Chocapic bio s’ouvre à ses clients le temps d’une journée
Régulièrement pointé par Greenpeace pour l'effet qu'elle a sur la pollution, l'entreprise Nestlé semble enfin décidée à agir. Ou du moins, c'est ce qu'elle dit. C'est ainsi que pour la troisième « saison » ils ont ouvert les portes d'usines fabriquant leur produit. Rumilly a donc été choisie pour ouvrir la danse avec la visite programmée de la chaîne de production des céréales Chocapic, mais la version bio. Personne n'aura d'ailleurs manqué les deux silos, surplombant fièrement l'établissement, avec leurs lignes vertes et «bio» écrit en gros dessus. Le public doit savoir.
Toujours est-il que c'est dans un souci de transparence de la part de la marque que cet événement a lieu. Il faut en effet savoir qu'en réaction à la défiance actuelle des consommateurs envers l'alimentation industrielle, Nestlé effectue un travail non seulement sur ses produits mais aussi sociétal. Ils insistent en effet sur la nutrition et agro-écologie. L'effort fait en ce sens est tout de même à noter : sur les dix dernières années, les sucres ont été réduits de 30% dans leurs produits céréaliers, tandis que les céréales complètes prennent de plus en plus de place. De plus, l'huile de palme a été remplacée par l'huile de tournesol en raison des controverses récentes quant à son utilisation.
Nicolas Delteil, directeur général du département céréales de Nestlé pour la France et la Belgique, nous dira d'ailleurs que «l'huile de palme ne change rien nutritionnellement par rapport à l'huile de tournesol», signifiant que ce n'est que par rapport à l'impact environnemental. Rappelons tout de même que l'image de Nestlé avait souffert au début de l'année 2010 après un détournement de leur publicité pour Kitkat, insérant des doigts d'orang-outan à la place de la barre chocolatée.
Pour en revenir à la journée organisée par l'entreprise, un tirage au sort avait été effectué début juillet afin que des clients gagnent le droit de visiter la ligne de production et puisse même y participer. Nous avons donc pu les suivre au cours de cette visite, apprenant la manière dont sont fabriquées ces céréales, et plus particulièrement la gamme biologique.
Le blé vient donc de France mais aussi du Piémont, dans le cercle géographique le plus restreint possible. Les agriculteurs sont d'ailleurs accompagnés par l'entreprise dans leur évolution vers l'agro-écologie. Quant au meunier, il est situé à seulement 30 kilomètres de l'usine, permettant d'effectuer des trajets courts et ainsi réduire les émissions.
Cette usine est d'ailleurs d'une importance capitale pour l'entreprise. En effet, 50% de sa production est exportée (Europe, Moyen-Orient et Maghreb) alors qu'elle représente 98% des volumes de production de la filière céréalière française pour Nestlé.
Les céréales bio représentent 14% du marché en France, en termes de valeur, tandis que c'est 10% pour Nestlé. Ces nombres sont plus qu'honorables quand on réalise que seulement 7% des terres agricoles françaises sont exploitée en respectant les normes biologiques. Cependant, cela se voit reflété dans les prix tirés à la hausse (entre 30 et 50% plus cher pour nos Chocapic bio par rapport aux classiques).
A Rumilly, aucune ligne de production n'est totalement dédiée au bio. Si une ligne doit être utilisée pour fournir des céréales bio, elle sera nettoyée pendant 16 heures, sans qu'aucun produit chimique ne soit employé. Il est ainsi impossible qu'un produit non-bio se retrouve mélangé à un produit bio.
C'est pourquoi une ligne bio tournera généralement entre 12 et 16 heures afin de fournir suffisamment de produit avant de retourner sur la fabrication de céréales conventionnelles, qui durera entre 3 et 6 jours.
Quel que soit le type de céréale (standard ou bio), le processus est le même, seuls les ingrédients changent. Les ingrédients sont d'abord versés dans un mélangeur (qui se comporte comme un robot de cuisine géant) avant que la pâte soit transférée dans un extrudeur.
Là, la température monte quasi-instantanément à 140°C et la céréale prend sa forme définitive. Elle passe ensuite à l'enrobage, lui donnant sa couleur et son goûts si caractéristiques. Enfin, elle est refroidie, séchée et refroidie afin d'évacuer l'humidité et éviter la condensation. Pour éviter le gaspillage, les céréales ne pouvant être vendues pour diverses raisons sont déversées dans des sacs spéciaux et destinées à l'alimentation animale. Après la confiture, ce sont donc les céréales que l'on donne au cochons.
L'usine de Rumilly, appartenant à Cereal Partners France, elle même filiale de Cereal Partners World (association en Nestlé et General Mills, industriel américain), est le seul pôle biologique en Europe pour tout ce qui est produits céréaliers et petit-déjeuners. Cela montre que Nestlé reste concerné par l'amélioration de notre nourriture. Ainsi, les céréales Cheerios n'ont plus de gamme standard, tout est passé au bio. Ce qui a été une prise de risque de la part du fabricant s'est avéré être un pari gagnant vu que les ventes n'ont pas baissé. La France est d'ailleurs en avance sur le bio. Malgré moins de terres agricoles dédiées, la consommation y est plus élevée que chez ses voisins européens.
Par exemple, 50% des consommateurs actuels de chocapic bio n'ont commencé à acheter ce produit que grâce à l'apparition de la gamme. Et si, à l'heure actuelle, seulement 5% de la production est biologique, l'objectif est bien entendu d'augmenter cette part. Non seulement pour améliorer la part de marché (25% du céréalier et petit-déjeuner à l'heure actuelle) mais aussi par prise de conscience de la part des dirigeants. Par exemple, si les emballages sont les mêmes pour toutes les gammes, la transition se fait vers le tout recyclable, afin de ne pas faire porter la responsabilité au consommateur.