«Chaque chantier est différent, c’est une première fois à chaque fois»
Photo : Claire Castelar
Il y a presqu’un an, nous avions rencontré Sabrina Jans, lauréate du concours national «101 femmes de Matignon» qui vise à mettre en lumière une entrepreneure par département français. Depuis, cette couturière, ébéniste formée à la marquèterie et tapissière d’ameublement, a ouvert son atelier-boutique à Annecy. Où en est-elle aujourd’hui ? Retour sur le parcours de cet artisan d’art qui vibre par la passion de son métier.
Un nouveau défi professionnel
Dans notre article du 28 mars 2024 («Sabrina Jans ou l’artisanat d’art sous toutes ses coutures»), cette Rumillienne originaire d’Annecy révélait avoir toujours été manuelle et créative, l’artisanat étant pour elle une véritable histoire de famille. Après avoir évolué durant 15 ans dans l’industrie textile (couturière, modéliste et patronier), Sabrina a ressenti le besoin de se recentrer sur le sens de sa vie, ses valeurs, ses envies et a décidé de se lancer un nouveau défi professionnel. Dotée d’un bac pro artisanat et métiers d’art et d’une licence professionnelle mode et textile, elle a choisi de renforcer ses compétences en se formant à l’ébénisterie en 2023 puis a obtenu un CAP tapissier d’ameublement en siège en juin 2024. Elle saisit alors l’opportunité de la reprise d’un local. Sa boutique «L’étoffe du confident» (dont le nom est autant un clin d’œil aux textiles, aux meubles - le confident étant un siège - qu’aux histoires confiées par ses clients) a ouvert ses portes mi-juillet rue d’Aléry.
«Ecouter les gens, leur histoire, leurs envies»
Au milieu des textiles et des meubles à restaurer, des objets d’époques différentes décorent l’intérieur de la boutique avec goût, dans un esprit de brocante. «J’adore tout ce qui est ancien, tout ce qui a une histoire». Parmi ces objets, Le regard de Sabrina se pose sur une boîte en bois en haut d’une étagère : «Une dame m’a donné cette travailleuse à couture qui a été fabriquée par un homme pour sa femme durant la guerre 39-45». D’autres histoires l’ont particulièrement touchée, comme celle d’une dame venue de Suisse pour lui confier le fauteuil dans lequel son père décédé s’installait tout le temps ou encore celle d’un veuf qui lui a commandé une housse de transport pour une œuvre d’art symbolisant sa femme et lui, afin de l’offrir à une personne chère au cœur de son épouse. «Il était très touchant, j’avais envie de pleurer avec lui».
«J’adore le mélange du moderne et de l’ancien»
A la fois tapissière d’ameublement, décoratrice et ébéniste, Sabrina propose des créations et restaurations, en alliant harmonieusement textiles et bois. «C’est un métier qui évolue, on ne fait plus tout à l’ancienne, il y a de nouvelles méthodes, de nouveaux matériaux». L'artisan d'art propose également des réparations d’ébénisterie. «Dernièrement, un monsieur m’a apporté son secrétaire dont la serrure a été forcée lors d’un cambriolage alors qu’il y avait la clé à côté». Au-delà de la mise à l’œuvre de son savoir-faire et sa créativité, elle aime «écouter les gens, leurs histoires, leurs envies, déceler leurs attentes et leur proposer des solutions adaptées avec parfois des astuces pour qu’ils paient moins cher». Beaucoup de ses clients veulent remettre au goût du jour du mobilier chiné ou un vieux meuble de famille, «ce qui tombe bien car j’adore le mélange du moderne et de l’ancien».
Le moteur de son quotidien ? Sa passion, la satisfaction des clients et le renouveau permanent : «Il n’y a jamais de routine. Chaque chantier est différent, c’est une première fois à chaque fois».
6 mois après, le bilan est positif : Sabrina Jans a réussi à se faire rapidement une clientèle et commence même à être débordée. «Tout mon planning est plein jusqu’à fin avril».
Ses projets ? Accorder plus de place à l’ébénisterie en créant des meubles et poursuivre son chemin, touchant toujours du bout de ses outils et de ses doigts l’étoffe d’un confident.