Christian Heison : la machine est lancée
Si la Communauté de Communes s’est installée au début de l’été, on en a surtout entendu parler récemment avec les sorties des deux camps minoritaires à la mairie de Rumilly, protestant contre ce qu’ils considèrent être un manque de visibilité.
Nous avons donc été à la rencontre de son président, Christian Heison, afin qu’il nous explique ce qui a été fait mais aussi ce qui est à faire au sein de Rumilly Terre de Savoie.
Nous sommes fin-octobre, au niveau de la Communauté de Communes on en est encore à faire des votes pour installer le président de l’office de tourisme. Pourquoi est-ce aussi long ?
Alors c'est très très long cette année. Ça n'a pas été long malheureusement que pour la Communauté de Communes Rumilly Terre de Savoie, ça a été long pour des structures, des villes et des agglomérations de toute la France, parce que, contrairement à d’habitude, ces élections se sont déroulées à la fin du mois de juin et au début du mois de juillet dans des conditions qu'on connait, avec la période estivale, où effectivement tout le monde a eu besoin de partir en vacances.
Donc on a vraiment recommencé notre activité habituelle à partir du mois de septembre. Finalement on retrouve ce mois et demi de mise en place comme on aurait pu le trouver au mois d'avril ou de mai où, en général, à mi-mai toutes les collectivités sont en ordre de marche.
D'où cette année un peu particulière de retard dans la mise en place et l'organisation de nos structures. Mais si on enlève les mois d'été, on retrouve effectivement les temps habituels de mise en place des collectivités, qui sont quand même un peu ralenties par le covid parce que rien n'est simple, les réunions sont un peu plus compliquées à organiser, à gérer. Donc on a ça aussi qu'il faut prendre en ligne de compte.
Vous avez affirmé que les commissions ont commencé à travailler très tôt, qu'elles sont déjà sur le quai. Sur quels dossiers ont-elles déjà avancé ?
Les commissions commencent à avoir des ordres du jour assez chargés. Mais avant de pouvoir les faire travailler sur des sujets particuliers, il faut aussi que l'exécutif et que les réunions de bureau puissent se mettre en ordre de marche et puissent apporter du grain à moudre et des visions particulières. Donc là, dans la mise en œuvre et l'organisation de nos structures, on avait inscrit un terme particulier pendant la campagne en disant qu'on voulait faire bouger les lignes. Et c'est ce qu'on est en train de faire en termes d'organisation notamment.
Puisqu'à la Communauté de Communes on avait jusqu'ici, et ça a fonctionné jusqu'ici, des réunions d'exécutif avec le président et les vices-présidents, des réunions de bureau avec l'ensemble des maires et le troisième étage de la fusées, c'était les conseils communautaires. Aujourd'hui, nous avons enlevé un étage de la fusée et diminué un étage du millefeuille. C’est-à-dire qu'on n'a plus de réunions de l'exécutif et de réunions de bureau, c'est une réunion qu'on appelle le bureau exécutif.
C'est très efficace parce que ça diminue par deux le nombre et le rythme des réunions. En plus on a, à l'intérieur de cette structure, à la foi les gens en responsabilité et en mission à la Communauté de Communes, le président et les vices-présidents, et l'ensemble des maires. Ça permet d'avoir une force stratégique de vision extrêmement puissante puisque d'un seul coup on peut mettre sur les rails des projets extrêmement importants.
Et de cette structure là, ont émergé plusieurs dossiers importants qu'on mettra sur la table d'ici la fin de l'année et ensuite sans doute des interrogations des communes sur l'avenir et les orientations stratégiques à mettre en place sur la Communauté de Communes tout au long du mandat.
Quels sont les dossiers prioritaires ?
Ils sont de plusieurs natures. L’un est essentiel, c'est les transports et les déplacements, qui est quelque chose qui a été révélé à la fois pendant la campagne électorale et au quotidien. Ça sera géré sous la forme de gestion de projets.
C'est un peu différent de la gestion habituelle que l'on connait. Il y a un chef de projet, une équipe de projet, un comité de pilotage, un comité technique, qui va regrouper une partie des élus de l'ensemble des 17 communes. Donc des gens qui auront à travailler sur ces sujets là seront pris dans les communes qui ont un intérêt particulier à travailler sur les transports et les déplacements. Et bien sûr dans ces communes il y aura la ville de Rumilly, mais pas que. D'autres, les communes qui sont situées à l'entrée de notre territoire, sont effectivement concernées par ces flux de déplacements. Et puis bien sûr, seront associés à ce gros projet le Conseil Départemental, parce qu'il a une connaissance parfaite des flux et une capacité se projeter dans le temps s'il y en avait besoin…
Est-ce que ça sous-entend que la déviation peut ressortir des cartons ?
