Christian Monteil : «On est victimes de notre succès !»
C’est quasiment une institution ! Chaque année, en septembre, le président du Conseil départemental, Christian Monteil, réunit la presse locale pour faire le point sur les grands dossiers qui mobilisent les services départementaux de la Haute-Savoie. Un rendez-vous pour donner la température d’un département qui ne semble souffrir d’aucune maladie visible.
Un développement difficile à maîtriser
Car, en ouverture de cette conférence de presse, Christian Monteil a voulu insister sur la bonne santé de «son» département. Avec un taux de chômage limité à 6,6% (contre 6,8 en Savoie, 7,9 sur la région et 8,9 sur l’ensemble de la France), la Haute-Savoie peut s’enorgueillir de se situer à la quatrième place des départements à la plus faible fiscalité (hors Paris), et à la première place sur le front des investissements.
Reste que, avec 11 à 12 000 habitants et quelque 2 000 voitures supplémentaires par an, la Haute-Savoie semble avoir des difficultés à maîtriser son développement. «On est victimes de notre succès», reconnait le président pour qui la limite a déjà été franchie. Ce qui pose nombre de problèmes de logement, de transports, et d’environnement. «La Haute-Savoie peut continuer à se développer si elle donne des gages de protection de l’environnement. On est sur une ligne de crête !».
Menaces sur l’institution
«La remise en question des départements, c’est presque maladif en France, quels que soient les gouvernements !».
Une fois de, plus, le pouvoir semble, selon le président Monteil, vouloir mettre les départements en coupe réglée. Ce qui n’est pas du tout du goût du «patron» de la Haute-Savoie. «Après la mise en place de régions élargies, après les effets de la réforme territoriale et les intercommunalités agrandies, s’il n’existe plus l’échelon départemental, il manquera quelque chose».
Ce qui chagrine le président, c’est la mise sous tutelle financière des départements contraints à limiter l’augmentation de leurs dépenses de fonctionnement à 1,2% par an, sous peine de pénalités. «Quand on met en face une augmentation de 1,3% de la population, quelle solution ?».
Il n’empêche que la Haute-Savoie devrait pouvoir supporter cette contrainte. Mais «ce qui nous déplait, c’est le cadrage qu’on nous impose, alors que c’est l’Etat qui devrait être vertueux. Le déficit est au niveau national, pas départemental !».
La vertu des cantons
Naturellement, le président Monteil a eu à cœur de rendre un hommage appuyé à la fois à ses collègues élus (y compris ceux d’opposition) et à l’ensemble des agents des services départementaux.
Et surtout, il a voulu rendre aux cantons et à ceux que l’on appelait avec un brin de condescendance les «cantonniers» la place qui leur revient. «Le canton a été ringardisé alors que c’est la proximité !».
Aujourd’hui, le conseil départemental poursuit à la fois une politique sociale et une politique d’investissements : voiries, collèges, gérontologie, déplacements, etc. Et Christian Monteil n’envisage pas de ralentir. «Ce n’est pas parce que j’ai dit que je ne me représenterai pas qu’il faut négliger l’avenir », annonce-t-il. Car, dans trois ans, il ne devrait pas être candidat à sa succession. «Mais la succession, j’y mettrai un peu mon nez !».