«C’est notre rôle d’investir pour l’avenir, pour les nouvelles générations»

Lecture 11 minute(s)

Président du Conseil Départemental depuis le 1er juillet 2021, Martial Saddier, fait le point sur sa première année de mandat, évoque ses priorités et aborde les perspectives pour les mois à venir. Il fait également un zoom sur les grands projets du territoire de l’Albanais, qu’il a souvent parcouru durant près de 10 ans.

Etes-vous satisfait de cette première année de mandat ? 

«Le sentiment général, c’est que ça bouge et que les gens ont de vraies réponses à leurs questions. C’est ma marque de fabrique depuis 27 ans : apporter une réponse juste, qu’elle soit positive ou négative. Un politique doit savoir dire oui mais doit aussi savoir dire non, il doit rester cohérent, car ce qui est insupportable pour les gens, c’est soit de ne pas avoir de réponse, soit de s’apercevoir que la réponse de l’élu à une même question est différente selon les interlocuteurs. J’ai également le sentiment, que les Haut-Savoyards comprennent mieux qu’avant à quoi sert l’Institution, ils savent aujourd’hui que le Département, c’est les collèges, les routes et toute l’action sociale, mais aussi le ski alpin, le ski de fond, l’agriculture, la pêche, la chasse, etc. Et je pense que la présence du président et des élus sur le terrain a été appréciée par les acteurs publics et privés ainsi que par le grand public. Aujourd’hui, les gens identifient et personnalisent l’Institution, ce qui n’était peut-être pas le cas auparavant car il y avait une culture d’ultra-discrétion un peu historique de la «maison»».

Avez-vous accompli la mission que vous vous étiez donnée, d’aller à la rencontre de chaque territoire et des principaux secteurs d’activité ?

«Je n’ai pas fait les 279 communes, mais je peux dire qu’il n’y a pas un bassin de vie ni un secteur d’activité qui ne m’a pas vu 2 ou 3 fois en 12 mois, avec mes vice-présidents. Toutes les politiques publiques ont été analysées, et les secteurs d’activités qui ont un lien direct ou indirect avec le Conseil Départemental se sont vus proposer de nouvelles propositions et de nouvelles formes de coopération. Notamment à travers le lancement des 9 plans dont je suis fier car il ne s’agit pas d’une action de communication, c’est du concret. Ces plans, vélo, nordique, alpin, pêche, chasse, lacs, ruralité, collèges et musique, nous les avons préparés et écrits avec les acteurs et les divers représentants qui, un an après, peuvent constater que ce n’était pas des paroles en l’air. Ils seront valables le temps qu’il faudra et si dans quelques années ils sont désuets, nous arrêterons tout et nous recommencerons. Je veux de la souplesse et de la flexibilité. En matière de politiques publiques, nous avons fait le job, nous sommes allés partout, nous avons conforté ce qui fonctionnait et très clairement arrêté ce qui ne fonctionnait pas. Nous avons réorienté l’aide du Département sur l’investissement, car c’est notre rôle d’investir pour l’avenir, pour les nouvelles générations».

Quelles sont vos actions prioritaires ?