En tout cas ça peut être le fruit de ce groupe de projet. En disant qu'il y a besoin d'une infrastructure majeure sur votre territoire et que l'emplacement idéal de cette infrastructure est plutôt à cet endroit là.
Christian Monteil ayant déjà affirmé être prêt à écouter, est-ce qu'il ne serait mieux d’accélérer les choses avant qu'il ne parte ?
Déjà on ne sait pas quand il va partir puisque les élections départementales et régionales ne sont pas d'actualité.
Mais on peut comprendre que ces groupes de travail permettront assez rapidement à toutes les structures - peut-être l'État aussi, qui a a son mot à dire - de déterminer dans les premiers mois de 2021 des grandes stratégies d'organisation et les engagements des uns et des autres dans la vision de ces flux et des infrastructures majeures à moyen ou plus long terme.
Voilà un vrai beau sujet mais il y a aussi la thématique des déplacements doux qui font part belle dans les réflexions et les volontés. Là aussi je pense qu'on aura des visions très concrètes et très pratiques, notamment sur les pistes cyclables et les pistes de circulation piétonne. On aura sans doute des choses extrêmement intéressantes à dire à cet endroit là. Non pas dans des stratégies de schéma qu'on mettra quatre ou cinq ans à travailler mais sur des réalisations très concrètes de tronçons de déplacements doux et sécurisés.
Déplacements toujours, est-ce que vous avez déjà réfléchi à la stratégie à mettre en place quand la voie ferrée sera fermée ?
Je pense très sincèrement, avec les informations que l'on a aujourd'hui, qu'il est urgent de travailler sur d'autres sujets. Je crois que la vision de la fermeture de la voie ferrée, malheureusement, chaque fois qu'on passe six mois, c'est presque un an de plus que prend ce projet là.
Le moment venu, on travaillera dessus de manière importante mais aujourd'hui les feux ne sont pas complètement au vert pour qu'on dépense toute notre énergie sur ce sujet. On fait tout ce que l'on peut pour accélérer ce processus mais aujourd'hui je crois que la vision du calendrier réel de la fermeture n'est pas encore connue du tout de manière précise.
Le dernier point sur les transports, ça c'est une réalité qui fonctionne extrêmement bien, le transport collectif J'y Bus est une réussite totale.Ça fonctionne tellement bien qu'on a des réflexions aujourd'hui où on se demande si on continue à le développer sur la ville ou si on s'autorise à aller chercher des chefs-lieux bourgs comme Vallières, Marcellaz, Sales… Quel est l'organisation et l'optimisation de ce circuit là dès demain ? Sur quoi va-t-on travailler ? Est-ce qu'on conforte le circuit sur la ville ou est-ce qu'on commence déjà à tirer des lignes sur les communes bourgs ?
C'est comme l'agriculture, intensif contre extensif ?
C'est un petit peu ça. Mais c'est aussi partager un service que tout le monde a financé, puisqu'on se rappelle que le transport collectif à Rumilly a aussi été financé par l'ensemble des communes rurales. Peut-être que demain on aura un vrai besoin. Il ne faut pas le faire pour le faire, il faut faire une analyse réelle de l'intérêt d'étendre les lignes sur les communes bourgs. S'il n'y a pas de fréquentation, c'est dépenser de l'argent pour un affichage politique, ce qui n'est pas l'objectif. Et puis on a toujours l'intérêt de pouvoir le faire à titre d'expérimentation. Comme nous sommes gestionnaires à 100% de la structure, on peut la développer de la manière dont on veut, surtout pour répondre aux besoins réels des habitants.
Sur un autre sujet, la piscine intercommunale…
La transition est faite puisque c'est le deuxième grand sujet.
La piscine intercommunale fera l'objet de cette gestion. La ville de Rumilly a besoin d'informations sur la pérennité de sa structure actuelle puisqu'elle arrive sur beaucoup de besoins techniques : pompes, étanchéité, etc. Il y aura des investissements très lourds à faire dans les prochaines années.
En 2021, il faudrait qu'on puisse savoir si cet équipement a une durée de vie à l'endroit où il est ou si le choix est fait de réhabiliter à cet endroit. Dans ce cas là, on lancera des investissements mais il faut qu'on puisse lever le doute. Il faut qu'on se demande si on fait une piscine intercommunale ou non. Et si on le fait, à quel endroit on le fait. On doit se poser ces questions très rapidement, dans les six ou huit mois à venir.
