Christine et Didier Brunet quittent l’Alpage de l’Abbaye
120 chèvres et 29 a n n é e s de présence dans cet alpage !
Le conseil d’exploitation du Semnoz organisait cette semaine passée, une réception en l’honneur de cette famille Brunet (les parents et la fille Emilie), qui a effectué sa dernière saison en 2023, à l’alpage de l’Abbaye.
Ils fabriquaient du fromage, et ont décidé d’arrêter pour différentes raisons : la retraite d’une part, mais aussi les difficultés de gestion de l’alpage avec la sur-fréquentation de visiteurs : randonneurs, VTT, etc…
Fabienne Duliège, vice-présidente, en charge de l’agriculture à l’agglomération du Grand Annecy leur rendait un vibrant hommage pour toutes ces années de vie d’alpagistes au Semnoz.
Les connaissant depuis 1989, lorsqu’elle était conseillère au syndicat caprin de Haute-Savoie, il lui a été facile de retracer leur histoire d’éleveurs démarrée à Serraval en 1987.
Cependant, une maladie grave ayant atteint leur troupeau qui finira à l’abattoir sans indemnités, ils auraient pu baisser les bras… mais… c’était sans compter sur leur détermination et leur passion par l’élevage de chèvres. «Alors vous rebondissez et reconstituez un nouveau troupeau quelques mois après.» Et en 1993, ils s’installeront à Alex suite à la construction d’une chèvrerie, fromagerie et habitation.
L’alpage faisant partie intégrante du système d’exploitation qu’ils ont choisi, la famille Brunet démarre ainsi sur l’alpage de Praz du feu à Serraval, un alpage bien rudimentaire sans électricité ni eau !
Et c’est en 1995 qu’elle découvre l’alpage de l’Abbaye au Semnoz. Ils deviennent ainsi les premiers alpagistes à monter avec des chèvres à l’abbaye ; il n’y avait à l’époque pas de bâtiment d’élevage, ni de fromagerie, et l’habitation était vétuste !
Le Semnoz n’était pas ce qu’il est aujourd’hui !
En 2000, il a été décidé de construire une chèvrerie, ainsi qu’une fromagerie pour améliorer les conditions de travail et le confort des chèvres.
En 2011 la décision est prise de rénover le chalet d’habitation. Les travaux ayant du retard la famille est logée dans un bungalow pendant tout l’été ! «C’est une expérience ! L’impression d’être en vacances !» dira Didier. Puis tout rentre dans l’ordre en 2012, avec la création d’un joli magasin de vente.
Leurs filles, Marie et Emilie, ont eu la chance de vivre et de grandir à l’alpage 4 mois par an ;
«Vous avez su leur transmettre la passion de l’agriculture et le sens du travail ! c’est ainsi qu’elles se sont associées dans votre GAEC familial. Marie me rappelait que vous aviez eu une période de «casse-croute à la ferme» assurée par vos trois filles. Vous avez de beaux et bons souvenirs de ces 29 années en famille.» leur dira la vice-présidente du Grand Annecy.
Dès 1995, Didier assurait l’engagement de la convention d’occupation de l’alpage qui stipulait le gardiennage d’une centaine de génisses. «Ton sérieux, ton savoir-faire et ton oeil d’éleveur aguerri a fait que tu n’en n’as jamais perdu une seule, même si elles partaient un peu loin.» soulignera Fabienne Duliège.
Fabienne Duliège soulignait en substance que «les conditions de cohabitation et de partage de l’espace se sont détériorées ces dernières années : VTTistes, randonneurs, drones, parapente, feux d’artifice… ont rendu l’exercice du gardiennage difficile voire parfois humainement compliqué… avec du ras-le-bol à certains moments…»
Et c’est ainsi qu’une page se tourne : Christine et Didier Brunet ont décidé de ne plus monter au Semnoz à partir de l’été 2024 !
Fabienne Duliège rappelait aussi : «Votre famille a été un acteur important sur le Semnoz. Avec le Groupement pastoral de l’Abbaye et le soutien de l’AFP, de la SEA de Haute-Savoie, le SIPAS puis le Grand Annecy, les équipes techniques de la station vous avez largement contribué à l’entretien de l’alpage, à retrouver de la surface de pâturage. Vous avez fait un travail exemplaire, vous avez toute la reconnaissance des acteurs de cette montagne et comme me l’a dit Cédric Dussolier vous allez manquer !» (Cédric Dussolier est président du Groupement pastoral)
Mme Duliège terminait son discours en souhaitant à Christine et Didier Brunet, une bonne continuation avec ces mots «L’ensemble des membres du conseil d’exploitation du Semnoz se joignent à moi pour vous remercier pour ces 29 années passées sur ce beau Semnoz, pour l’avoir fait vivre et donner une belle image du monde agricole en montagne.» et en souhaitant à leur fille Emilie de poursuivre son activité dans les meilleures conditions.