«Le plan collèges est ma priorité absolue. Et même si comme tout le monde, nous sommes confrontés à la hausse de l’énergie, des assurances, au surcoût des appels d’offre, le milliard attribué aux collèges ne sera pas remis en cause. J’arrêterai peut-être d’autres choses, les finances sont tenues serrées, mais pour moi, ce plan collège est fondamental. Nous avons augmenté l’investissement dans les établissements de soins et notamment les établissements de soins psychiatriques, et augmenté notre participation sur la réhabilitation et la construction d’établissements de santé, notamment les EHPAD. Nous avons aussi dégagé d’énormes moyens matériels et financiers pour rattraper le retard chronique du Département concernant la prise en charge de la petite enfance en danger : en moyenne, il y a 1,5 arrêt de justice par jour en Haute-Savoie d’enfants qui sont retirés de la garde de leurs parents et qui, de par la Loi, deviennent sous ma responsabilité immédiate. Dès lors que la décision de justice est signée, je deviens en quelque sorte le père de l’enfant. Ensuite, en matière de priorités et d’avancées, il y a tous les plans, l’environnement, les projets routiers qui seront désormais systématiquement accompagnés de pistes cyclables, en sachant que tous les maillons routiers qui manquaient dans le département sont déjà en travaux ou seront démarrés pendant le mandat. J’attache aussi beaucoup d’importance à la politique évènementielle qui est une tradition ici, avec les Jeux Olympiques de Chamonix en 1924, les Championnats du monde de ski alpin à Chamonix en 1934, les Championnats du monde de cyclisme sur route en 1964 et 1980 à Sallanches, les Championnats du monde de VTT aux Gets en 2004 et 2022 et entre, une tripotée d’évènements sportifs mondiaux : escalade, biathlon, ski… La Haute-Savoie est une terre de gros évènements qui sont une sacrée opportunité pour les familles et les enfants et qui apportent une réelle dynamique et un élan formidable, sans parler de la retombée économique sur le tourisme et sur les filières industrielles comme le vélo qui est une filière d’avenir.

Concernant le ski de fond, nous avons exigé le gel des tarifs pour les forfaits familiaux et des collégiens en contrepartie des aides attribuées via le Plan Nordique. Je veux que la Haute-Savoie soit une terre où la culture et le sport restent accessibles à tous, y compris aux familles qui n’ont pas les moyens. C’est d’ailleurs pour cela que nous avons très fortement augmenté le soutien aux associations sportives et culturelles, notamment pour des activités gratuites».

A quoi ressembleront vos prochains mois?

«J’estime avoir à peu près fait 70% du travail. La première année, je me devais d’être partout mais durant les prochains mois, je serai moins présent sur le terrain car je souhaite me consacrer au budget 2023, aux gros évènements à venir, tout en accélérant et terminant le travail de remise en forme et en fonctionnement de l’Assemblée départementale tel que je le souhaite. Ces 30% restants, que je veux avoir terminés dès les premiers jours de 2023,  ne sont pas les plus faciles et vont nécessiter que j’y travaille assidument et en permanence car en tant que patron de la boutique, vis-à-vis de mes collaborateurs, je me dois d’être celui qui allume les lumières le matin et qui les éteint le soir».

Un mot sur la candidature aux Championnats du monde de cyclisme 2027 et sur le projet de vélodrome ?

«J’ai une close de confidentialité et je ne m’exprimerai plus avant la décision de l’UCI (Union Cycliste Internationale, NDLR) qui sera rendue le 22 septembre..Si l’on gagne, nous organiserons une conférence de presse où seront données toutes les informations et où la vérité sera rétablie  suite à toutes les erreurs voire horreurs qui ont pu être racontées sans connaissance. A ce moment-là les gens pourront se faire une opinion. C’est tellement facile que la minorité hurlante efface la majorité silencieuse sur un dossier où celui qui le porte ne peut pas s’exprimer. Ce que je peux dire, c’est que si l’on gagne, ce sera juste extraordinaire pour la France, pour la Haute-Savoie et que la majorité des Haut-Savoyards seront contents».

Comment se porte le SDIS (Service Départemental d'Incendie et de Secours) ?

«Un an après, je suis très satisfait du SDIS qui est totalement en ordre de marche, avec un nouveau directeur, un nouveau directeur adjoint, deux nouveaux lieutenants-colonels, une première femme nommée commandante de groupement, ce qui est inédit, et un nouveau médecin-chef. Le SDIS est donc aujourd’hui une machine complètement mise sur les rails, en lien étroit avec le préfet comme je le souhaitais et cela se passe très bien».

ZOOM SUR L'ALBANAIS

Quels sont les grands projets en cours pour le territoire de l’Albanais?

«Les projets de l’Albanais sont portés par Fabienne Duliège et Daniel Déplante qui sont deux conseillers départementaux très actifs et très présents à l’Assemblée départementale, avec des responsabilités importantes, l’une en tant que déléguée à la ruralité, l’autre en tant que président de la commission infrastructures routières, déplacements et mobilité, bâtiments, aménagement numérique».