Une piscine intercommunale correspondrait aux besoins : les gamins du territoire vont apprendre à nager à Aix-les-Bains. En termes de développement durable, d'économie et d'attractivité du territoire, on peut peut-être trouver d'autres formules.
Tout le monde sait ma position sur le sujet, ça fait plus de dix ans que je le défends becs et ongles. L'endroit où cette infrastructure majeure se déposera, je pense que dans le courant de l'année 2021, peut-être même avant l'été, on aura des réponses importantes. On ne part pas d'une feuille blanche, on a trois cartons d'archives donc on va pouvoir avancer vite.
Un autre projet peut-être un peu plus large, qui recoupera ou pas le sujet de la piscine, c'est l'aménagement du plan d'eau. On peut se demander pourquoi ça tombe comme ça, tout simplement parce que la Communauté de Communes, sur l'environnement du plan d'eau et de la base de loisirs - terme qui n'est d'ailleurs pas adapté parce que ce n'est pas qu'un plan d'eau ni une base de loisir à proprement parler.
Il faudra qu'on trouve la mesure de cet espace naturel sensible et la Communauté de Communes a déjà engagé beaucoup d'investissements sur ce secteur là. Le gymnase du collège a couté un peu plus de 5M€ à la Communauté de Communes, qui a également financé la passerelle qui relie Boussy à Rumilly. C'est beaucoup d'argent, une petite dizaine de millions d'euros que la Communauté de Communes a déjà ou a l'intention d'investir sur cet endroit. L'idée c'est de se demander ce que va devenir ce grand ensemble d'espace naturel sensible. Ça rejoint d'autres questions qu'on a eues pendant l'été, sur la qualité d'eau du plan d'eau, sur la Ligue de Protection des Oiseaux qui est présente, sur des choses qui sont entreposées en sous-sol depuis très longtemps. On a un grand chantier à ouvrir et on sait que c'est un diamant brut qui est aujourd'hui positionné sur ce territoire et il se trouve qu'il est très exactement au centre de votre Communauté de Communes. Toutes les communes ont a dire sur ce sujet puisque c'est un endroit extrêmement important et stratégique. C'est de la gestion participative de projet collectif. Chacun a son idée mais on a quelques fils conducteurs extrêmement forts : on veut préserver cette image d'espace naturel sensible et en même temps on se dit qu'il y a des choses étonnantes à cet endroit là, comme le stockage de matières sensibles inertes.
En ce qui concerne la pollution, ça fait trois mois que des spécialistes travaillent dessus et on est à la veille d'en connaitre l'origine.
Est-ce que vous pouvez présenter la nouvelle organisation que vous avez mise en place ?
Elle est extrêmement intéressante. On est partis sur la base que l'intercommunalité n'est pas du tout l'organisation d'une commune. Tout simplement parce que les gens qui viennent représenter une partie du territoire sont déjà des gens qui sont responsables des exécutifs locaux - je parle des maires notamment - donc ce n'est pas tout à fait la même organisation et on a besoin de ce regard très aguerri et très averti des maires dans l'organisation opérationnelle et stratégique du quotidien. Plus on rapproche les maires du cœur du réacteur et plus on est efficaces, rapides, on gagne en fluidité et en actions et en délais.
Tous les 15 jours, on réunit l'ensemble de l'exécutif de la Communauté de Communes, au sens très large du terme : tous les gens qui sont responsables d'exécutif dans leur secteur et qui peuvent travailler sur un projet commun. Si 16 maires sur 17 ont des responsabilités spécifiques, les 17 ont validé les grands thèmes et les grands projets à organiser.
Les maires travaillent en binôme avec les vices-présidents, ça fonctionne très bien puisqu'on est toujours plus intelligents à deux que tout seul, et ils sont intégrés dans la visin stratégique et opérationnels au quotidien de l'intercommunalité. Il y a ensuite un lien très direct entre l'exécutif local et les décisions prises à l'intercommunalité. Il faut une interaction permanente.
C'est pas la Communauté de Communes qui réfléchit pour tout le monde, c'est tout le monde qui réfléchit ensemble sur le projet de l'intercommunalité. Ça change un peu la vision des choses, ça peut bousculer.
D'ici à la fin de l'année, on va essayer de comprendre comment l'intercommunalité est perçue, commune par commune. C'est un sujet de mise en perspective de stratégies potentielles à réaliser pendant le mandat mais ça me parait extrêmement important.
Est-ce que votre nouvelle recrue servira entre autres à faire comprendre aux gens à quoi sert la Communauté de Communes ?
