Christian Heison : «J’ai encore de l’envie et de l’ambition pour la ville»

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(Entretien réalisé le 30 août)

En cette période de rentrée, Christian Heison, maire de Rumilly et président de la Communauté de communes Rumilly Terre de Savoie depuis 2020, fait le point sur sa première moitié de mandat bien écoulée et sur les grands dossiers d’actualité dont les divers travaux qui devraient marquer les mois à venir.

L’unité de traitement de l’eau polluée aux PFAS sera-t-elle bientôt opérationnelle ?

«Les travaux d’installation de cette unité de traitement au charbon actif, louée pour une durée de trois ans, sont en bonne voie, selon le calendrier prévu. Les premières analyses devraient avoir lieu début octobre. Il s’agit d’un modèle innovant, d’une expérimentation, car à une telle échelle, soit 5 millions de litres d’eau traités par jour, c’est une première en Europe. Théoriquement, cela devrait fonctionner mais personne à ce jour ne peut le garantir. Si cela fonctionne bien, nous retrouverons une certaine autonomie pour alimenter les habitants en eau potable, en baissant considérablement l’apport du Grand Annecy dont nous aurons encore besoin mais dans de moindres quantités. Si cela fonctionne moyennement bien, il faudra analyser les taux pour voir si on est au-dessous des normes ou si on est encore un peu au-dessus. Et si cela ne fonctionne pas du tout, ce qui a tout de même peu de chance d’arriver, je ne sais pas… Ce serait catastrophique».

Y a-t-il d’autres contaminations potentielles, notamment sur le maraîchage ?

«Nous avons été plutôt rassurés, lors de la conférence des élus au mois de juin, sur la partie alimentaire autre que l’eau, notamment le maraîchage. Car, première bonne nouvelle de ce dossier, les analyses faites sur les oeufs et sur les légumes du territoire ont globalement mené à une présence de PFAS, comme partout en France, mais qui n’atteignent pas des seuils aussi élevés qu’à Pierre-Bénite, où la commercialisation a été stoppée et où il a été demandé de ne plus consommer certains aliments. Nous n’en sommes pas là du tout».

«L’évolution de l’urbanisation ne ressemblera pas à celle de ces dix dernières années»

La suspension des permis de construire pourrait-elle se poursuivre en 2024 ?

«Nous attendons les résultats des analyses de l’eau qui tomberont mi-octobre. Ils seront déterminants, car nous n’allons pas relancer les permis de construire pour de nouveaux logements si l’on n’est pas certains de pouvoir alimenter les habitants en eau potable. En parallèle, le PLUi (Plan local d'urbanisme intercommunal, Ndlr) avance, nous avons bientôt la conférence des maires pour commencer à définir les tendances à venir sur l’urbanisation. Il faut stabiliser, temporiser, sans pour autant tout bloquer. A l’évidence, l’évolution de l’urbanisation ne ressemblera pas à celle de ces dix dernières années».

Comment avance le projet de centre aquatique intercommunal ?

«Nous avons commencé à travailler sur les budgets, les emprunts, les recherches de financement. Le premier semestre 2024 sera notamment consacré aux choix des matériaux de construction, auprès des entreprises, en tenant compte des influences énergétiques. Le permis de construire devrait être déposé, si tout va bien, à l’automne 2024 et les travaux devraient démarrer début 2025 pour une durée de dix-huit mois minimum. Il faut espérer que la piscine actuelle, en phase terminale, tienne jusque là, afin qu’il y ait une continuité entre les deux. A priori elle devrait tenir jusqu’à l’été 2025…»

«Les bâtiments scolaires sont loin de correspondre à l’ambition de transition énergétique»

Qu’en est-il de la gestion des bâtiments communaux que vous souhaitez vertueuse ?

«Notre schéma directeur immobilier est une merveille. Nous savons désormais quels travaux vont être entrepris dans tel ou tel bâtiment, quels sont ceux dont nous allons nous séparer, etc. Les bâtiments scolaires sont loin de correspondre à l’ambition de transition énergétique. Nous avons effectué divers travaux, notamment de façade, de désimperméabilisation des sols des cours et nous allons attaquer la rénovation énergétique de l’école Léon Bailly sur deux années, sans doute l’un des projets emblématiques du mandat, avant de poursuivre avec d’autres».

Et les bâtiments communaux dont vous avez prévu de vous séparer ?

«Plastorex deviendra un lieu d’implantation de petites et moyennes entreprises qui ont besoin de se développer. La Maison de l’Industrie et de l’Innovation pourrait également intégrer ce dispositif. Nous allons lancer un appel à projets avant la fin de l’année, en collaboration avec le CAE (Comité d’Action Economique Rumilly-Alby Développement, Ndlr). L’objectif est de se séparer de ce bâtiment, que l’on a fait vider, avant la fin de l’année. Concernant le Gymnase du Château, nous sommes en discussion sur la destination de l’AGA Gymnastique, pour pouvoir replacer cette activité dans un autre gymnase. Et nous allons démolir le bâtiment dit Grandpierre en 2024, où devait initialement être construite la recyclerie qui finalement sera implantée ailleurs, dans un bâtiment déjà existant».

