«C’est une vraie réussite, au-delà de nos attentes»

Lecture 7 minute(s)

Durant près d’un mois et demi, la programmation culturelle «Dans les pas d’Alexandra David-Neel» a mis en lumière cette personnalité fascinante du XXe siècle. A la fois exploratrice, écrivaine, spécialiste de l’Orient, tibétologue, féministe engagée, anarchiste et même chanteuse lyrique, Alexandra David-Neel est avant tout connue et reconnue pour avoir été la première femme occidentale, en 1924, à pénétrer dans la cité interdite de Lhassa, capitale du Tibet.

Une programmation inédite

Afin de célébrer le centenaire de son entrée à Lhassa et découvrir cette Française au parcours hors du commun, l’association rumillienne «Les Amis d’Alexandra David-Neel» et la Direction des Affaires Culturelles de la Ville ont co-construit une programmation inédite, riche d’animations et de rencontres dans divers lieux de la ville (cinéma, médiathèque, espace expo du Quai des Arts, etc.). Soirée du film tibétain, conférences grand public (animées par diverses spécialistes : tibétologue, ethnologue, biographe, conservatrice du patrimoine…) mais aussi en collège et lycée, exposition, escape game, soirée jeux, film documentaire, visite contée, pièce de théâtre… Il y en a eu pour tous les âges et tous les goûts.

Eric Thouly, président de l’association «Les Amis d’Alexandra David-Neel» dresse le bilan de cet évènement qui a permis de faire connaître celle qui a laissé derrière elle un héritage culturel, philosophique et historique exceptionnels.

Cette programmation culturelle est née d’une initiative citoyenne ?

«La genèse remonte à cinq ans. Martine Bourdy et moi-même avons été porteurs du projet mais au bout du compte c’est devenu un partenariat avec la Direction des Affaires Culturelles de la Ville. Durant plusieurs années chacun a apporté son expertise, son expérience, sa compétence, et dans nos animations, nous nous sommes très bien complétés».

Quel bilan faites-vous de cet évènement inédit ?

«Ce fut un évènement fédérateur rempli de moments de convivialité, de partages et d’échanges. De belles rencontres ont été faites durant un mois et demi. La boutique éphémère a très bien fonctionné, c’est un vecteur clé du succès car c’était un véritable QG (quartier général, NDLR) où nous aimions nous retrouver dans une ambiance chaleureuse. Les deux points forts sont la soirée de lancement qui a rassemblé de nombreux participants au cinéma avec la projection de deux films tibétains et une collation indienne partagée, puis la magnifique soirée de clôture avec la pièce de théâtre «Alexandra David-Neel, pour la vie…», et au milieu de multiples animations différentes et complémentaires. Nous avons dû plusieurs fois refuser du monde car nous affichions complet. C’est une vraie réussite, au-delà de nos attentes.»

Le public était principalement rumillien ?

«Les gens, issus de cercles différents, venaient d’un peu partout en Savoie et Haute-Savoie, et d’endroits auxquels nous ne nous attendions pas comme Cruseilles, Annemasse, Les Houches, Seyssel… Pas uniquement de Rumilly et de l’Albanais, et beaucoup d’Aix-les-Bains. Les passionnés étaient une minorité, la plupart des gens n’avaient jamais entendu parler d’Alexandra David-Neel qui a été une découverte pour l’essentiel du public. Faire connaître et faire rayonner Alexandra David-Neel à l’occasion de cet anniversaire, c’était vraiment notre objectif. Rien que pour les animations orchestrées par l’association, nous avons évalué quasiment 1 100 personnes en six semaines, ce qui est vraiment conséquent».

L’association projette l’organisation d’autres évènements ?

«Nous souhaitons organiser de futurs évènements sur d’autres personnalités très fortes… Je ne peux pas en dire plus pour le moment, mais nous avons quelques idées sur des formats peut-être plus courts».

Un dernier mot ?