Oui, évidemment. On sait que pour travailler à ces sujets, il y a au moins deux niveaux d'échelons qui sont importants. Tout d'abord les DGS (directeur général des services), qui ont des réunions toutes les semaines. Il y a une interaction dans les projets donc tous les DGS, y compris les secrétaires de mairies, sont interrogés par ce travail là.
Pour la partie suivi politique au sens large du terme, le directeur de cabinet, c'est exactement son travail.
Est-ce qu’il y a d’autres projets qui vont sortir ?
Un CIAS (Centre Intercommunal d’Action Sociale), pour les gens ça peut ne pas forcément parler mais c'est une puissance et une force que l'on veut apporter sur l'ensemble du territoire, quel que soit l'endroit qu'on habite. Il y a quelque chose qui est irremplaçable, c'est l'action de l'élu de terrain. C'est lui qui sait le mieux ce qu'il se passe chez lui et auprès de ses habitants. C'est lui qui peut lancer une alerte de quelque nature que ce soit.
Mais derrière, il nous faut une réponse puissante. Cette puissance est sur notre territoire, dans les différents services qu'on peut aménager. L'idée c'est de pouvoir apporter cette énorme ressource de réponse à tous les sujets, à tous les soucis.
Il y a un dernier chantier qui prendra sans doute plus de temps, mais qui est extrêmement structurant pour les collectivités, c'est l'environnement des ressources humaines. Aujourd'hui, tous les systèmes fonctionne de manière un peu indépendante : fiches de paye, gestion du personnel, avancement… Si on fait un parallèle avec le privé, on est à des années lumières. L'idée collective serait de mutualiser les choses. On pourrait faire un service central de fiches de paye par exemple.
Finalement, ça fait en trois mois, si on enlève juillet et août, deux trois trucs assez sympathiques.
Il y a eu des recours qui ont été déposés. Vous avez affirmé qu'ils avaient été déboutés ?
On nous a expliqué dans un premier temps qu'il fallait suivre la loi rien que la loi. Puis dans un deuxième temps qu'il fallait intégrer une portion de minorité à l'intercommunalité. Mais il n'y a pas de minorité à la Communauté de Communes. Le maire de Crempigny-Bonneguête est tout seul à représenter sa commune. Il en est fière mais à lui tout seul c'est déjà une minorité.
La Communauté de Communes c'est justement l'assemblage de l'ensemble des minorités qui travaillent au service d'un projet collectif.
Aujourd'hui, tous les recours qui ont été faits sur ce calcul de répartition minoritaire ont été déboutés par la Préfecture qui disait qu'il n'y a pas cette notion d'intégration des minorités. Peut-être qu'il le faudrait, je n'ai pas d'avis sur le sujet, mais en l'état actuel ce n'est pas le cas.
Il faut vite qu'on sorte de cela pour rentrer dans les sujets. Aujourd'hui on l’a vu, tous les recours sont purgés, les gens sont à l’endroit où ils doivent être pour travailler sur les sujets. Travaillons sur les sujets, je pense que les Rumilliens et les habitants du territoire attendent des réponses.
La démocratie locale est garantie par les lois de la République donc quand on les respecte, on est en bon esprit.
Qu'est-ce que vous pensez de la fusion des communes ou de l'absorption par l'agglomération d'Annecy ?
Le Grand Annecy, à l'initiative de Frédérique Lardet, a organisé une rencontre des six EPCI qui font le grand bassin d'Annecy il y a quelques jours. Cette rencontre a été extrêmement intéressante, on n'a parlé à aucun moment de fusion, d'absorption, de rapprochement…
On a parlé des grands sujets qui touchent les habitants de ce grand bassin. Les problèmes sanitaires aujourd'hui, les problèmes économiques, les problèmes de déplacements.
Sur tous ces sujets, j'ai envie qu'on mette en place des groupes de travail pour avancer.
On n'a pas parlé une fois de fusion, les gens connaissent ma réponse. On est sur des réponses aux questions d'aujourd'hui plutôt que sur des sujets qui nous séparent et nous divisent.
Qu'est-ce que vous pensez de la rumeur qui vous vit comme député dans deux ans ?
J'ai dit au dernier conseil municipal de Rumilly que je ne suis plus dans cette réflexion là. Je n'ai aucune limite dans mes perspectives et député m'aurait sans doute intéressé il y a quelques années mais ça n'est plus à la hauteur de mes ambitions. Les mêmes pensaient que j'allais être sénateur et ils sont sans doute extrêmement déçus et j'ai peur qu'ils le soient à nouveau aux prochaines législatives. Mais, à la prochaine présidentielle, je n'ai pas dit non.