En début d’année, vous évoquiez l’état très dégradé des voiries. Qu’en est-il aujourd’hui ?

«Face à ce constat, nous avons élaboré un schéma directeur des voiries. Le premier bilan fait état d’une urgence en matière de sécurité routière, avec la nécessité d’une intervention rapide de la collectivité à certains endroits, sur au moins 20% des voiries, pour écarter toute responsabilité en cas d’accident. Le reste concerne pour moitié la rénovation de chaussées qu’il faut retoucher en profondeur et pour autre moitié les couches de surface. Les travaux devraient démarrer dès 2024.».

«L’objectif final est de retrouver un boulevard urbain à quatre voies»

A quand les travaux visant à fluidifier le trafic sur la rocade ?

«Nous allons attaquer nos deux ronds-points, l’un au niveau de Gamm Vert et l’autre de Supeco. Le premier coup de pioche est prévu au printemps prochain, pour des travaux d’une durée de six mois pour l’un et neuf mois pour l’autre. Ce sera un gros chantier, il faudra bien s’organiser car on ne peut pas couper complètement la circulation. L’objectif final est de retrouver un boulevard urbain à quatre voies. L’idée serait ensuite de faire la même chose au niveau du Boxing Club et au niveau de l’accès à Moye, ce qui permettrait de supprimer les feux de circulation de Marigny-Saint-Marcel jusqu’au rond-point cacahuète».

Les travaux dans le coeur de ville avancent bien ?

«Pour des raisons de malfaçon, nous avons dû reprendre des travaux au bout de la rue Montpelaz (Côté Quai des Arts, Ndlr) et en avons profité pour y intégrer de la végétalisation. La place Sainte-Agathe, dont les travaux s’achèveront en fin d’année, va être un bel endroit. Nous allons prochainement démarrer la rue des Ecoles, l’Ilot des Tours puis le parking silo avec un premier coup de pelle au printemps 2024 et la pose de la première pierre l’été suivant ».

Au sujet des parkings, certains stationnements sont passés en durée limitée à 30 minutes ?

«Nous avons décidé d’expérimenter le stationnement courte durée près du Quai des Arts. En l’espace d’un mois, cela a eu une influence directe et un effet positif pour certains commerces, ceux destinés aux achats rapides. Pour les autres, comme les coiffeurs par exemple, c’est plus gênant. Il faudra donc équilibrer pour ne pénaliser personne».

«Le sujet de création d’une brigade de soirée est plus que d’actualité»

Un petit mot sur la Police municipale ?

«La Police municipale a beaucoup de travail. Forts de l’expérience que nous avons tirée des émeutes de début juillet et de ce qui se passe régulièrement, le sujet de création d’une brigade de soirée est plus que d’actualité. Nous pensons que c’est le moment. Elle pourrait fonctionner jusqu’à minuit-une heure du matin. Comme beaucoup de villes, nous sommes touchés par la recrudescence du trafic de stupéfiants. Ce serait à la fois sécurisant pour les habitants et dérangeant pour les délinquants. Cette brigade de soirée devrait être opérationnelle d’ici l’été 2024».

Dans quel état d’esprit êtes-vous pour la suite ?

«Compte-tenu du contexte particulier et de toutes les difficultés accumulées durant ce mandat, je suis très satisfait du travail que l’équipe et les services ont conduit pour réussir à sortir tous ces projets. Certains se termineront sous ce mandat, d’autres seront à cheval sur la fin et le début du prochain. Ayant été présent à la pose de la première pierre, est-ce que j’aimerais être présent à l’inauguration ? La réponse est oui».

Cela signifie-t-il que vous êtes déjà prêt pour un prochain mandat ?

«J’y songe sérieusement, je pense trouver les forces pour continuer. D’abord pour voir l’aboutissement de ce que nous avons entrepris puis pour proposer d’autres choses. J’ai encore de l’envie et de l’ambition pour la ville. Quant aux autres, ceux qui ne repartiront pas, ils le savent déjà».

Un dernier mot, pour les habitants ?

« Je souhaite la meilleure rentrée possible à l’ensemble des habitants, même si je sais qu’elle est complexe et pour certains très difficile, au vu du contexte général. Je pense que la situation sociale et économique n’est pas propice à une grande joie ni à l’idée que la sortie du tunnel est proche et que demain sera formidable. Nous devons être encore plus exigeants dans nos actions pour accompagner ceux qui en ont besoin, et nous sommes également présents aux côtés de la jeunesse qui est notre leitmotiv depuis le premier jour du mandat ».

Propos recueillis par Claire Castelar

 

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