Piscine intercommunale

«Nous suivons divers projets, notamment portés par les communes, comme la piscine intercommunale que le Département soutiendra à hauteur de 1 million d’euros : lors de ma tournée cantonale, j’ai encouragé les élus car c’est un véritable service à la population, notamment pour les scolaires, et c’est un formidable outil qui fédère un territoire. J’ai eu la chance de faire construire une piscine intercommunale à Bonneville et je peux assurer que ce genre de construction marque un territoire. Et j’estime qu’un décideur public doit mettre les moyens  pour répondre aux enjeux du savoir nager, tout comme le savoir rouler ou le savoir skier».

Collège Le Clergeon

«La reconstruction du collège Le Clergeon est probablement le dossier qui a le plus vite avancé en un an entre le Département et la ville de Rumilly : la reconstruction sur un nouvel emplacement va permettre d’éviter une restructuration sur site durant 4 ans, ce qui aurait été infernal pour tout le monde. Concernant l’avenir du site actuel de l’établissement, il sera remis à la commune qui l’aura à 100% entre ses mains. Puis vers la fin du mandat, nous engagerons la réhabilitation du collège d’Alby-sur-Chéran, notamment sa rénovation énergétique».

Station d’épuration

«Nous avons tout un volet environnemental sur la station d’épuration avec un gros projet de restructuration et l’accompagnement sur tout ce qui concerne les enjeux d’eau : tuyaux, réservoir d’eau potable et assainissement. Nous avons doublé le fonds eau et avons rendu la ville de Rumilly éligible aux aides du Département sur tous les enjeux d’eau et d’assainissement, car du fait de ses plus de 5000 habitants, elle ne l’était pas».

Déviation

«La Communauté de Communes Rumilly Terre de Savoie nous a écrit pour nous informer qu’elle relançait un projet d’étude sur la déviation, demandant que le Département soit associé au projet et j’ai donné mon accord. C’est donc Lionel Tardy, vice-président délégué aux routes, et Daniel Déplante, président de la commission infrastructures routières, qui ont été désignés. Mais nous n’en sommes qu’au stade de démarrage».

Modernisation voie ferrée

«La mobilité n’est pas tout à fait de notre compétence mais c’est un volet sur lequel j’ai confirmé au président de la Région l’attachement du Département à moderniser la voie ferrée Rumilly-Annecy. Nous avons reçu la nouvelle directrice régionale de SNCF Réseau pour lui annoncer notre engagement dans la rénovation de cette voie ferrée».

Centre de secours

«C’est décidé, le Département va vendre au SDIS la parcelle du CERD (Centre d’exploitation des routes départementale, NDLR), qui a été reconstruit à Vallières-sur-Fier, ce qui permettra d’agrandir la caserne afin que les pompiers aient de la place supplémentaire pour garer les véhicules, faire des manœuvres, stocker du matériel et éventuellement accueillir les Jeunes Sapeurs Pompiers ou les anciens».

Quel est votre rapport à ce territoire ?

«J’ai parcouru l’Albanais pendant 10  ans lorsque j’étais à la Chambre d’Agriculture, en suivant les exploitations arboricoles et l’horticulture parmi les nombreux producteurs de fruits et pépiniéristes. C’est un territoire qui a la particularité d’avoir une ville comme Rumilly, qui ressemble à Bonneville, ville dont je suis originaire et dont j’ai été maire. Elles sont de même taille, ont les mêmes caractéristiques de ville-centre et de ville très sociale et sont  deux bastions industriels. Sans oublier que nous avons eu une histoire commune avec la CPOAC, la Compagnie parisienne d’outillage à air comprimé, qui était installée à Bonneville et qui avait une antenne à Rumilly. L’Albanais est peu connu par le reste de la Haute-Savoie et les gens ne le savent pas mais c’est un territoire que je connais bien pour ne pas dire par cœur».

Publicité
Icone

Hebdo des Savoie

www.hebdo-des-savoie.fr

Ajouter à l'accueil