Cinq ruches près du cinéma
On ne le voit jamais, bien à l’abri qu’il est depuis dix ans sur la propriété « Tolone » près des rives de la Néphaz, à quelques dizaines de mètres de la Place de l’Hôtel de Ville. Et pourtant, depuis 2009, le rucher urbain de Rumilly, le premier en Haute-Savoie, abrite cinq ruches dont les occupantes n’ont pas comme mission que la seule production de miel. Car les abeilles ont un rôle primordial à la fois dans les productions végétales et, plus largement, dans la survie de la plupart des espèces. On estime, en effet, que 80% des espèces végétales dans le monde, et une proportion encore supérieure de la production des espèces cultivées en France, dépendent directement de la pollinisation assurée par les insectes, dont une très grande partie par les abeilles.
On ne le voit jamais, ou pas souvent, ce rucher. Et pourtant, il est un outil pédagogique important qui permet de faire comprendre aux jeunes générations, et peut-être à leurs ainés, la nécessité de préserver la biodiversité, même dans nos villes, et de respecter la nature le mieux possible.
Déménagement nécessaire
Une richesse, donc que ce rucher urbain. Mais, dans les mois à venir, le terrain sur lequel les ruches sont installées va devenir un espace à urbaniser, et les cinq ruches doivent déménager. Une opération un peu délicate… Car il faut, naturellement, préserver leurs habitantes. Et cela après un hiver catastrophique 2018 où tous les essaims ont été perdus. Une perte que nombre d’apiculteurs ont subie en France et sur les raisons de laquelle les spécialistes travaillent aujourd’hui. Et si deux essaims ont pu être récupérés au printemps dernier, les populations d’abeilles sont encore très fragiles (il n’y aura pas de récolte de miel cette année, ni l’année prochaine !).
Et, par ailleurs, il faut trouver un emplacement où les abeilles puissent développer et renforcer leurs colonies en toute sécurité par rapport aux rumilliens. Et des normes précises d’installation d’un rucher urbain doivent être respectées.
Les ruches vont donc être installées tout près (enfin à bonne distance quand même) du cinéma « Les lumières de la ville », en bordure du Chéran dans un espace clos bien en vue de tous, abritées sous un toit couvert de « tavaillons* ». Ce rucher est actuellement en cours de finition et les abeilles devraient s’y installer dans les prochains jours, après une période de relative désorientation au cours de laquelle est devront apprendre à retrouver leur chemin. Au printemps prochain, les trois ruches vides devraient accueillir de nouveaux essaims.
A protéger !
A la vue de tous, cette fois, les abeilles continueront leur travail de pollinisation des végétaux voisins (fleurs, cultures et arbres fruitiers), en rappelant à chacun qu’il est nécessaire, indispensable, de préserver la biodiversité.
Pour gérer et entretenir le rucher urbain, deux membres du Syndicat d’apiculture de la Haute-Savoie, André Berlioz et Jean-Claude Decarre, interviennent régulièrement, et bénévolement sur place.
Mais, plus que jamais aujourd’hui, la bonne santé et la tranquillité des insectes dépendent de nous tous.
Le rucher, bien en vue, protégé par une clôture, devra être respecté par tous… naturellement !
*Précision à l’attention des «monchus» et autres ignorants des mots du patois savoyard, les tavaillons sont des tuiles de bois qui recouvrent, traditionnellement, les chalets de montagne.