«Nous sommes ravis, autant que les gens étaient ravis tel qu’ils nous l’ont témoigné. Nous ne sommes pas des spécialistes de l’évènementiel, mais la passion qui nous porte et nous anime a été bonne conseillère et nous espérons qu’elle le sera pour la suite».

 

Clap de fin en apothéose

Samedi 9 mars avait lieu au Quai des Arts la pièce de théâtre «Alexandra David-Neel, pour la vie…» de et avec Pierrette Dupoyet, dans une salle quasi-comble.

En avant-propos, le président de l’association «Les amis d’Alexandra David-Neel», Eric Thouly, a tenu à remercier les partenaires (Ville de Rumilly, Département de la Haute-Savoie, Direction des Affaires Culturelles, librairie-papeterie Les Mots en cavale, cinéma Les Lumières de la Ville), l’équipe de l’association et les bénévoles, et le public venu des quatre coins de la Savoie, de la Haute-Savoie et même bien au-delà. Eric Thouly explique que la date n’a pas été choisie au hasard entre le 8 mars, Journée internationale des droits des femmes, «de façon à rendre hommage à Alexandra David-Neel mais aussi à Marie-Madeleine Peyronnet, sa dame de compagnie et secrétaire durant les 10 dernières années de sa vie», et le 10 mars, 74e anniversaire de l’invasion du Tibet par la Chine. «Dans ce spectacle, Pierrette Dupoyet joue Alexandra David- Neel, Pierrette Dupoyet est Alexandra David-Neel» souligne Eric Thouly.

«N’ayez pas peur de la vieillesse, faites-vous en une amie»

La pièce, s’appuyant sur un fait avéré, prend place au secrétariat de l’état-civil de la mairie de Digne-les-Bains où Alexandra David-Neel vient faire renouveler son passeport à l’âge de 100 ans. En attendant le cachet, elle se remémore les moments forts de sa vie : ses premières fugues alors enfant, pour aller découvrir ce qui se passe ailleurs, son séjour en Angleterre pour apprendre l’anglais en vue de voyages lointains, sa carrière de chanteuse lyrique et son 1er prix de conservatoire lyrique en français, ses liens avec l’anarchiste Elysée Reclus, sa position de féministe d’avant-garde, son mariage à Tunis avec Philippe Neel en 1904, puis son départ, seule, vers les Indes en 1911 pour un voyage estimé à 18 mois qui ne la verra revenir qu’au bout de… 14 ans ! Elle apprend alors avec une grande facilité les langues orientales, dont le tibétain. La comédienne fait ensuite vivre sa rencontre avec le jeune Tibétain Yongden qui va devenir son fils adoptif et qui va lui permettre d’atteindre Lhassa, la capitale du Tibet interdit, fin février 1924, déguisés en mendiants.

Le spectacle s’est terminé sur la maxime «N’ayez pas peur de la vieillesse, faites-vous en une amie», devant un public conquis par la performance de la comédienne, lui faisant une véritable ovation. Pierrette Dupoyet a ensuite dédicacé ses livres dans le hall. «Le public est resté longtemps pour remercier les organisateurs de ces 6 semaines d’animations intenses qui ont permis de bien cerner cette femme extra-ordinaire, Alexandra David-Neel».

 

[[{"fid":"41137","view_mode":"default","fields":{"format":"default","field_file_image_alt_text[und][0][value]":false,"field_file_image_title_text[und][0][value]":false},"link_text":null,"type":"media","field_deltas":{"2":{"format":"default","field_file_image_alt_text[und][0][value]":false,"field_file_image_title_text[und][0][value]":false}},"attributes":{"height":412,"width":376,"class":"media-element file-default","data-delta":"2"}}]]

La comédienne Pierrette Dupoyet dans la peau d’Alexandra David-Neel. (© Les amis d’ADN)

Publicité
Icone

Hebdo des Savoie

www.hebdo-des-savoie.fr

Ajouter à l'accueil