BTP
Après avoir subi quelques remous suites aux déclarations hasardeuses de la Ministre du Travail, le secteur de la construction a pu reprendre ses activités. Les deux organisations patronales majoritaires, la FFB (Fédération Française du Bâtiment) et la FNTP (Fédération Nationale des Travaux Publics) ont en effet dialogué avec le gouvernement et l’OPPBTP (Organisme Professionnel de Prévention du Bâtiment et des Travaux Publics) afin de mettre en place un guide de fonctionnement pour que les ouvriers puissent reprendre le travail en toute sécurité.
Chacun son rythme
de reprise
Les entreprises locales ont donc repris leurs travaux, mais à un rythme différent. La SATP a par exemple pu reprendre une activité complète dès le 6 avril. En effet, un travail préalable avait été effectué afin de pouvoir mettre en place le redémarrage dans les conditions nécessaires. De plus, face à une volonté commune des salariés de reprendre leur travail et des clients d’accord sur le principe, il était plus facile de fédérer tout le monde.
Du côté de chez Pinto, la reprise s’est faite le 14 avril, avec un effectif réduit. Au fil des jours, le nombre d’ouvriers ayant repris a augmenté jusqu’à ce qu’il ne reste plus qu’une personne, à risque face au virus, qui soit encore absente. Là aussi ce sont les préconisations de l’OPPBTP qui ont fait office de guide pour pouvoir reprendre sans risque majeur.
Même son de cloche sur le chantier du Parc Impérial à Rumilly où 15 salariés ont été volontaires pour reprendre le travail dès le 20 avril.
Les habitudes
doivent être changées
Les préconisations restent assez contraignantes pour les ouvriers sur les chantiers et couteuses pour les employeurs. En effet, la base vie doit maintenant être régulièrement nettoyée et désinfectée, ce qui implique soit de faire appel à une société de nettoyage, soit de demander à un salarié de le faire. De plus, la limitation du nombre de personnes dans l’endroit fait qu’ils ne peuvent s’y abriter tous ensemble en cas d’intempéries. S’il a fait beau au début de la reprise, les derniers jours, pluvieux, ont forcément posé un problème pour les plus petits chantiers.
Il a aussi fallu acheter des masques - non plus les FFP2 habituels dans la profession mais des masques filtrants à 90% - et du gel et équiper les ouvriers de gants. Ces derniers savent bien sûr que c’est pour leur bien mais porter un masque pour travailler dans ces conditions ne peut être agréable.
Les coûts peuvent quant à eux être répartis entre les différents acteurs. Laurent Bollard, gérant de la maçonnerie Pinto les estime en effet à 4 000€ par mois tout compris. Ce serait donc quelque chose de difficile à supporter pour une société seule, alors que le ralentissement de l’activité va forcément avoir des répercussions.
Sur le chantier du Parc Impérial, les préconisations prennent une toute autre mesure au vu de la taille de l’ouvrage. Les équipes ont ainsi dû être réorganisées afin d’éviter les contacts entre elles et les bases vie adaptées elle aussi. Ainsi, au lieu de travailler toutes en même temps dans le même bâtiment, trois équipes sont en alternance dans chacun des trois immeubles pour faire leurs tâches chacune à son tours. Alors que le projet était initialement de les construire une par une, elles monteront maintenant toutes au même rythme. Si, à première vue, ça ne parait pas spécialement être pénalisant, il faudra par exemple refaire leur étanchéité afin de les protéger des éléments pendant leur érection.
Quel avenir
pour le secteur ?
L’avenir se présente de manière assez floue pour le moment. En effet, le secteur du BTP a l’habitude d’être payé en décalé par rapport aux chantiers et ne subit donc pas encore le contrecoup de l’arrêt des activités. Celui-ci arrivera toutefois d’ici un mois et aura un impact sur la trésorerie des entreprises.
Un autre problème qui pourrait arriver plus tard concerne les commandes. Les entreprises que nous avons interrogées ont un carnet plein sur plusieurs mois et ne déplorent pour l’instant aucune annulation. Cependant, si l’activité économique venait à avoir du mal à redécoller, les incertitudes prendraient alors place.
Enfin, il est évident que les chantiers vont prendre du retard. Il y a eu plusieurs semaines d’arrêts, qui sont incompressible et les nouvelles normes font que le travail sera ralenti puisque moins d’ouvriers sont présents au même endroit. L’État a bien validé une ordonnance afin qu’aucune pénalité ne soit appliquée mais les coûts fixes vont eux augmenter. Pour les entreprises, cela créera aussi un décalage, entrainant un retard de livraison mais ensuite un retard dans le démarrage des nouveaux chantiers.
Pour un gros chantier comme celui du Parc Impérial, le problème se posera si un intervenant prend du retard. En effet, le suivant ne pourra pas démarrer en temps et en heure voulus et le retard s’accumulera donc encore plus. Un travail d’optimisation va donc être fait entre les différentes entreprises afin de diminuer au maximum les temps morts et d’optimiser les intervalles.
M. H-B