux multiples qualités, l’ami et le confident des familles, sachant partager autant les bonheurs que les peines, sachant être présent pour accompagner les personnes dans la détresse et le deuil, sachant aussi les réconforter dans ces épreuves tragiques.
De cette présence continue au milieu des patients sont nées d’indéfectibles amitiés et, bien sûr, un grand respect et une profonde affection pour le docteur Menichon. Il faisait partie des familles qu’il visitait à n’importe quelle heure du jour et de la nuit. Son arrivée en pleine nuit dans une maison était déjà synonyme de réconfort pour le malade ; le docteur Menichon arrivait et tout allait déjà mieux. Là, il était chez lui et on lui proposait toujours de partager la table. Homme humble et modeste, il aimait ces moments qui le rapprochaient encore plus des familles et, autour d’une assiette et d’un verre, avec son sourire bienveillant, il savait trouver les mots justes et rassurants pour évoquer la situation du malade, en toute simplicité et en toute franchise. En pleine nuit, au volant de sa voiture, il traversait alors un territoire très vaste, allant de la montagne de Cessens et de la Chambotte aux contreforts des Bauges, des Communes voisines de Haute-Savoie aux confins du bassin aixois, n’oubliant jamais la visite qu’il avait promise, peu importe l’heure ou les conditions météorologiques.
Henri Menichon était un docteur avec des diagnostics hors du commun. Connaissant les familles, il connaissait leurs pathologies génétiques et leurs faiblesses médicales. Il savait ainsi anticiper pour contrer les maladies. Avec son expérience et son bon sens, il a ainsi sauvé des vies comme, sans doute, peu l’ont fait. Homme au grand cœur, il apportait toujours une affection particulière à nos aînés, allant les visiter sur leur lit d’hôpital. Là, dans l’angoisse et parfois la détresse, le seul fait d’entendre la voix du docteur Menichon et de le voir à son chevet permettait de dissiper bien des inquiétudes et d’affronter la maladie avec plus de forces.
Il était comme cela notre Henri. Il exerçait sa profession avec cœur, discrétion et un amour de son prochain. D’ailleurs, il ne savait pas faire autrement. Encore ces dernières années, quand nous le rencontrions au sein de notre Commune, comme par exemple au sein de l’association des Anciens Combattants dont il était membre, il avait gardé sa véritable empathie, son sourire bienveillant et sa voix si chaleureuse. Aux personnes qu’il rencontrait, il demandait des nouvelles des enfants tout en se remémorant des moments passés avec les parents et les grands-parents, lui qui avait soigné et accompagné 4 générations sur les chemins difficiles de l’existence.
En 1992, l’annonce de son départ en retraite avait ébranlé notre Commune et notre territoire. Comment allions-nous faire sans lui désormais ? J’ai bien sûr ici une pensée pour le docteur François Parnot qui l’a remplacé, qui en était fier et qui a toujours gardé un profond respect pour lui.
Avec les membres du Conseil Municipal d’Albens, nous avions alors voulu lui remettre la première médaille d’honneur de la ville. Nous lui devions bien cela. Nous étions alors tous émus de voir partir en retraite ce cher ami pour lequel j’avais une grande affection depuis qu’il s’était publiquement engagé à mes côtés lors de ma première élection au Conseil Général de la Savoie en 1976. Je ne l’ai jamais oublié. Ce fut une soirée remplie d’émotion pour tous.
Maintenant, notre ami Henri est parti. Il nous reste les formidables souvenirs de cette personne hors du commun avec lequel nous avons tous connu au-moins un moment particulier au cours de notre vie.
Dans ses dernières volontés, il a souhaité reposer au cimetière d’Albens, au milieu de ses patients avec lesquels il avait partagé tant de bonheurs et de malheurs et avec lesquels il se disait « lié pour toujours ». Il ne quittera donc pas cette terre où il a tellement semé et ces liens fortement tissés continueront entre nous.
Oui, mon cher Henri, par-delà la mort, nous resterons tous unis à toi. Nous ne pourrons pas oublier tout ce que tu as fait pour nous pendant tant d’années.
A tes enfants, à tes petits-enfants, à ta compagne et à ta famille, je veux présenter nos plus chaleureuses condoléances. Nous sommes à leurs côtés dans cette terrible épreuve comme tu as été aussi souvent auprès de nous dans nos propres moments de tristesse. Des personnes comme toi ne meurent jamais réellement tant leur empreinte reste forte et indélébile là où elles ont servi, au service de l’humain.
Merci Henri pour tout ce que tu as fait pour la population à Albens et dans les Communes alentours pendant 36 ans. Merci pour tes paroles qui ont souvent su réconforter des cœurs blessés, inquiets ou perdus.
Nous ne t’oublierons pas. Repose en paix, tu l’as bien mérité.
Claude GIROUD
Vice Président
du Conseil Savoie Mont Blanc
Conseiller Départemental
de la Savoie